Enfouir et s’enfuir
L’immersion de munitions en mer était vue comme la méthode la plus sûre et simple et surtout la moins coûteuse. En France cette méthode a pris officiellement fin en 1990 ! la grande difficulté est aujourd’hui de recenser tous les lieux d’immersion, car très peu de documents ont, soit survécu soit simplement été écrit initialement. On retrouve ce schéma sur toute la cote de l’Europe de l’Ouest. En 1992 est signé la convention pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est ou OSPAR, elle représente un groupe de travail qui a recensé entre 2004 et 2010 pas moins de 148 sites d’immersion de munitions non explosées. Comme la fosse des Casquets qui se situe au nord de Guernesey et a servi aux anglais et français à se débarrasser de très nombreux explosifs après la Deuxième Guerre mondiale, aucun document n’existe sur les quantités déversées.
Un exemple criant est l’immersion après la première guerre mondiale de 35 000 tonnes de munitions dont des obus chimiques sur le banc de sable de Paardenmarkt à quelques centaines de mètres du port de Zeebrugge en Belgique. Ce déversement a été totalement oublié et c’est en 1970 qu’il fut redécouvert lors de travaux pour l’agrandissement du port.
Le plus grave étant que la plupart des immersions se sont fait entre 6 et 10 mètres de profondeur et le plus souvent à proximité des côtes. Les fonds marins étant en constant mouvement les munitions se dispersent. Chaque année les tempêtes hivernales ramènent sur les plages nombre de ces cadeaux empoisonnés, les pécheurs sont aussi souvent en contact de nombreuses munitions qui occasionnellement les blessent ou tuent.
Une pollution insidieuse
Les munitions enfouies sont principalement de deux types « conventionnel » ou explosif et chimique. Elles produisent chacune des pollutions particulières.
Le premier danger est la possible explosion de ces munitions, avec un impact différant suivant la profondeur d’immersion et la quantité d’explosifs. La commission OSPAR écrit : « La pression exercée par le bruit important que produisent les explosions spontanées ou contrôlées de munitions peut blesser ou tuer certains mammifères marins et poissons. Il a été rapporté que des marsouins ont été tués dans un rayon de 4 km autour d’explosions et que d’autres ont subi une détérioration permanente de l’ouïe dans un rayon de 30 km ».
Le deuxième danger beaucoup plus vicieux est celui de la pollution par la dégradation de l’explosif contenu dans les munitions. Les explosifs anciens et surtout ceux de la 1ère Guerre mondiale se décomposent en plusieurs produits, dont les perchlorates, qui sont des perturbateurs endocriniens et se retrouvent dans toute la chaîne alimentaire. Les risques de pollution sont croissants, car les enveloppes en acier de ces engins se corrodent progressivement et un jour les polluants seront finalement libérés de leur cercueil de métal.
Le troisième danger concerne particulièrement les munitions chimiques qui par nature sont polluantes. La plupart de ces gaz de combat sont à base d’arsenic un poison puissant. Ils sont présents sous la forme de liquides visqueux qui reposent sur le fond marin et sont stables sur plusieurs décennies ( très peu soluble dans l’eau).
Pour des siècles et des siècles
La récupération ou la destruction de ces munitions pose de nombreux problèmes.
Le milieu marin a fragilisé durablement les enveloppes et les rend très fragiles, leur manipulation est donc excessivement périlleuse. Ce sont de véritables bombes à retardement. Ainsi à part les munitions ramenées par les pécheurs, les récupérer en mer pour traiter le problème à terre est inimaginable.
La seconde option, celle de la détonation, présente aussi de forts risques. C’est d’abord un travail très dangereux que ne peuvent réaliser qu’une poignée de spécialistes, le plus souvent les militaires experts dans la guerre des mines. Mais la destruction doit aussi se limiter à un faible nombre de munitions à la fois et isolé des autres au risque de provoquer une véritable réaction en chaîne non contrôlée.
Les risques provoqués par ces munitions sont impossibles à calculer tant ils sont multiples et complexes. La présence de ces menaces invisibles et mouvantes sur les fonds d’une des plus importantes voies maritimes mondiales et le long de côtes très peuplées représente un défi majeur pour les gouvernements qui manquent de vision a long terme et gèrent le problème au jour le jour.
Ainsi la meilleure solution pour le moment reste … de ne rien faire et d’espérer qu’aucune crise majeure ne vienne réveiller les démons du passé.
L’immersion de munitions en mer était vue comme la méthode la plus sûre et simple et surtout la moins coûteuse. En France cette méthode a pris officiellement fin en 1990 ! la grande difficulté est aujourd’hui de recenser tous les lieux d’immersion, car très peu de documents ont, soit survécu soit simplement été écrit initialement. On retrouve ce schéma sur toute la cote de l’Europe de l’Ouest. En 1992 est signé la convention pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est ou OSPAR, elle représente un groupe de travail qui a recensé entre 2004 et 2010 pas moins de 148 sites d’immersion de munitions non explosées. Comme la fosse des Casquets qui se situe au nord de Guernesey et a servi aux anglais et français à se débarrasser de très nombreux explosifs après la Deuxième Guerre mondiale, aucun document n’existe sur les quantités déversées.
Un exemple criant est l’immersion après la première guerre mondiale de 35 000 tonnes de munitions dont des obus chimiques sur le banc de sable de Paardenmarkt à quelques centaines de mètres du port de Zeebrugge en Belgique. Ce déversement a été totalement oublié et c’est en 1970 qu’il fut redécouvert lors de travaux pour l’agrandissement du port.
Le plus grave étant que la plupart des immersions se sont fait entre 6 et 10 mètres de profondeur et le plus souvent à proximité des côtes. Les fonds marins étant en constant mouvement les munitions se dispersent. Chaque année les tempêtes hivernales ramènent sur les plages nombre de ces cadeaux empoisonnés, les pécheurs sont aussi souvent en contact de nombreuses munitions qui occasionnellement les blessent ou tuent.
Une pollution insidieuse
Les munitions enfouies sont principalement de deux types « conventionnel » ou explosif et chimique. Elles produisent chacune des pollutions particulières.
Le premier danger est la possible explosion de ces munitions, avec un impact différant suivant la profondeur d’immersion et la quantité d’explosifs. La commission OSPAR écrit : « La pression exercée par le bruit important que produisent les explosions spontanées ou contrôlées de munitions peut blesser ou tuer certains mammifères marins et poissons. Il a été rapporté que des marsouins ont été tués dans un rayon de 4 km autour d’explosions et que d’autres ont subi une détérioration permanente de l’ouïe dans un rayon de 30 km ».
Le deuxième danger beaucoup plus vicieux est celui de la pollution par la dégradation de l’explosif contenu dans les munitions. Les explosifs anciens et surtout ceux de la 1ère Guerre mondiale se décomposent en plusieurs produits, dont les perchlorates, qui sont des perturbateurs endocriniens et se retrouvent dans toute la chaîne alimentaire. Les risques de pollution sont croissants, car les enveloppes en acier de ces engins se corrodent progressivement et un jour les polluants seront finalement libérés de leur cercueil de métal.
Le troisième danger concerne particulièrement les munitions chimiques qui par nature sont polluantes. La plupart de ces gaz de combat sont à base d’arsenic un poison puissant. Ils sont présents sous la forme de liquides visqueux qui reposent sur le fond marin et sont stables sur plusieurs décennies ( très peu soluble dans l’eau).
Pour des siècles et des siècles
La récupération ou la destruction de ces munitions pose de nombreux problèmes.
Le milieu marin a fragilisé durablement les enveloppes et les rend très fragiles, leur manipulation est donc excessivement périlleuse. Ce sont de véritables bombes à retardement. Ainsi à part les munitions ramenées par les pécheurs, les récupérer en mer pour traiter le problème à terre est inimaginable.
La seconde option, celle de la détonation, présente aussi de forts risques. C’est d’abord un travail très dangereux que ne peuvent réaliser qu’une poignée de spécialistes, le plus souvent les militaires experts dans la guerre des mines. Mais la destruction doit aussi se limiter à un faible nombre de munitions à la fois et isolé des autres au risque de provoquer une véritable réaction en chaîne non contrôlée.
Les risques provoqués par ces munitions sont impossibles à calculer tant ils sont multiples et complexes. La présence de ces menaces invisibles et mouvantes sur les fonds d’une des plus importantes voies maritimes mondiales et le long de côtes très peuplées représente un défi majeur pour les gouvernements qui manquent de vision a long terme et gèrent le problème au jour le jour.
Ainsi la meilleure solution pour le moment reste … de ne rien faire et d’espérer qu’aucune crise majeure ne vienne réveiller les démons du passé.