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L'arctique : voie de transport maritime en devenir




Publié par Alexandre Perrault le 7 Mars 2014

Une nouvelle donne est-elle en passe de bouleverser le transport maritime international ? Pour relier la Chine à l'Europe, la voie de l'Arctique a ainsi été empruntée par un cargo commercial, une première du genre. Cette expérience inédite souligne le potentiel encore méconnu de cette partie de la planète. Non seulement du point de vue du transport maritime, mais également dans le créneau des exploitations des ressources : tels les secteurs des mines, du pétrole, du tourisme et de la pêche.



Le brise-glace Kapitan Khlebnikov en Arctique (Licence Creative Commons)
Le brise-glace Kapitan Khlebnikov en Arctique (Licence Creative Commons)
L'ouverture de la route de l'Arctique, une conséquence de la fonte glaciaire

Le réchauffement climatique apporte son lot de conséquences irréversibles. Depuis de longues années, les scientifiques et autres spécialistes de l'écosystème de la planète annoncent la fonte des glaces. Ce phénomène, touchant en grande partie la région arctique, est certes préjudiciable à l'environnement, mais il devra cependant apporter de nouveaux bouleversements sur la géopolitique mondiale. La première illustration de ce contexte se reflète par la récente initiative d'un cargo chinois. Faisant partie de la flotte du puissant transporteur Cosco, le navire a quitté le port de Dalian, en Chine, à destination de Rotterdam. Cette liaison est tout à fait habituelle, sauf que cette fois, l'itinéraire emprunté a été tracé via la région de l'Arctique.

De la Chine à l'Europe en passant par les voies maritimes sibériennes

En 35 jours, le cargo de Cosco devrait mouiller dans le port de Rotterdam, soit 10 jours d'avance par rapport aux 45 généralement requis en passant via le canal de Suez. Pour l'instant, la Russie est l'une des principales nations concernées par ce nouveau flux maritime, car elle dispose des 6 à 7 000 kilomètres des voies concernées. De fait, la responsabilité du trafic sur ces eaux sibériennes incombe notamment à ce pays, aussi, les navires qui passent par l'itinéraire lui octroient une contrepartie financière. Il s'agit en effet de rémunérer les services rendus par les brise-glaces qui ouvrent la voie, tout en s'assurant du soutien des secours russes dans le cas d'éventuels incidents. Cette initiative du transporteur chinois montre que cet itinéraire présente des atouts indéniables, du point de vue pratique et économique tout d'abord, car outre la rapidité du trajet, son coût est inférieur par rapport aux tarifs pratiqués dans le canal de Suez.

Des conséquences contrastées sur le transport maritime international

Malgré ces principaux avantages, diverses raisons laissent penser que le bouleversement des itinéraires maritimes entre l'Europe et l'Asie n'est pas encore prévu dans l'immédiat. Tout d'abord, le caractère promotionnel de la démarche justifie la mise en place de tarifs attractifs pratiqués par les autorités russes, estiment certains experts du transport maritime international. Une révision à la hausse de ces coûts ne serait donc pas à exclure à court ou moyen terme, ce qui n'avantagera pas l'utilisation de cet axe. Par ailleurs, en ce qui concerne le fret des conteneurs, les transporteurs mondiaux privilégient l'itinéraire passant via le canal de Suez, jalonné de nombreux ports de chargement et de déchargement. Enfin, cet axe de l'Arctique n'est actuellement ouvert que quelques mois pendant l'année, et il compte notamment de nombreuses difficultés, tels des détroits peu profonds et des glaces immergées.

Les potentialités de la région, principal cheval de bataille du Conseil de l'Arctique

L'Arctique n'est pas uniquement une région potentiellement intéressante pour le transport maritime. La prochaine éventualité de la fonte des glaces amène ainsi les nations riveraines à se positionner en faveur d'une coopération fructueuse pour une exploitation intelligente et durable des ressources de la région. Dans cette optique, le Conseil de l'Arctique, regroupant l'Islande, la Finlande, la Norvège, les États-Unis, le Canada, la Russie, la Suède et le Danemark, est à pied d'œuvre depuis quelques années. En 2011, les chefs de la diplomatie de ces huit pays se sont par exemple concertés à Nuuk, au Groenland, afin de cerner les enjeux découlant du réchauffement climatique. Il va sans dire que la fonte des glaces intensifiera les mutations dans la région.

Coopération accrue ou conflits en perspective ?

L'accessibilité de l'Arctique sera effectivement à l'origine d'un accroissement des exploitations de l'homme dans le domaine de la pêche, du tourisme, des mines et surtout du pétrole. Si en haut lieu les initiatives du Conseil sont planifiées afin de tirer conjointement parti des richesses de la région, certains experts géopolitiques pressentent l'éventualité de conflits territoriaux dans un proche avenir. Russie et Norvège ont par exemple un point de discorde concernant la souveraineté des îles Svalbard.



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