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L'Allemagne est-elle en train de gagner le pari de la transition énergétique ?




Publié par La Rédaction le 21 Novembre 2013

L'Allemagne est plus que jamais dans la transition énergétique. Les stratégies mises en place outre-Rhin y mènent incontestablement. Qu'en est-il réellement de ce projet allemand et quel est le défi qui attend le pays ?



L'Allemagne est-elle en train de gagner le pari de la transition énergétique ?
La sortie du nucléaire en 2020

Le projet énergétique de l'Allemagne est considéré comme le plus ambitieux d’Europe. Après l'incident qui a endommagé la centrale de Fukushima en 2011, le gouvernement outre-Rhin a pris la décision d'arrêter les activités de ses centrales électriques à l'horizon 2022. Les Allemands lancent donc le défi de s'appuyer d'ici l'année 2050 sur les énergies vertes pour la fourniture de 60 % de sa production énergétique et 80 % de sa consommation d'électricité. À ce stade, le pays devrait parvenir à réduire de 80 % à 95 % ses émissions de GES - Gaz à effet de serre - par rapport au niveau de 1990. Le défi allemand est de taille. Les dirigeants du pays en sont conscients, mais ils ont défini une stratégie devant permettre à l'Allemagne de réussir sa transition énergétique.

Le gouvernement outre-Rhin estime que la réussite de la transition énergétique passe impérativement par une implication du secteur privé et de la population dans le processus. Ainsi, une taxe à l'énergie renouvelable a été instaurée. Cette loi appelée EEG - Erneuerbare-Energien-Gesetzt - oblige de manière indirecte les contribuables à participer au financement des projets énergétiques via un dispositif baptisé EEG-Umlage. Ce mécanisme concerne également les PME allemandes. Aux yeux des responsables étatiques, cette mesure a déjà fait ses preuves puisqu’elle a permis d'impliquer de grands groupes énergétiques comme le Japonais Mitsubishi dans la mise en place d'infrastructures de distribution reliant des installations éoliennes en Mer du Nord au réseau terrestre de distribution.

L'Allemagne avance à pas de géant

L'État allemand est convaincu que l'essor des énergies renouvelables mènera à terme à l'abandon définitif du nucléaire. Pour le moment, le projet énergétique du pays semble sur la bonne route. Les réalisations seraient même au dessus des objectifs fixés. Les énergies vertes assurent actuellement le quart de la production énergétique de la première économie de l'UE. L'éolien et le solaire ont connu ces dernières années une forte croissance. La FAIS - Fédération allemande de l'industrie solaire - révèle par exemple que quelque 1,3 million de centrales photovoltaïques sont installées sur tout le territoire et ces infrastructures assurent la fourniture d'énergie de près de huit millions de ménages allemands. Ces efforts ont permis de baisser considérablement le coût de l'électricité.

Les avancées enregistrées par l'Allemagne en matière de production d'énergie écologique sont considérables. Les autres États de l'UE pourraient même être tentés d'imiter le modèle allemand. Le ministre en charge de l'Environnement, Peter Altmaier affirme que le pays a franchi le quart du chemin qui devra le mener au 100 % énergie verte.

Le pays a encore un long chemin à parcourir

Malgré les progrès réalisés par l'Allemagne dans sa course à l'énergie renouvelable, le gouvernement du pays a encore une longue route à faire. La transition énergétique ne se résume pas à la fermeture de toutes les centrales nucléaires allemandes ou encore au développement des dispositifs de production d'énergie écologique. Ce vaste chantier tiendra compte également des infrastructures qui assureront le stockage et l'acheminement de l'énergie produite vers les ménages et les entreprises. Ces travaux coûteront jusqu'en 2020 environ 45 milliards d'euros au gouvernement allemand. À ce coût-là, Fabien Roques, le patron de l'IHS-CERA, un cabinet spécialisé en stratégie énergétique ne se dit pas étonné si l'électricité ainsi produite dans le pays reste la plus chère du monde. Ce responsable s'interroge d'ailleurs si la subvention de 36 euros/Mégawatt accordée par l'État aux investisseurs de la filière suffit pour couvrir les coûts de ces opérateurs. 

Par ailleurs, les spécialistes de la filière émettent également des réserves quant à la capacité de l'Allemagne à se passer totalement du nucléaire. Lors de la fermeture en 2011 de huit réacteurs, la nation a dû réduire ses exportations d'électricité et relever la part des énergies écologiques pour combler sa perte de production. En 2020, il faudra réfléchir sur la manière de compenser les déficits parce que toutes les centrales cesseront de produire de l'électricité. La filière solaire et l'éolien ne suffiront pas à assurer la totalité des besoins du pays alors que les autres sources comme le lignite et le charbon sont en train de montrer leur limite. Les spécialistes énergétiques reprochent à celles-ci d'être des grandes émettrices de GES - Gaz à effet de serre. L'autre possibilité qui s'offre à ce pays est la réduction de sa consommation d'énergie.



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