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Daniel Edah : « La société béninoise et notre culture politique réclament des changements »

Entretien d'ENDERI avec Daniel Edah, candidat aux élections présidentielles béninoises de 2016




Publié par Romain Lambert le 30 Novembre 2015



Quel regard portez-vous sur les élections passées ?

Au plan organisationnel, les élections se sont globalement bien déroulées. Il est à signaler que le principal défi du Bénin est d’arriver à se doter d’un fichier électoral transparent et fiable bâti sur un état civil crédible. La concrétisation de mon engagement à doter tous les béninois d’une nouvelle carte d’identité nationale obligatoire et gratuite, avec un seul numéro d’identification à vie, servira de base à la nécessaire refonte du fichier électoral pour plus de transparence et la maîtrise des coûts liés à l’organisation des élections. Concernant les résultats, les récentes élections que le Bénin a connues ont montré la volonté de changement du peuple béninois. Les résultats des élections législatives et surtout la désignation du Président de l’Assemblée Nationale sont des signaux de la détermination des béninois en faveur de l’alternance au pouvoir le 6 avril 2016.
 
A l’analyse des résultats, j’ai l’impression que les béninois recherchent une solution en dehors des soutiens et opposants actuels au Président Boni YAYI. Et cela se comprend dans la mesure où ce sont pratiquement les mêmes acteurs qui ont géré les différents compartiments du pouvoir depuis 25 ans. 

Envisagez-vous des modifications de la Constitution ?

Oui, la nécessité de modification de la constitution est unanimement reconnue par la classe politique. Ce qui a rebuté le peuple béninois, ce sont les velléités de modification constitutionnelle pour offrir un troisième mandat au Président Boni YAYI dont nous comptons prendre la succession le 6 avril 2016. Et le peuple béninois, désormais politiquement mature, n’acceptera jamais qu’un Président veuille modifier la Constitution à ses propres fins.
 
A l’issue de la conférence-bilan sur la mise en œuvre des actes de la conférence nationale de février 1990 que nous tiendrons probablement avant fin 2016, en accord avec toutes les composantes de la classe politique, j’envisage de soumettre un projet de toilettage de notre Constitution pour l’arrimer aux exigences de lutte contre la pauvreté, de  lutte non sélective contre la corruption, de réorganisation du paysage politique partisan, de renforcement des institutions de la République face à un exécutif trop puissant, d’instauration d’une gouvernance inclusive favorable à la représentation effective des jeunes (moins de 35 ans), des femmes et des béninois de la diaspora dans le parlement béninois, pour ne citer que ces pistes de réformes.

Votre parcours et votre stature internationale constituent un atout. Mais comptez-vous impliquer les organisations internationales dans votre vision du Bénin de demain ?

Je voudrais saluer et remercier toute la communauté internationale et notamment toutes les organisations internationales pour l’accompagnement du développement de notre pays depuis notre indépendance, le 1er août 1960, jusqu’au déclenchement des 17 années de période révolutionnaire marxiste-léniniste le 26 octobre 1972, puis depuis 1990 avec l’engagement du processus renouveau démocratique.
 
Je tiens à rassurer tous les pays amis du Bénin, ainsi que les organisations locales, régionales et internationales dont le Bénin est membre, que mes engagements pour la prospérité et la stabilité du Bénin s’intègrent pleinement à l’agenda 2063 de l’Union Africaine. Les différents accords et programmes bilatéraux, régionaux et internationaux auxquels la République du Bénin est partie prenante seront respectés et poursuivis.
 
En contrepartie, les organisations internationales auxquelles mon pays est partie prenante peuvent d’ores et déjà s’attendre à un renforcement de notre participation et, par conséquent, à une plus grande sollicitation de ma part dans la mise en œuvre des projets et programmes pour la croissance économique et la prospérité du Bénin. 

En tant que pays membre de la Francophonie, ami et allié de la France, envisagez-vous d’approfondir le partenariat entre la France et le Bénin, ou de modifier le document-cadre de partenariat (DCP) ?

La France a toujours été aux côtés du Bénin depuis notre indépendance. Je voudrais saluer la contribution, la grande contribution de la France au développement du Bénin et à l’avènement de la démocratie. Je salue particulièrement ses efforts déployés en faveur du renforcement du processus démocratique et de l’état de droit au Bénin ainsi que son leadership dans la mobilisation de la communauté internationale pour accompagner le Bénin toutes les fois que c’est nécessaire. Je souhaite vivement poursuivre, renforcer et renouveler cette belle coopération qui lie mon pays à la France afin de l’adapter aux défis nouveaux qui sont les nôtres dans l’intérêt mutuel de nos deux peuples.
 
Pour ce qui est du Document Cadre de Partenariat signé le 29 novembre 2013 à Cotonou pour la période 2014 – 2016, je n’ai pas l’intention d’y apporter des modifications. Par contre, je fais déjà le plaidoyer pour un renforcement de l’appui de la France à mon pays dans notre volonté annoncée de réformer le système éducatif béninois. Nous souhaitons y insérer des formations techniques et professionnelles dès la classe de sixième jusqu’en terminale, ainsi que des modules de formation en entrepreneuriat dans l’enseignement supérieur, quelle que soit la filière embrassée par l’étudiant.
 
La concrétisation de la vision du Bénin économiquement prospère et socialement stable qui passe par la remise du pays au travail pour relancer l’économie et employer les jeunes ne peut s’accommoder d’un système éducatif qui forme principalement des candidats à la fonction publique. Et je compte énormément sur la coopération de l’Etat français et des entreprises françaises pour nous accompagner dans notre nécessaire transition entre l’actuelle économie de consommation vers une économie productive. 

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