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Arméniens en péril




Publié par Daniel Monforte le 16 Octobre 2023

Les échos des montagnes du Haut-Karabakh résonnent avec les récits d’une tragédie oubliée, où les pierres portent les stigmates de l'effacement ethnique et culturel. C'est dans cet univers chaotique que Daniel Monforte nous emmène, explorant chaque couloir obscur de l'histoire, de la politique et des tragédies humaines qui ont marqué cette région disputée. Daniel Monforte, également auteur du perspicace "Comprendre l'imbroglio syrien" publié chez VA Éditions, possède une maîtrise exceptionnelle des intrications géopolitiques qui façonnent les conflits au Moyen-Orient et au-delà. Dans cet article il décortique minutieusement les fils de la catastrophe humanitaire, politique et culturelle que les Arméniens ont endurée, éclairant les zones d'ombre que le monde a souvent choisi d'ignorer.



            Une guerre éclair, et la capitulation sans conditions d’un État indépendant depuis une trentaine d’années seulement, sonnent le glas d’un projet politique national : la république d’Artsakh sera officiellement dissoute le 1er janvier prochain. Le président de cette République autoproclamée, Arayik Harutyunyan, a été arrêté par les forces azerbaïdjanaises. Stepanakert, l’ancienne capitale, va redevenir simple chef-lieu de région azerbaïdjanaise. Et pour finir, conséquence humaine, plusieurs centaines de milliers d’Arméniens auront fui le pays pour parachever l’épuration ethnique.
            Tenter de comprendre ce qui s’est joué au Haut-Karabakh depuis la poussée militaire azérie le 19 septembre dernier ne fera pas l’économie d’un rappel rapide de l’Histoire de ce peuplement. Si la mémoire collective, relayée par les écrits des hommes, permet cette pérennité d’un savoir qui transcende la brièveté de nos pauvres vies individuelles, le pauvre mortel pourra toujours se nourrir de Strabon ou de Pline lancien. Toute trace aura peut-être bientôt disparu, mais ces montagnes furent bien, et depuis toujours, occupées par les Arméniens. Avec l’acte final du projet politique turco-azéri, une banale guerre de conquête territoriale et de peuplement, nos prochaines générations auront bien vite oublié qu’ici vécut précédemment un autre peuple.

            Ces terres difficiles d’accès à l’extrême-est du pays chrétien ont été l’objet de convoitises récurrentes. Plus encore que la vallée en contrebas, constituant le gros du territoire arménien, l’Artsakh a été conquis et occupé par les Perses, les Ottomans sunnites, la Russie orthodoxe… Sans oublier et pour finir, par la Russie encore, mais cette fois devenue communiste.
            Cette dernière permit longtemps le gel des velléités azérie et turque voisines, de massacrer la minorité arménienne en raison de son insoumission et de sa foi chrétienne. Car le conflit actuel entre Azéris et Arméniens ne peut se comprendre sans remonter a minima au mouvement autonomiste arménien qui voit le jour vers 1880.
            Ce foyer chrétien, cette communauté mal intégrée à lest du territoire anatolien, apparaît comme une menace à lunité de lEmpire ottoman. Plus d’autonomie est inacceptable pour Constantinople, qui réprime très violemment le projet indépendantiste entre 1894 et 1896. Quatre-vingt mille Arméniens auraient été massacrés en ce premier temps. En 1915, la Première Guerre mondiale est ensuite une opportunité saisie, le paravent d’une épuration ethnique. Les chrétiens de cette petite partie des terres ottomanes sont la cible. Exécutions de masse, enlèvements denfants pour conversion forcée à lislam, fuite des survivants dans des conditions ou l’exil s’avère aussi meurtrier que résister à l’oppresseur, font que la population arménienne est, après la guerre, amputée des deux tiers. L’alliance avec les empires allemands, austro-hongrois et avec l’Italie, la complaisance des puissances de l’ouest, dont la France, occupées à guerroyer sur leurs propres terres, la complicité de la minorité kurde sur place, ont rendu possible cette macabre opération.

            Les tueries ne s’arrêtent pas complètement avec la fin de la guerre mondiale. Elles continuent le temps de la révolution russe. Cette épuration ethnique n’est comprimée définitivement que par la victoire soviétique. Depuis Moscou, Lénine dessine les nouveaux tracés des conquêtes de la révolution. Soucieux de faire correspondre les peuples aux entités territoriales qui les administrent, il intègre les montagnes de l’Artsakh à la République socialiste soviétique d’Arménie en juin 1921. Mais localement, le Parti communiste caucasien revient sur la décision de Moscou. Le 4 juillet en Géorgie, la province du Haut-Karabakh obtient le statut particulier dautonomie au sein de la République socialiste soviétique de lAzerbaïdjan. Des mots que tout cela, rien que des mots. Des mots pour voiler la réalité crue d’un territoire coupé d’Erevan. L’acteur très influent au niveau local qui permet cela est un Géorgien, Joseph Staline. L’accès plus aisé depuis Bakou capitale de lAzerbaïdjan que depuis Erevan celle de lArménie est le critère avancé pour justifier le renoncement à l’unité ethnique et religieuse des hommes. Il y aura désormais au milieu de l’Azerbaïdjan cette enclave chrétienne isolée dans les montagnes. Mais qu’importe pense-t-on à l’époque puisqu’un an et demi plus tard, tout ce beau monde est devenu soviétique. L’objectif est d’inventer et construire ensemble une nouvelle nation moderne et prometteuse, l’URSS dont le terreau sera cette nouvelle religion commune, le socialisme. Sous cet idéal, les conflits territoriaux, ethniques et religieux n’ont plus aucun sens. L’utopie durera soixante-dix ans.
            En 1988, un nouveau projet casse brutalement le gel des conflits oubliés. Une nouvelle utopie politique, la perestroïka. Avec cette promotion de la démocratie libérale à l’occidentale, les républiques immédiatement périphériques de la Russie soviétique torpillée de l’intérieur se souviennent subitement de leurs nationalismes d’antan, contraints au sommeil. En réalité les peuples n’oublient jamais que jadis, ils constituèrent une nation. La perestroïka, féconde de ces retours en arrière meurtriers, en a été la désolante démonstration. La décision n° 1409-I du Soviet suprême de l’URSS le 3 avril 1990 offre aux Républiques socialistes membres « le droit de décider elles-mêmes de rester en URSS ou de se séparer de l’Union, ainsi que de soulever la question de leur propre statut juridique étatique. » Ce nouveau droit sans garde-fou est aussi blanc-seing à la guerre. Il ravive avec lui les rancœurs et les haines enfouies au fond des mémoires depuis les années 1920-21. Les Arméniens expriment leur désir de retrouver une unité, d’Erevan à Stepanakert. La réaction azérie ne se fait pas attendre. Du point de vue de Bakou, cest une non-reconnaissance de ses propres frontières. Un casus belli majeur. Sa répression est sans pitié. L’Azerbaïdjan s’engage le premier vers l’indépendance. Le Conseil suprême la décrète le 30 août 1991, rentrée dans la loi le 18 octobre suivant. De fait, les Arméniens de l’Artsakh ne sont plus soviétiques, ils sont devenus azerbaïdjanais. Incongruité qui ne durera pas plus de trois jours. La république d’Artsakh est proclamée le 2 septembre 1991, largement approuvée par référendum le 10 décembre suivant. Mais non reconnue par la communauté internationale. D’évidence ces deux peuples ne souhaitent plus vivre ensemble. De la répression azérie, nous sommes passés entre temps à une guerre franche avec l’Arménie.
            L’URSS en pleine décomposition n’est plus en mesure d’arrêter la guerre qu’elle a provoquée en sabotant sa propre puissance. C’est l’OSCE qui est la force de médiation. Constitué de la France, des États-Unis et de la Russie, le groupe de Minsk parvient à un cessez-le-feu en 1994. Après trente mille morts, des massacres ethniques et religieux de part et d’autre. L’Azerbaïdjan est mis sous le fait accompli d’un Haut-Karabakh échappant à son contrôle et ayant grignoté de son territoire. De son point de vue le contentieux territorial s’est aggravé depuis 1991.

            Le statu quo tient des années, mais entre temps, un événement d’importance survient en 2018 à Erevan, la révolution de velours. Sous ce doux nom quelque peu lénifiant, évoquant bien plus la tendresse que le massacre, se dissimule un coup d’État en bonne et due forme (1), maquillé avec la plus grande virtuosité en révolte populaire. Comme c’est devenu la tradition avec les révolutions de couleur. L’ancien président devenu Premier ministre Serge Sarkissian, prorusse, fait face à une révolte populaire soutenue par l’Ouest, derrière laquelle le pro-occidental Nikol Pachinian est posté en embuscade. Homme d’État responsable, Sarkissian jette l’éponge très rapidement pour éviter le bain de sang d’une guerre civile. Il présente sa démission au président de la République et en appelle à l’autorité de Nikol Pachinian, désigné son successeur.
            Après avoir ainsi avancé ses pions dans le Caucase, l’Europe poursuit ses objectifs diplomatiques. Un jeu qui se révèle pour le moins trouble lorsque son nouvel ami arménien voit à nouveau ses montagnes voisines attaquées par Bakou fin septembre 2020. La république d’Artsakh n’étant pas reconnue en tant qu’État il n’y a pas violation de territoire par une puissance étrangère, mais attaque d’un État contre une population qu’il est supposé administrer. Cest donc Erevan qui peut seule demander une aide militaire étrangère. Mais Bruxelles ne soctroie pas les moyens de ses ambitions. Leffort de guerre extravagant quelle consentira bientôt à lUkraine ne saurait être proposé à ces trop petites montagnes, dont la défense irait contrarier ses propres alliances. Bruxelles est bien coupable d’un deux poids deux mesures dans le traitement de ces deux dossiers. Pragmatique, M. Pachinian se résoudra à se retourner vers qui il venait précédemment de tourner le dos. C’est donc le Kremlin qu’il appelle à la rescousse et les forces russes qui interviennent militairement et imposent le cessez-le-feu du 10 novembre 2020. Un mois et demi de guerre pendant lequel les massacres et déplacements de population marquent une avancée azérie notable.
            Sans oublier laspect religieux de cette guerre. Ce qui est peu dit à l’Ouest puisque ce n’est pas le sujet de discorde principal. Cette guerre n’en est pas moins utilisée par des extrémistes religieux avançant leurs propres pions. Ils détruisent les églises des villages repris, ainsi que tous les signes culturels chrétiens. C’est Moscou qui par son interposition se pose alors une fois de plus aux yeux du monde en seul défenseur des chrétiens d’Orient.

            En août 2022, alors que les incidents sont relativement contenus depuis entre les deux protagonistes, le président de la commission Charles Michel s’improvise médiateur d’un conflit qui ne l’imposait plus. Flanqué d’Emmanuel Macron, il rencontre Nikol Pachinian et Ilham Aliyev. Quelques jours plus tard, le 13 septembre exactement, le président azéri engageait une nouvelle offensive faisant deux cents morts, déportant sept mille Arméniens et donnant cinquante kilomètres carrés supplémentaires à la puissance chiite. Le projet de reconquête azérie reprenait pour un deuxième acte, dans l’indifférence médiatique générale puisqu’à cette époque, les feux de la rampe journalistique n’avaient d’yeux que sur l’autre front de cette même guerre est-ouest, l’ukrainien.

            Le troisième acte sera le blocus sans pitié exercé après cette offensive sur le corridor de Latchine, seul passage entre Erevan et Stepanakert. Ni l’une ni l’autre n’avait les moyens de contenir une offensive militaire de son ennemi. Un peuple garroté pendant des mois pourra d’autant moins se défendre. L’attaque du 19 septembre dernier est l’acte final d’un plan qui n’avait rien de caché. Les objectifs étaient limpides, ils furent atteints en vingt-quatre heures. Et les derniers jours de la république dArtsakh la chronique d’une mort annoncée, car consentie par tout le monde. Le calcul turco-azéri de profiter de la guerre en Ukraine pour reprendre ses territoires perdus et avancer sur l’épuration ethnique était une stratégie payante. La dénonciation de leurs crimes sera moindre, de la même manière quen 1915, la Première Guerre mondiale servit aussi de paravent au génocide arménien. Le nettoyage ethnique, culturel et religieux pouvait reprendre. Le 4 octobre dernier, des images nous parvenaient de soldats, islamistes syriens recrutés par Ankara aux couleurs azéries, mais aussi turques, vandalisant, détruisant les églises et les symboles chrétiens, profanant les cimetières. Le Hamas félicitera quelques jours plus tard lAzerbaïdjan pour cette victoire. Celle de l’avancée de l’islam sur le monde chrétien.

            En conséquence de cette défaite militaire, l’objectif suivant de Bakou n’a rien de secret. Dans le fol espoir de s’en prémunir, le Parlement arménien a voté la ratification du statut de Rome le 3 octobre dernier. Ce qui signifie que le pays s’en remet désormais à la Cour Pénale Internationale pour la défense de son territoire et le jugement des crimes azéris. C’est un pas de plus du passage à louest du pays. Bouleversement politique majeur et raison de la ire poutinienne, puisque la CPI est un organe juridique occidental. Mais à la vérité, la désapprobation de Moscou n’est que posture. Le Kremlin ne pouvait s’attendre à autre chose puisqu’il n’a pas levé le petit doigt pour empêcher, alors qu’il en avait les moyens avec ses forces déployées dans le pays, ni le blocus ni l’attaque finale du 19 septembre. C’est ici un point de rupture politique après l’interposition russe de 2020. Jouant jusqu’alors la carte de la neutralité avec ses deux partenaires historiques, Moscou a clairement maintenant pris le parti de Bakou.
            Le même jour, le président Aliyev dotait l’ONU d’un million de dollars avant la visite en Artsakh de sa mission. Laquelle comme par magie, ne constata aucune trace de violence. Les Arméniens n’avaient pas été massacrés, mais avaient quitté leurs terres de leur plein gré. L’exode rural, sans doute. Aucune raison de saisine donc de la CPI. Erevan ne peut plus compter sur personne. L’Arménie est à la merci de l’attaque prochaine de l’Azerbaïdjan.

            Seule instance occidentale à s’insurger, le Parlement européen dénonce l’épuration ethnique perpétrée par l’armée azérie contre les Arméniens de cette montagne. Rien sur la disparition de cette république dArtsakh puisquencore une fois, le référendum d’autodétermination de ce peuple n’a pas eu l’heur d’être reconnu.
            Le 5, le Parlement européen « demande, compte tenu de linvasion récente du Haut-Karabakh par lAzerbaïdjan, la suspension du protocole d’accord sur le partenariat stratégique dans le domaine de l’énergie entre lUnion européenne et lAzerbaïdjan. » Il est réconfortant de voir que tous bords politiques confondus, les députés français ont tous voté oui. Au niveau européen c’est massivement que les députés ont adopté ce texte qui condamne sans réserve l’agression azérie, dénonce l’épuration ethnique et appelle à réduire la dépendance aux fournitures d’hydrocarbures de l’agresseur. Sous ce large consensus moral, les quelques députés qui votent contre renseignent sur la fracture de l’Union sur le sujet. De même qu’ils renseignent des positionnements politiques scellant l’avenir de l’Arménie. Car la minorité de ce non est celle des limites de la morale en géopolitique.
            Sur les quarante-cinq députés s’étant exprimé contre cette résolution, trente-deux appartiennent au groupe parlementaire CRE, les conservateurs et réformistes européens. Bien que regroupant un éclatement politique allant des socialistes avec l’espagnol Julio Fernando López Aguilar à l’extrême droite avec Lars Patrick Berg et Jorge Buxadé Villalba, il se caractérise par un positionnement plutôt à la droite traditionnelle, libérale en Économie, et géopolitiquement très atlantiste. Cinq députés appartiennent au Groupe de la droite nationaliste ID, identité et démocratie, cinq au groupe centriste Renew, auquel adhère le parti du président français LREM, deux de droite non inscrit et un du PPE, le groupe historique de centre droit. Aucun député européen de gauche ne s’est exprimé contre le texte.
            L’analyse s’affine lorsque l’on se penche sur la géographie du vote contre. L’Europe du Sud-ouest est très sous représentée avec deux députés espagnols seulement. L’Europe du Nord un peu plus avec six Allemands, deux néerlandais et un suédois. C’est à l’est par contre que le sort des Arméniens de l’Artsakh indiffère le plus. Pas moins de trente-quatre députés en Europe orientale, dont dix-neuf Polonais, huit Tchèques, ou encore trois Bulgares.
            Ce vote traduit une fracture très nette dans l’Union. La distinction des priorités n’est plus politique, mais liée à des intérêts nationaux, en l’occurrence culturels et économiques. Une Europe latine voit avant tout l’empathie, la question morale de la défense des chrétiens d’Arménie avec une quasi-unanimité du oui. Tandis que les défenseurs du réalisme politique favorables au maintien de l’accord d’importation de gaz azéri se retrouvent presque exclusivement en Europe du Nord et surtout de lest. Est-ce à dire que la russophobie, qui est un sentiment, l’emporterait sur l’empathie pour les Arméniens, cet autre sentiment ? C’est peut-être aller un peu vite dans le raisonnement. D’autres intérêts sont en jeu, dont les alliances diplomatiques, ou encore le besoin très concret de se ménager des fournisseurs d’énergie. C’est un révélateur par contre du positionnement atlantique : Erevan demeure le grand sacrifié de la communauté atlantique. Israël est un allié puissant de Bakou qui s’ajoute à Ankara, dans le même temps qu’Erevan n’a plus que Téhéran dans sa besace depuis que Moscou a fait le choix du désengagement. Ce qui signifie que malgré le vote du Parlement européen, il est peu probable que Bruxelles aille plus loin pour prévenir une attaque de l’Arménie. D’autant moins si celle-ci se fait cette fois sous le paravent du réveil de la guerre israélo-palestinienne.

            Pour conclure, les raisons du désengagement de Moscou en tant que force d’interposition ne poussent pas à l’optimisme. Son intérêt d’évidence est de laisser le Président Aliyev faire le sale boulot de faire tomber le nouveau pouvoir politique pro-occidental, incarné par Nikol Pachinian. Puis celui-ci accompli, puisque Bruxelles n’est guère en mesure de l’empêcher, de restaurer le pouvoir politique d’avant la révolution de velours. L’inconnue de cette équation demeure la position de Téhéran et celle de Washington. L’Iran ne laissera faire Bakou que si on lui donne des garanties suffisantes que le futur pouvoir à Erevan ne lui sera pas défavorable. Quant aux Américains, il est assez improbable qu’ils s’engagent militairement contre une position proturque, mais ils auront à cœur d’influer sur la nature du prochain Gouvernement arménien.

(1) - Le front du Haut-Karabakh, in Sapere aude, volume II, Monforte, 2023 



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