L’éventuelle acquisition de sous-marins français par l’Australie marquerait une revanche diplomatique et industrielle, mais elle soulignerait aussi les faiblesses structurelles des alliances occidentales. Comme le rappelle Jean-Louis Tertian, la France possède dans la région une carte unique grâce à ses territoires ultramarins et sa deuxième zone économique exclusive mondiale. Pourtant, elle reste perçue comme un acteur "moyen", souvent négligé dans les grandes décisions stratégiques.
Cette situation met en lumière un enjeu central : la souveraineté stratégique française. À l’heure où les tensions entre les États-Unis et la Chine redessinent les équilibres mondiaux, il est crucial pour la France de maintenir son indépendance et de renforcer sa présence dans les régions où elle est historiquement implantée, comme le Pacifique.
Ce retour possible de l’Australie vers une coopération avec la France pourrait être l’occasion de réaffirmer notre rôle d’acteur incontournable, capable de proposer une alternative crédible et souveraine face à la domination américaine et aux ambitions chinoises. Mais il nécessite aussi de tirer les leçons des échecs passés, comme celui du contrat Naval Group, pour mieux anticiper les réalités géopolitiques et renforcer les alliances durables.
Dans ce contexte, le débat ne se limite pas aux seuls enjeux militaires ou commerciaux. Il s’agit aussi de redéfinir une vision stratégique qui articule souveraineté industrielle, influence diplomatique et défense des intérêts nationaux dans un monde multipolaire. Le défi est de taille, mais les opportunités sont réelles si la France sait se positionner comme un partenaire fiable et innovant dans un contexte international de plus en plus fragmenté.