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Les boues rouges de Jamaïque renferment-elles des trésors ?




Publié par La Rédaction le 30 Avril 2013

La Jamaïque pourrait faire de l'ombre à la Chine en matière d'extraction de « terres rares » ! Ses importantes étendues de boues rouges, issues de l'épuration de la bauxite transformée en alumine cacheraient un immense gisement de métaux stratégiques. Le Japon serait prêt à investir une somme d'argent conséquente pour son exploitation.



Mine de Bauxite australienne (crédit : Wikimedia.org)
Mine de Bauxite australienne (crédit : Wikimedia.org)
Un nouveau secteur économique pourrait-il se développer en Jamaïque ?

Les boues rouges de Jamaïque s'étendent dans la périphérie de Kingston sur plusieurs centaines de kilomètres carrés. Sous ces langues de terres ocre se cacherait un important gisement de métaux rares qui pourrait insuffler une ère économique nouvelle à l'une des plus grandes îles des Antilles. L'annonce du ministre jamaïcain des sciences, de la technologie, de l'énergie et des mines est porteuse d'espoir pour le gouvernement. Le 15 janvier 2013, Philip Paulwell informait la chambre des représentants de la signature du contrat d'intention d'exploitation entre l'Institut jamaïcain de la Bauxite et un producteur japonais d'aluminium la Nippon Light Metal. Cette dernière érigera une usine pilote qui se consacrera exclusivement à l'extraction de terres rares parmi les résidus de bauxite déversés sur le territoire. Selon les dires du ministre, la société nippone apportera 3 millions de dollars rien que pour le lancement du projet. Elle assurera également le financement de l'exploitation et des autres installations nécessaires pour mener à bien le projet. Qui plus est, les produits extraits seront divisés en parts égales entre le gouvernement japonais et l'État jamaïcain. L'Agence Nationale de l'Environnement et de la Planification a d'emblée donné son feu vert pour l'établissement du projet. L'Institut jamaïcain de la Bauxite et la Nippon Light Metal attendent ainsi avec impatience l'aval des agences jamaïcaines de la régulation.

Une troisième tentative en Jamaïque

La Jamaïque n'en est pas à sa première tentative d'extraction de terres rares. Au début des années 80 et dans les années 90, l'île a déjà tenté d'extraire les métaux par ses propres moyens. Mais les équipements déployés n'étaient guère suffisants pour mener les différents projets à terme. L'intervention japonaise est ainsi une aubaine de plus pour la Jamaïque. La Nippon Light Metal prévoit d'extraire près de 15 000 tonnes de terres rares par an. La part japonaise et la part jamaïcaine seront sans doute destinées à l'exportation dans les pays pionniers en matière de technologie. Philip Paulwell affirme par ailleurs que la Jamaïque dispose d'un gisement bien plus important que dans les autres zones déjà exploitées, notamment en Chine, en Hongrie ou en France. Le projet soutenu par les deux États devrait être lancé dès le mois de février 2013, en attendant le coup de sifflet des agences de régulation jamaïcaines. Comme la Jamaïque, d'autres pays ont relancé l'exploitation de terres rares pour faire face au monopole chinois. La Californie et la Malaisie sont sur le point de lancer la réouverture d'anciennes usines d'exploitations et la construction de nouvelles entreprises d'extraction. Mais face à l'enjeu de l'extraction des terres rares, certaines entreprises technologiques essaient de réduire leur dépendance, ne se penchant pas sur le problème du recyclage.

Les enjeux de l'extraction des terres rares

Une quinzaine de métaux stratégiques composent les terres rares. Contrairement à ce que leur appellation laisse entendre, les terres rares sont très répandues et composent une majeure partie de l'écorce terrestre. Comme le cérium, certaines catégories sont aussi abondantes que le cuivre, d'autres métaux comme le lutécium ne sont présents qu’en petit nombre sur la surface du globe. Les terres rares bénéficient de propriétés électromagnétiques et électroniques leur permettant de remplir toutes les conditions requises pour la fabrication d'appareils technologiques comme les téléphones portables et les disques durs d'ordinateurs. La technologie verte, comme les moteurs électriques, les systèmes éoliens et les plaques solaires, en utilise beaucoup. Malgré leur abondance, les terres rares sont assez difficiles à extraire. Elles sont essentiellement présentes dans les boues toxiques et les déchets issus des procédés de raffinerie d'aluminium. Les études entreprises notamment en Hongrie ont permis d'évaluer la toxicité des métaux. L'extraction des terres rouges engendre des conséquences environnementales à très long terme. Les métaux présents dans les boues rouges s'accumulent dans l'organisme au fil des années. Ils peuvent notamment produire des dégradations sur le comportement humain et remettre en cause la fertilité. Cette toxicité à long terme s'avère difficile à évaluer sur l'écosystème. En revanche, les experts constatent que les régions victimes du déversement des boues rouges sont rapidement abandonnées. Le cas était flagrant en Hongrie. En 2010, une importante quantité de boues rouges s'était échappée accidentellement d'une usine de production d'aluminium non loin du fleuve du Danube. Les villages nichés aux alentours sur un rayon de 40 kilomètres carrés ont très vite été désertés.



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