Un projet donnant-donnant-donnant
On dirait bien que « le grand pari chinois d’EDF » se concrétise. (2) Londres a ainsi donné son accord pour que le partenariat franco-chinois entame la construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point dont l’entrée en service est actuellement fixée pour 2025.
Pour EDF, « c’est “la” bonne nouvelle qu’attendait la filière française » comme l’explique le PDG de la compagnie Jean-Bernard Lévy. (2) Une étape de plus dans le projet d’EDF d’agrandir son parc nucléaire en France et au Royaume-Uni et de renforcer son assise européenne. Avec seulement 5% de ses actifs hors Europe, la compagnie conçoit ce projet comme un tremplin vers l’international. Une aubaine qui sert donc sa volonté de s’imposer hors du continent, comme acteur reconnu sur le marché énergétique mondial.
Si ce projet est l’occasion pour EDF d’étendre encore plus son influence en Angleterre, quelles sont les contreparties pour CGN ? Par le biais de ce partenariat, le groupe chinois se voit ouvrir les portes d’un nouveau marché. Ce projet pourrait être à terme l’occasion pour lui de faire connaitre sa technologie du « Hualong 1 », un réacteur de type EPR « made in China ». Commencer par la Grande-Bretagne pour ensuite s’étendre à l’Occident, tel est la stratégie de l’entreprise de l’empire du milieu. Ainsi les deux réacteurs de Hinkley Point ne sont que la première pierre d’un projet voit plus loin en prévoyant la construction de deux autres EPR à Sizewell et d’un Hualong à Bradwell.
Londres quant à elle voit en ce projet le moyen de rénover son parc nucléaire vieillissant. Des questions techniques émergent cependant… Comment assurer que de futurs réacteurs partiellement chinois parviennent à être certifiés selon les normes de sécurité britanniques ? EDF joue ici un rôle de médiateur, s’étant engagée à assurer la sûreté du réacteur au regard des normes de sécurité britanniques. EDF finance les deux tiers du projet, constituant une sorte de garantie pour rassurer le Royaume-Uni quant à la fiabilité du partenaire chinois.
Bien que ce projet soit présenté donc comme gagnant pour l’ensemble des parties prenantes, celui-ci soulève bon nombre d’incompréhensions, en particulier liées au choix de la technologie EPR…
Une technologie pourtant critiquée
Des détracteurs de ce projet ? Il y en a plus d'un. Si plusieurs ONG ont ainsi contesté sa mise en œuvre, la question de ce projet divise également l’opinion publique britannique dans son ensemble. Ainsi, selon un sondage GreenPeace, « 29 % des Britanniques seraient favorables au projet d’Hinkley Point, tandis que 34 % y seraient opposés. » (3) Quels facteurs expliquent ces réticences ? En premier lieu, le coût du projet apparaît aux yeux de beaucoup comme bien trop élevé. Mais ce qui semble inquiéter le plus est la technologie même du réacteur.
Ce n’est pas nouveau, la fiabilité de la technologie EPR soulève bon nombre de questions. Ce type de réacteur est ainsi souvent jugé « inconstructible, trop cher, trop gros, trop puissant ». (4) Les analystes d’HSBC qui se sont intéressés au suivi des projets EPR en cours dans le monde notent qu’ « aucun projet n’a été achevé pour l’instant ». (3) De quoi en refroidir plus d’un… De plus, ces projets ont pour l’instant tous, sans exception, étaient repoussés ce qui a logiquement augmenté leur coût initial. Beaucoup d’ONG déplore ainsi la somme exorbitante destinée à ce projet, estimant que celle-ci serait utilisée à de bien meilleures fins, si elle était investie dans le développement des énergies éolienne ou solaire.
Beaucoup estime le choix de Londres comme hâtif. Pourquoi opter pour l’EPR alors que de nouvelles générations de réacteurs seront construites dans un futur proche ? Cette décision génère ainsi bon nombre d’incompréhension. EDF argue de son côté que ce projet pourra profiter des retours d’expérience des projets internationaux déjà en cours, évitant de ce fait de faire les mêmes erreurs.
Pour un monde vert et ... nucléaire ?
Hinkley Point s’inscrit donc dans la stratégie d’EDF de poursuite du développement à l’international. Si les ambitions de la compagnie sont claires, on pourrait se demander pourquoi un tel projet alors que la compétitivité des énergies renouvelables se renforce un peu partout à l’étranger ? EDF a ainsi pour objectif d’être l'électricien dont la production émet le moins de CO2. Actuellement, la compagnie est le « premier producteur européen d’énergies renouvelables ». (5) Mais si son ultime but est de développer de façon significative son activité dans ce secteur, le PDG explique que les énergies éoliennes et solaires par exemple connaissent encore trop d’intermittence dans des pays comme la France. Le PDG déclare ainsi qu’ « en France, le solaire ne fonctionne que 14 % du temps, et l’éolien 23 %. Tant que nous ne sommes pas capables de stocker l’énergie, nucléaire et renouvelables sont complémentaires. » (5)
Pour le Royaume-Uni, le sens écologique de ce projet serait de parvenir à l’objectif de baisser ses émissions de CO2. C’est un des arguments fondamentaux avancé et par EDF et par Londres pour justifier le projet. Mais les lobbys antinucléaires y sont également puissants et une part non négligeable de la population voit d'un mauvais oeil le passage vers de plus en plus d'électro-nucléaire, surtout dans un contexte de hausse des tarifs de l'énergie.
Beaucoup de points freinent donc l’enthousiasme autour de ce projet mais EDF semble cependant confiant. Il ne reste qu’à voir si ce partenariat parvient à contourner toutes ces entraves techniques qui semblent se profiler devant lui…
On dirait bien que « le grand pari chinois d’EDF » se concrétise. (2) Londres a ainsi donné son accord pour que le partenariat franco-chinois entame la construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point dont l’entrée en service est actuellement fixée pour 2025.
Pour EDF, « c’est “la” bonne nouvelle qu’attendait la filière française » comme l’explique le PDG de la compagnie Jean-Bernard Lévy. (2) Une étape de plus dans le projet d’EDF d’agrandir son parc nucléaire en France et au Royaume-Uni et de renforcer son assise européenne. Avec seulement 5% de ses actifs hors Europe, la compagnie conçoit ce projet comme un tremplin vers l’international. Une aubaine qui sert donc sa volonté de s’imposer hors du continent, comme acteur reconnu sur le marché énergétique mondial.
Si ce projet est l’occasion pour EDF d’étendre encore plus son influence en Angleterre, quelles sont les contreparties pour CGN ? Par le biais de ce partenariat, le groupe chinois se voit ouvrir les portes d’un nouveau marché. Ce projet pourrait être à terme l’occasion pour lui de faire connaitre sa technologie du « Hualong 1 », un réacteur de type EPR « made in China ». Commencer par la Grande-Bretagne pour ensuite s’étendre à l’Occident, tel est la stratégie de l’entreprise de l’empire du milieu. Ainsi les deux réacteurs de Hinkley Point ne sont que la première pierre d’un projet voit plus loin en prévoyant la construction de deux autres EPR à Sizewell et d’un Hualong à Bradwell.
Londres quant à elle voit en ce projet le moyen de rénover son parc nucléaire vieillissant. Des questions techniques émergent cependant… Comment assurer que de futurs réacteurs partiellement chinois parviennent à être certifiés selon les normes de sécurité britanniques ? EDF joue ici un rôle de médiateur, s’étant engagée à assurer la sûreté du réacteur au regard des normes de sécurité britanniques. EDF finance les deux tiers du projet, constituant une sorte de garantie pour rassurer le Royaume-Uni quant à la fiabilité du partenaire chinois.
Bien que ce projet soit présenté donc comme gagnant pour l’ensemble des parties prenantes, celui-ci soulève bon nombre d’incompréhensions, en particulier liées au choix de la technologie EPR…
Une technologie pourtant critiquée
Des détracteurs de ce projet ? Il y en a plus d'un. Si plusieurs ONG ont ainsi contesté sa mise en œuvre, la question de ce projet divise également l’opinion publique britannique dans son ensemble. Ainsi, selon un sondage GreenPeace, « 29 % des Britanniques seraient favorables au projet d’Hinkley Point, tandis que 34 % y seraient opposés. » (3) Quels facteurs expliquent ces réticences ? En premier lieu, le coût du projet apparaît aux yeux de beaucoup comme bien trop élevé. Mais ce qui semble inquiéter le plus est la technologie même du réacteur.
Ce n’est pas nouveau, la fiabilité de la technologie EPR soulève bon nombre de questions. Ce type de réacteur est ainsi souvent jugé « inconstructible, trop cher, trop gros, trop puissant ». (4) Les analystes d’HSBC qui se sont intéressés au suivi des projets EPR en cours dans le monde notent qu’ « aucun projet n’a été achevé pour l’instant ». (3) De quoi en refroidir plus d’un… De plus, ces projets ont pour l’instant tous, sans exception, étaient repoussés ce qui a logiquement augmenté leur coût initial. Beaucoup d’ONG déplore ainsi la somme exorbitante destinée à ce projet, estimant que celle-ci serait utilisée à de bien meilleures fins, si elle était investie dans le développement des énergies éolienne ou solaire.
Beaucoup estime le choix de Londres comme hâtif. Pourquoi opter pour l’EPR alors que de nouvelles générations de réacteurs seront construites dans un futur proche ? Cette décision génère ainsi bon nombre d’incompréhension. EDF argue de son côté que ce projet pourra profiter des retours d’expérience des projets internationaux déjà en cours, évitant de ce fait de faire les mêmes erreurs.
Pour un monde vert et ... nucléaire ?
Hinkley Point s’inscrit donc dans la stratégie d’EDF de poursuite du développement à l’international. Si les ambitions de la compagnie sont claires, on pourrait se demander pourquoi un tel projet alors que la compétitivité des énergies renouvelables se renforce un peu partout à l’étranger ? EDF a ainsi pour objectif d’être l'électricien dont la production émet le moins de CO2. Actuellement, la compagnie est le « premier producteur européen d’énergies renouvelables ». (5) Mais si son ultime but est de développer de façon significative son activité dans ce secteur, le PDG explique que les énergies éoliennes et solaires par exemple connaissent encore trop d’intermittence dans des pays comme la France. Le PDG déclare ainsi qu’ « en France, le solaire ne fonctionne que 14 % du temps, et l’éolien 23 %. Tant que nous ne sommes pas capables de stocker l’énergie, nucléaire et renouvelables sont complémentaires. » (5)
Pour le Royaume-Uni, le sens écologique de ce projet serait de parvenir à l’objectif de baisser ses émissions de CO2. C’est un des arguments fondamentaux avancé et par EDF et par Londres pour justifier le projet. Mais les lobbys antinucléaires y sont également puissants et une part non négligeable de la population voit d'un mauvais oeil le passage vers de plus en plus d'électro-nucléaire, surtout dans un contexte de hausse des tarifs de l'énergie.
Beaucoup de points freinent donc l’enthousiasme autour de ce projet mais EDF semble cependant confiant. Il ne reste qu’à voir si ce partenariat parvient à contourner toutes ces entraves techniques qui semblent se profiler devant lui…
- http://www.rfi.fr/economie/20151022-chine-royaume-uni-energies-edf-electricite-centrale-nucleaire-cgn-hinkley-p
- http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/10/21/edf-fait-le-pari-de-la-cooperation-technologique-avec-la-chine_4794141_3234.html
- http://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/021420799967-hinkley-point-un-projet-tres-controverse-outre-manche-1167876.php
- http://www.usinenouvelle.com/article/malgre-les-deboires-l-epr-resiste-toujours.N358493
- http://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/021343722594-jean-bernard-levy-nous-allons-doubler-le-parc-renouvelable-dedf-en-europe-dici-a-2030-1157931.php