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Une relance par l’offre afin de consolider les pépites de notre industrie de défense




Publié par Paul Malo le 10 Août 2020

Les députés Benjamin Grivaux et Jean-Louis Thiériot ont partagé les conclusions de la mission flash qui leur avait été confiée quant au rôle de l’industrie de défense dans la politique de relance.



Une condition sine qua non de notre souveraineté

La crise économique touche aussi notre industrie de défense, et peut donc nuire à son indépendance. Comment attirer les capitaux et éviter que des puissances étrangères ne s’offrent à bas prix des « pépites » stratégiques ? Les députés Benjamin Grivaux et Jean-Louis Thiériot viennent de dévoiler le résultat des auditions menées dans le cadre de leur mission « flash » sur la place de l’industrie de défense dans la politique de relance. Comment soutenir concrètement celle que l’on surnomme la BITD, Base Industrielle et Technologique de Défense, constituée de pas moins de 4.000 entreprises et représentant environ 200.000 emplois ?

Comme le rappellent hors de tout esprit partisan les deux députés LR et LREM, « le maintien d’une industrie de défense autonome constitue une condition sine qua non de notre autonomie stratégique, c’est-à-dire de notre souveraineté »Gare donc, en premier lieu, aux abandons de commandes. Face à une « industrie en souffrance », pas question de « faire des Armées la variable d’ajustement budgétaire de cette crise, comme cela a pu être parfois le cas par le passé. (…), explique Benjamin Griveaux, « contre tout décrochage par rapport à la LPM, que ce soit dans son exécution ou dans son actualisation, prévue pour 2021. En quelques mots pour résumer : ni exécution "au rabot", ni actualisation "au rabais". Il s’agit, bien au contraire, alors que la France, l’Europe et le monde traversent une crise sans précédent, de faire en sorte que l’État se serve de l’industrie de défense comme d’un levier important dans le cadre du plan de relance ». Pour autant, concrètement, le Fonds européen de défense (FED) - de 13 milliards d’euros initialement - a été récemment réduit à 7 milliards d’euros, lors du dernier sommet européen, réduisant d’autant les montants dont l’industrie de l’armement hexagonale pourrait bénéficier.

Créer un fonds largement doté pour investir dans les actifs stratégiques

Afin d’éviter un effet dit de « falaise », les auteurs de ce rapport plaident, tout en évitant « la liste du père Noël » au bénéfice des Armées, pour des investissements tous azimuts : second porte-avions à propulsion nucléaire, achat anticipé d'une vingtaine de Rafale, reconstitution des stocks de munitions et de pièces de rechanges, actuellement "très bas", ainsi que des investissements dans le spatial de défense. Ce rapport parlementaire plaide pour la relance par l’offre, également synonyme de consolidation de notre industrie. « Soyons réalistes, estime Jean-Louis Thiériot. Si nos PME sont durement frappées par la crise et, pour beaucoup, au bord du dépôt de bilan, c’est aussi parce qu’elles sont trop petites ; beaucoup plus petites, par exemple, que celles du fameux Mittelstand allemand. Et même nos grands groupes, sont-ils si "grands" ? Airbus, certainement ; mais les autres ? Un Naval Group, un Dassault ou un Nexter sont loin d’avoir la taille critique de leurs concurrents américains ou chinois ».

Et en l’absence d’investisseurs français, les entreprises clés, les PME innovantes de la BITD pourraient bien devenir les proies sans défense de fonds étrangers. Pour le député LR rapporteur de ce texte, « avec la crise, le risque est très clairement que des investisseurs étrangers, non-Européens, viennent "faire leur marché" dans les pépites de notre industrie de défense. Même si les mécanismes de contrôle ont été renforcés récemment, il ne suffit pas de dire à une entreprise qu’elle ne peut pas avoir accès à des capitaux étrangers. Encore faut-il lui proposer une alternative ». Pour faciliter l’accès aux capitaux, le duo d’élus proposent donc de créer un fonds « largement doté - abondé le cas échéant par l’État au titre du plan de relance - avec pour spécialité l’investissement dans les actifs stratégiques » .



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