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Un new deal énergétique en faveur de l’industrie française




Publié par Solaine Legault le 3 Avril 2015

La France semble stagner en matière de transition énergétique. Des forces productives très importantes sont pourtant mobilisées en cette direction. L’État soutient ces démarches au demeurant, mais cela n’est pas toujours suffisant.



(Licence Creative Commons)
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L''année dernière, l’actualité de l’industrie française a été surtout marquée par l’annonce de la vente d’Alstom à General Electrics. L’itinéraire de ce « groupe symbolique témoigne de la déroute de la France dans l’industrie, et de la nécessité de trouver le chemin d’une Europe de l’énergie qui implique les industriels », écrivait ainsi Gilles Bridier à ce sujet pour Slate. Pour beaucoup en effet, la vente d’une des figures de proue de l’industrie énergétique française s’apparente à un aveu d’échec politique. Mais cette actualité est-elle vraiment symptomatique d’un désengagement de l’État de la filière énergétique ?
 
L’énergie, un sujet clivant
 
L’énergie compte et a toujours compté parmi les sujets les plus techniques et difficiles abordés par les décideurs politiques. Nos dirigeants actuels ne font pas exception. Dans une tribune datée du 29 avril 2014, l’ancienne ministre de l’Énergie Delphine Batho demandait à l’État de « garder la main sur son hydroélectricité pour en faire un des leviers de réussite d’une transition énergétique compétitive ». On voit ici la sensibilité avec laquelle est accueillie, au sein d’une seule et même famille politique, la perspective de mettre en concurrence les concessions hydroélectriques. Plus généralement, les décisions politiques concernant l’énergie font rarement consensus.
 
Il y a d’ailleurs fort à parier que les débats ne peuvent aller qu’en s’intensifiant. Car la question hydroélectrique ne compte que pour une portion des premières lignes du projet de loi sur la transition énergétique. Des extraits ont fait leur apparition dans la presse en début d’année. Concernant les énergies renouvelables, on y trouve notamment la volonté d’introduire un « nouveau mécanisme » de rachat de l’énergie produite par les particuliers à partir de source renouvelable. Ce mécanisme consisterait en un « complément de rémunération » qui s’ajouterait aux tarifs préférentiels qui prévalent actuellement (pour combien de temps ?). Une manière de sponsoriser le marché du solaire et de l’éolien.
 
La filière énergétique fait donc l’objet de beaucoup d’attention. On est certes encore loin du new deal énergétique et d’un véritable boom économique tiré par les énergies renouvelables. Mais même sans cela, cette industrie se porte toutefois relativement bien. La filière a créé pas moins de 142 000 emplois direct et indirect en 2013. « C’est un secteur avec une belle diversité d’acteurs et de métiers », commente Julien Weyrich pour le cabinet de recrutement Page Personnel. Même Alstom embauche : « on ne recrute pas que des ingénieurs à bac+5 », précise le président de l’entreprise pour la France. Preuve que les hypothèses de rachat de cette organisation n’ont rien à voir avec d’éventuelles faiblesses de sa part.
 
De la nécessité d’accentuer le soutien aux acteurs de la transition
 
Le nucléaire restera encore longtemps un sujet à part, tant les interrogations sont nombreuses à son sujet, malgré l'absence de rejet de CO2 lors de l'exploitation des centrales. Mais associer nucléaire et transition énergétique est devenue trop risqué politiquement pour que le gouvernement aborde le sujet avec l'intention de légiférer dans un sens ou dans un autre. La part belle est donc donnée à d'autres solutions. Parmi les technologies montantes, on trouve notamment l’hydrolien. L’armateur DCNS s’est d’ailleurs doté d’une division énergies marines renouvelables au début de l’année 2014. D’après Le Journal des Entreprises, DCNS souhaite réaliser avec cette nouvelle division un million d’euros de chiffre d’affaires dans l’hydrolien en 2025. Une stratégie de diversification ambitieuse qui en dit long sur l’attrait qu’exercent les promesses de l’hydrolien sur les grands investisseurs du secteur de l’industrie ! Il n’y a d’ailleurs pas que les marchés B to B qui font les choux gras de l’industrie énergétique renouvelable.
 
Le marché grand public attire de plus en plus d’entreprises. À l’image de Solaire Box, entreprise qui commercialise des abris de jardin équipés d’une toiture faite de panneaux photovoltaïques, le tout autofinancé par la production d’énergie. Ces abris ont la capacité de couvrir un tiers de la consommation d’énergie d’un foyer de quatre personnes. Avec le soutien de BPI France, Solaire Box a entamé une nouvelle levée de fonds sur la plate-forme de financement participative KissKissBankBank à la fin du mois d’avril 2014. L’initiative est d’ores et déjà bien engagée avec un objectif de financement complété à 17 % en 10 jours de campagne seulement.
 
À leur tour, ces quelques exemples démontrent que la filière énergétique n’est pas en proie à des difficultés particulièrement exceptionnelles. Ils illustrent aussi l’engagement du gouvernement dans cette filière. Et si celui-ci n’est pas suffisant pour justifier d’une véritable transition énergétique, on ne peut que constater qu’il est généralement couronné de succès. La vraie question qui se pose dès lors de savoir dans quelle mesure le gouvernement est prêt à investir dans la transition énergétique. Car il ne fait aucun doute qu’avec plus de moyens, les conditions sont aujourd’hui plus que jamais réunie pour réaliser un véritable new deal de l’énergie. 



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