L'éolien questionné, y compris chez les écologistes
Contrairement à une idée trop souvent répandue, les anti-nucléaires, par exemple, ne sont pas forcément des pro-éoliens. Un large courant écologiste et anti-nucléaire accuse les hélices de saboter les paysages ruraux, de favoriser le défrichage des forêts et de contribuer à la "bétonisation" des espaces naturels. Mais au-delà des passions que ce débat peut déchaîner, la question centrale posée à l'éolien est celle de son rapport coût/efficacité. Sur le sujet, il est très difficile de se faire une idée précise tant les comparaisons sont biaisées : la comparaison des coûts entre l’éolien et le nucléaire n'est par exemple pas réellement pertinente. En effet, le nucléaire est d'une part l'énergie la plus subventionnée de France, D'autre part, il encore impossible d'estimer le coût complet "cycle de vie" d'une centrale nucléaire, incluant donc son démantèlement et le recyclage des déchets radioactifs. En effet, s'il est possible d’évaluer le coût de l’installation d’un parc éolien jusqu’à son démontage, sans oublier les dépenses en matière de recherche et développement; il est beaucoup plus difficile de mesurer celui de la construction d’une centrale jusqu’à sa destruction. Et pour cause, à l’heure actuelle, aucune centrale n’a été "recyclée" intégralement. Même celle de Brennilis dans le Finistère, inactive depuis 1985, demeure une sorte de cadavre industriel, dont les autorités ont peine à se débarrasser. Ce qui limite largement la pertinence de la comparaison.
Quoiqu'il en soit, un rapport de la Cour des Comptes de 2012 laissant déjà entendre que le nucléaire ne serait pas si compétitif que cela, avec un prix moyen estimé de 57 euros le MWh contre 69 euros pour l'éolien terrestre. Une différence ténue, amenée d'ailleurs à évoluer : avec des centrales vieillissantes, le MWh nucléaire va être de plus en plus cher, tandis que sont développées des éoliennes de plus en plus performantes. Au prix d'un simple changement des éoliennes, une même ferme éolienne pourrait par exemple voir sa puissance multipliée à l'avenir, ce qui est inenvisageable sur une centrale nucléaire.
Le développement du parc éolien
Au niveau européen, l’objectif est de réduire en 2030 de 40% les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux années 1990. En France, depuis le Grenelle de l’environnement, organisé en 2007, et face à la lutte contre le changement climatique et l’accroissement de la dépendance énergétique, l’objectif est la production de 23% d’énergies renouvelables d’ici 2020.
Pour autant, si l’éolien est considéré comme écologiquement préférable, les inconvénients pour produire de l’électricité sont encore nombreux. La question de la dépendance météorologique demeure problématique. En particulier, l'éolien terrestre est jugé relativement peu performant, en plus d'avoir été décrié pour les systèmes opaques de subventions avec les collectivités locales. Aussi, l’énergie éolienne est dite « intermittente » c’est-à-dire qu’elle fonctionne de manière « non prédictible ni contrôlable, ce qui entraîne de fortes variations de puissance ». En clair, l'éolien ne peut fonctionner seul mais, dans une optique de développement durable, il doit être associé à des sources d'énergie complémentaires : solaire, géothermie, hydroélectricité, biomasse...
Le développement du offshore : une solution durable ?
Mais la solution ne serait-elle pas de développer l’éolien au large des côtes ? C’est en tout cas l’idée défendue le 15 et 16 mars 2017, à Marseille au cours du forum mondial de l’éolien offshore flottant. Ce modèle d’installation pourrait être un des éléments de l’avenir de la production d’énergie. En effet, l’installation des éoliennes sur l’eau est, selon Pauline Le Bertre, déléguée générale de France Energie Eolienne, plus pertinent car le vent y est plus fort et plus régulier « en mer, une éolienne c’est 6 à 8 mégawatt tandis que sur terre, une éolienne c’est 2 à 3 mégawatt » . En France, plusieurs projets vont, dans les prochaines années, voir le jour. En Normandie, en 2021, par exemple, un parc de 75 éoliennes installées à 10 kilomètres des côtes, va permettre de couvrir la consommation électrique annuelle moyenne de près de 630 000 personnes, soit 40% des habitants de Basse-Normandie. En région PACA, sur les bords de la Méditerranée un parc « test » de 3 éoliennes, permettra pour 2021, d’alimenter environ 40 000 habitants en électricité (hors eau chaude et chauffage). Loin des côtes et en s’assurant de la pertinence du secteur d’implantation (vent fort et régulier, à l’écart des routes maritimes et des périmètres de pêches), l’éolien offshore permettrait la production d’énergie propre, à un coût économique et écologique bien inférieur et beaucoup moins sujet à variation future que le nucléaire ou même le gaz.
Les détracteurs de l'éolien off-shore argue qu'il est encore difficile d’évaluer les effets de la présence des éoliennes sur l’écosystème marin. En effet, peu d’études s’y intéressent, et la relative nouveauté des installations ne permet pas d’avoir le recul nécessaire sur les effets produits. Pour autant, deux entreprises, Nuon et Shell ont commandé une étude pour évaluer l’impact du parc éolien au large d’Egmond aan Zee au Pays-Bas. Les conclusions sont étonnantes : « le parc offshore a stimulé la biodiversité, affirme Han Lindeboom, professeur d’écologie marine. Les mâts des éoliennes et les pierres disposées autour forment un “substrat solide” qui, en peu de temps, a été colonisé, notamment par des moules, des algues, des anémones de mer et des crabes. Les chercheurs ont dénombré 37 espèces d’animaux benthiques (vivant sur le fond de la mer) ». Aurait-on (enfin) trouvé une piste pour système de production d’énergie économiquement et écologiquement viable ? Il restera toujours la question de l'impact paysager. Mais pour cela, c'est plutôt du côté des hydroliennes qu'il faut chercher des réponses techniques.
Contrairement à une idée trop souvent répandue, les anti-nucléaires, par exemple, ne sont pas forcément des pro-éoliens. Un large courant écologiste et anti-nucléaire accuse les hélices de saboter les paysages ruraux, de favoriser le défrichage des forêts et de contribuer à la "bétonisation" des espaces naturels. Mais au-delà des passions que ce débat peut déchaîner, la question centrale posée à l'éolien est celle de son rapport coût/efficacité. Sur le sujet, il est très difficile de se faire une idée précise tant les comparaisons sont biaisées : la comparaison des coûts entre l’éolien et le nucléaire n'est par exemple pas réellement pertinente. En effet, le nucléaire est d'une part l'énergie la plus subventionnée de France, D'autre part, il encore impossible d'estimer le coût complet "cycle de vie" d'une centrale nucléaire, incluant donc son démantèlement et le recyclage des déchets radioactifs. En effet, s'il est possible d’évaluer le coût de l’installation d’un parc éolien jusqu’à son démontage, sans oublier les dépenses en matière de recherche et développement; il est beaucoup plus difficile de mesurer celui de la construction d’une centrale jusqu’à sa destruction. Et pour cause, à l’heure actuelle, aucune centrale n’a été "recyclée" intégralement. Même celle de Brennilis dans le Finistère, inactive depuis 1985, demeure une sorte de cadavre industriel, dont les autorités ont peine à se débarrasser. Ce qui limite largement la pertinence de la comparaison.
Quoiqu'il en soit, un rapport de la Cour des Comptes de 2012 laissant déjà entendre que le nucléaire ne serait pas si compétitif que cela, avec un prix moyen estimé de 57 euros le MWh contre 69 euros pour l'éolien terrestre. Une différence ténue, amenée d'ailleurs à évoluer : avec des centrales vieillissantes, le MWh nucléaire va être de plus en plus cher, tandis que sont développées des éoliennes de plus en plus performantes. Au prix d'un simple changement des éoliennes, une même ferme éolienne pourrait par exemple voir sa puissance multipliée à l'avenir, ce qui est inenvisageable sur une centrale nucléaire.
Le développement du parc éolien
Au niveau européen, l’objectif est de réduire en 2030 de 40% les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux années 1990. En France, depuis le Grenelle de l’environnement, organisé en 2007, et face à la lutte contre le changement climatique et l’accroissement de la dépendance énergétique, l’objectif est la production de 23% d’énergies renouvelables d’ici 2020.
Pour autant, si l’éolien est considéré comme écologiquement préférable, les inconvénients pour produire de l’électricité sont encore nombreux. La question de la dépendance météorologique demeure problématique. En particulier, l'éolien terrestre est jugé relativement peu performant, en plus d'avoir été décrié pour les systèmes opaques de subventions avec les collectivités locales. Aussi, l’énergie éolienne est dite « intermittente » c’est-à-dire qu’elle fonctionne de manière « non prédictible ni contrôlable, ce qui entraîne de fortes variations de puissance ». En clair, l'éolien ne peut fonctionner seul mais, dans une optique de développement durable, il doit être associé à des sources d'énergie complémentaires : solaire, géothermie, hydroélectricité, biomasse...
Le développement du offshore : une solution durable ?
Mais la solution ne serait-elle pas de développer l’éolien au large des côtes ? C’est en tout cas l’idée défendue le 15 et 16 mars 2017, à Marseille au cours du forum mondial de l’éolien offshore flottant. Ce modèle d’installation pourrait être un des éléments de l’avenir de la production d’énergie. En effet, l’installation des éoliennes sur l’eau est, selon Pauline Le Bertre, déléguée générale de France Energie Eolienne, plus pertinent car le vent y est plus fort et plus régulier « en mer, une éolienne c’est 6 à 8 mégawatt tandis que sur terre, une éolienne c’est 2 à 3 mégawatt » . En France, plusieurs projets vont, dans les prochaines années, voir le jour. En Normandie, en 2021, par exemple, un parc de 75 éoliennes installées à 10 kilomètres des côtes, va permettre de couvrir la consommation électrique annuelle moyenne de près de 630 000 personnes, soit 40% des habitants de Basse-Normandie. En région PACA, sur les bords de la Méditerranée un parc « test » de 3 éoliennes, permettra pour 2021, d’alimenter environ 40 000 habitants en électricité (hors eau chaude et chauffage). Loin des côtes et en s’assurant de la pertinence du secteur d’implantation (vent fort et régulier, à l’écart des routes maritimes et des périmètres de pêches), l’éolien offshore permettrait la production d’énergie propre, à un coût économique et écologique bien inférieur et beaucoup moins sujet à variation future que le nucléaire ou même le gaz.
Les détracteurs de l'éolien off-shore argue qu'il est encore difficile d’évaluer les effets de la présence des éoliennes sur l’écosystème marin. En effet, peu d’études s’y intéressent, et la relative nouveauté des installations ne permet pas d’avoir le recul nécessaire sur les effets produits. Pour autant, deux entreprises, Nuon et Shell ont commandé une étude pour évaluer l’impact du parc éolien au large d’Egmond aan Zee au Pays-Bas. Les conclusions sont étonnantes : « le parc offshore a stimulé la biodiversité, affirme Han Lindeboom, professeur d’écologie marine. Les mâts des éoliennes et les pierres disposées autour forment un “substrat solide” qui, en peu de temps, a été colonisé, notamment par des moules, des algues, des anémones de mer et des crabes. Les chercheurs ont dénombré 37 espèces d’animaux benthiques (vivant sur le fond de la mer) ». Aurait-on (enfin) trouvé une piste pour système de production d’énergie économiquement et écologiquement viable ? Il restera toujours la question de l'impact paysager. Mais pour cela, c'est plutôt du côté des hydroliennes qu'il faut chercher des réponses techniques.