De gauche à droite: Sénateur Obende Domingo (Nigeria), Akinwumi Adesina (Pdt de la BAD), Atiku Abubakar (Ancien Vice - président du Nigéria) et Daniel Edah, candidat à l'élection présidentielle 2016 au Bénin
Quel bilan tirez-vous de l’action de l’actuelle équipe au pouvoir ?
Je me dois, avant tout, de saluer le sens d’initiative et d’engagement sur le terrain du Président actuel. Dans l’esprit de paix et rassemblement qui guide mon engagement politique, à l’opposé de tous ceux seraient prédisposés à une certaine vengeance ou aux représailles, je voudrais l’assurer que je prendrai sa succession pour parachever les chantiers ouverts et en ouvrir d’autres qui permettront au Bénin de se défaire de la corruption et des injustices. Cela afin de rassurer les opérateurs économiques nationaux et attirer les investissements directs étrangers nécessaires pour enregistrer un taux de croissance minimal de 7% sur plusieurs années.
Ceci dit, en bientôt dix ans de conduite de la destinée du Bénin, il a lancé plusieurs chantiers et pris des mesures dans presque tous les domaines. Seulement, la trop forte politisation de l’administration publique, la prévalence du régionalisme et du favoritisme dans la répartition des opportunités publiques et la corruption poussée ont fini par saboter ses efforts.
Concernant la participation des femmes à la vie publique, je regrette par exemple que les discours n’aient pas été traduits dans les actes. Avec plus de 550 députés élus au Parlement béninois depuis 1991, le Bénin n’a pas encore totalisé 83 députés femmes alors que les femmes constituent plus de 52% de la population béninoise. De même, malgré l’extrême jeunesse de la population béninoise et la préférence accordée à la jeunesse dans tous les discours politiques, aucun jeune (35 ans au plus) ne siège à l’Assemblée Nationale en République du Bénin. Enfin sur les dix millions de béninois estimés, plus de deux millions appartiennent à la diaspora béninoise, mais aucune disposition ou mesure n’a été prise pour relayer la voix de ces béninois de la diaspora au parlement.
Le chantier de la lutte contre la corruption a été lancé mais sans véritables actions empreintes de sincérité et d’audace pour prouver au peuple l’engagement politique réel à contenir ce fléau, principale maladie de la gouvernance du Bénin confortée par l’enrichissement illicite et le règne de l’impunité. Le Bénin peut néanmoins faire à la fois mieux et plus, avec l’avènement d’une gouvernance plus responsable et inclusive. Le pays en a les moyens et dispose d’atouts sur lesquels il nous suffira d’avoir le courage de capitaliser, sans craindre l’impopularité passagère que cela pourrait entraîner. Car le populisme politique a nui aux performances du Bénin sur tous les plans.
Ceci dit, en bientôt dix ans de conduite de la destinée du Bénin, il a lancé plusieurs chantiers et pris des mesures dans presque tous les domaines. Seulement, la trop forte politisation de l’administration publique, la prévalence du régionalisme et du favoritisme dans la répartition des opportunités publiques et la corruption poussée ont fini par saboter ses efforts.
Concernant la participation des femmes à la vie publique, je regrette par exemple que les discours n’aient pas été traduits dans les actes. Avec plus de 550 députés élus au Parlement béninois depuis 1991, le Bénin n’a pas encore totalisé 83 députés femmes alors que les femmes constituent plus de 52% de la population béninoise. De même, malgré l’extrême jeunesse de la population béninoise et la préférence accordée à la jeunesse dans tous les discours politiques, aucun jeune (35 ans au plus) ne siège à l’Assemblée Nationale en République du Bénin. Enfin sur les dix millions de béninois estimés, plus de deux millions appartiennent à la diaspora béninoise, mais aucune disposition ou mesure n’a été prise pour relayer la voix de ces béninois de la diaspora au parlement.
Le chantier de la lutte contre la corruption a été lancé mais sans véritables actions empreintes de sincérité et d’audace pour prouver au peuple l’engagement politique réel à contenir ce fléau, principale maladie de la gouvernance du Bénin confortée par l’enrichissement illicite et le règne de l’impunité. Le Bénin peut néanmoins faire à la fois mieux et plus, avec l’avènement d’une gouvernance plus responsable et inclusive. Le pays en a les moyens et dispose d’atouts sur lesquels il nous suffira d’avoir le courage de capitaliser, sans craindre l’impopularité passagère que cela pourrait entraîner. Car le populisme politique a nui aux performances du Bénin sur tous les plans.
La lutte contre la corruption fera partie de vos axes d’effort ?
Tous les Présidents de la République du Bénin de l’ère du renouveau démocratique ont promis mettre fin à la corruption mais se sont à chaque fois heurtés à des obstacles importants. Le plus prolixe sur le sujet est le Président Boni YAYI, mais c’est aussi en son temps que la corruption a malheureusement pris des proportions jamais égalées. Tout porte désormais à croire que la corruption est invincible et que ce serait peine perdue de vouloir s’y attaquer. En effet, nombre de ceux qui ont participé à la gestion du pays ces 25 dernières années sont cités ou soupçonnés dans des dossiers de corruption. Je ne suis pas naïf au point de croire que la corruption disparaîtra au Bénin d’un jour à l’autre. Mais je suis déterminé à combattre ce fléau, par l’exemple de dirigeant non corrompu et la sanction systématique des cas avérés de corruption et d’enrichissement illicite. Cette nouvelle lutte que j’engagerai sera une lutte exemplaire, loin de toute chasse aux sorcières ou de chasse à nos futurs opposants.
Pour ce qui est des engagements spécifiques dans mon projet de société pour lutter contre la corruption, l’enrichissement illicite et l’impunité, je prévois de :
Pour ce qui est des engagements spécifiques dans mon projet de société pour lutter contre la corruption, l’enrichissement illicite et l’impunité, je prévois de :
- promouvoir le renforcement des autres Institutions de la République et le respect de leur autonomie vis-à-vis du pouvoir exécutif, en mettant à leur disposition, et dans les délais prescrits, les moyens nécessaires à leur fonctionnement régulier;
- réformer le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour en faire un organe de régulation du corps des magistrats en vue d’une justice impartiale;
- modifier le statut du parquet pour le rendre plus indépendant des injonctions du Garde des sceaux;
- libérer l’office du juge du siège de l’emprise du politique et de toute force d’influence en garantissant son indépendance réelle, gage de sa neutralité et de la justesse de sa décision rendue « au nom du peuple béninois »;
- créer un parquet national financier ayant des compétences d’attributions particulières centrées sur la recherche, la poursuite et le déferrement des délits, et crimes économiques;
- instituer une juridiction spécialisée chargée de la délinquance « en col blanc » et dotée de moyens de répression des infractions à caractère financier;
- renforcer l’Autorité Nationale de Lutte contre la Corruption (ANLC) avec un pouvoir d’auto-saisine en matière de corruption et redynamiser la Brigade économique et financière (BEF);
- garantir un budget annuel pour soutenir les œuvres artistiques anti-corruption et les activités des organisations de la société civile qui luttent contre la corruption et l’enrichissement illicite;
- allouer une aide annuelle aux médias et journaux privés dont 1/3 pour soutenir le journalisme d’investigation contre la corruption, 1/3 pour la formation et l’équipement et 1/3 pour sécuriser tous les détenteurs de carte de presse à travers l’octroi d’indemnités mensuelles;
- doter chaque Député à l’assemblée nationale d’une provision budgétaire pour l’habiliter à garder son autonomie décisionnelle et répondre à diverses sollicitations dans sa circonscription sans verser dans les malversations liées aux marchés publics.
Quel est selon vous l’état de la démocratie et de son outil, la presse, au Bénin ?
Dans l’ensemble, la démocratie se porte relativement bien au Bénin même s’il faut reconnaître que l’activisme de la société civile et la résistance des acteurs de la justice y contribuent pour beaucoup. Il faut aussi souligner que les Institutions de la République semblent sous l’influence du pouvoir exécutif, ce qui réduit considérablement leur crédibilité dans l’opinion publique.
En plus d’élections régulières, il est vrai que la vitalité d’une démocratie se mesure à la liberté d’expression des différentes opinions politiques en général, à la liberté réelle de la presse et des médias en particulier. Or, la presse béninoise vit sous perfusion des politiciens qui refusent sciemment de la doter des moyens pour sa liberté et se contentent de l’instrumentaliser pour chanter leurs louanges ou détruire leurs adversaires. Faute de soutiens structurés aux entreprises de presse obligées de faire des acrobaties pour survivre, la presse béninoise apparaît plus au service de l’argent que d’une information des citoyens participant à la consolidation de la démocratie.
De plus, l’espace politique béninois peut apparaître comme particulièrement fragmenté, avec une kyrielle de partis créés sur des considérations régionalistes ou ethniques, mais sans lignes idéologiques réelles. Cette fragmentation, associée aux ralliements politiques sur fonds d’intérêts personnels et de régionalisme, ne permet pas une bonne lecture de la politique béninoise ainsi que l’émergence de leaders issus de partis politiques au sommet de l’Etat. Le Bénin est un cas atypique de démocratie multipartiste qui n’a jamais connu, pendant 25 ans de pratique démocratique, l’élection d’un militant de parti comme Président de la République. Il nous revient de travailler à la réorganisation du paysage politique partisan béninois et de veiller au financement des partis politiques par l’Etat en vue d’encourager la démocratie interne aux partis politiques et consolider par là-même l’édifice démocratique béninois.
En plus d’élections régulières, il est vrai que la vitalité d’une démocratie se mesure à la liberté d’expression des différentes opinions politiques en général, à la liberté réelle de la presse et des médias en particulier. Or, la presse béninoise vit sous perfusion des politiciens qui refusent sciemment de la doter des moyens pour sa liberté et se contentent de l’instrumentaliser pour chanter leurs louanges ou détruire leurs adversaires. Faute de soutiens structurés aux entreprises de presse obligées de faire des acrobaties pour survivre, la presse béninoise apparaît plus au service de l’argent que d’une information des citoyens participant à la consolidation de la démocratie.
De plus, l’espace politique béninois peut apparaître comme particulièrement fragmenté, avec une kyrielle de partis créés sur des considérations régionalistes ou ethniques, mais sans lignes idéologiques réelles. Cette fragmentation, associée aux ralliements politiques sur fonds d’intérêts personnels et de régionalisme, ne permet pas une bonne lecture de la politique béninoise ainsi que l’émergence de leaders issus de partis politiques au sommet de l’Etat. Le Bénin est un cas atypique de démocratie multipartiste qui n’a jamais connu, pendant 25 ans de pratique démocratique, l’élection d’un militant de parti comme Président de la République. Il nous revient de travailler à la réorganisation du paysage politique partisan béninois et de veiller au financement des partis politiques par l’Etat en vue d’encourager la démocratie interne aux partis politiques et consolider par là-même l’édifice démocratique béninois.