Etat des lieux
Les élections législatives de mai dernier au Royaume-Uni ont marqué une large victoire des conservateurs, grâce notamment au surprenant « raz-de-marée » du SNP (Scottish National Party) (2). Cette percée conservatrice, ajoutée à la lutte acharnée menée par l’UE pour sauver la Grèce, a ravivé l’euroscepticisme toujours latent dans la société britannique. Cela fait longtemps que David Cameron livre un véritable bras de fer avec Bruxelles. Mai 2015 marquait ainsi un tournant décisif puisqu’après les craintes d’un « Grexit », c’est le Royaume Uni qui remet son appartenance à l’UE en jeu.
L’UE « serait devenu un boulet » pour Londres ! David Cameron a en effet annoncé la tenue d’un référendum en 2016 concernant la question d’une éventuelle sortie de l'UE. Le premier ministre conservateur entend renégocier le statut de la Grande Bretagne au sein de l’Union et annonce faire campagne en faveur d’un « Brexit » si un réaménagement des traités européens n’a pas lieu prochainement. Pari politique ou véritable volonté de sortie ? Le but de la manœuvre reste encore flou… Cependant, l’éventualité d’un « Oui » au référendum procurerait à Cameron un argument politique de taille lors des négociations. L’exemple donné par le Premier Ministre Grec Alexis Tsipras un peu plus tôt cet été, a rappelé qu’en démocratie, le soutien populaire reste un argument de poids pour appuyer ses intentions.
L’exemple de la Grèce illustre d’ailleurs bel et bien la peur de l’Union de se retrouver face à un éclatement communautaire. David Cameron compte ainsi faire pression sur Bruxelles pour obtenir « des réformes portant notamment sur la capacité des citoyens d'autres pays de l'UE à obtenir des aides sociales en Grande-Bretagne, sur des pouvoirs accrus de Londres et sur la possibilité de s'exempter d'une plus grande intégration politique éventuelle. » C’est au sein d’une Union réformée que Londres déclare vouloir poursuivre son aventure européenne. Ces nombreux remous au sein de l’UE font de 2015 une année bien difficile en termes de cohésion communautaire.
Si le scénario du « Brexit » a été questionné sous un angle politique et économique, c’est désormais une dimension plus sociale qui anime la presse ces derniers temps. En effet, une nouvelle question se pose : celle du sort des expatriés européens ou britanniques. Qu’impliquerait cet éventuel « Brexit » pour ces travailleurs?
Mieux vaut prévenir que guérir
Cette éventuelle sortie de l’Union a de quoi inquiéter les 4.6 millions d’expatriés directement concernés, qu’ils soient européens en Grande-Bretagne comme britanniques en Europe (1). Au Royaume-Uni, ils sont environ 2.6 millions de ressortissants européens à vivre loin de leur terre natale. Dans la crainte que ce « Brexit » ne vienne sérieusement compliquer la vie qu’ils se sont créer, ils seraient des milliers, selon une enquête du Guardian, à entamer un processus de naturalisation.
Ainsi, « une sortie impliquerait de fait l’annulation de décennies de régulations et de législations. » Dans ces conditions, le travailleur verrait la fin de l’ajustement des lois entre pays membres et le retour de son permis de travail. Cela signifierait également la fin des traitements privilégiés des retraites perçues dans d’autres pays de l’UE et des arrangements en matière médicale. Des transferts d’argent plus coûteux, la limitation des prestations sociales pour les ressortissants de l’UE et bien d'autres choses tenues pour acquises en tant que citoyen de l'UE…
Guidés par l’idée qu’il vaut mieux prévenir que guérir, ces expatriés sont nombreux à prendre prudemment les devants. Leur motivation ? Les difficultés rencontrées au quotidien pour les ressortissants non-européens qui sont dans l’obligation de renouveler leur permis de séjour. « Je vois ce qui se passe pour des collègues venant d’Inde ou de pays non-européens. Les problèmes sans fins qu’ils ont à obtenir et renouveler leur visa de travailleur qualifié... Je ne voudrais pas que ça puisse nous arriver », s’inquiète Fabrizio Fazzini, un ingénieur sicilien travaillant à Bristol (1).
Cependant, la naturalisation est certes une solution, mais une solution coûteuse ! The Guardian évalue à titre d’exemple le coût de l’acquisition de la nationalité britannique pour Fabrizio Fazzini, sa femme et ses deux enfants à environ 4 930 euros (1). Devenir britannique représente par conséquent un réel investissement.
Une situation de doute pour les expatriés résidant au Royaume-Uni comme pour les britanniques établis un peu partout en Europe qui entament les mêmes démarches. Dans le cas d’un sortie, ces derniers devront-ils laisser la vie qu’ils ont construite et rentrer au Royaume Uni ?
Les craintes gagnent cette communauté, d’autant « que seuls les Européens éligibles à participer aux élections nationales britanniques » auront le droit de se prononcer lors du référendum (4). De plus, les expatriés britanniques ayant vécu plus de 15 ans hors du Royaume-Uni n’auront pas non plus le droit de s’exprimer. Un non droit violemment critiqué par ces derniers qui estiment, à juste titre, anormal de ne pouvoir influer sur un choix dont ils seront les premiers à subir les conséquences (3).
Qu’attendre de ce possible « Brexit » ?
Steve Baker, coprésident du groupe de parlementaires qui prépare la campagne du "non" au référendum, affirme que « Si nous sortons de l’UE, nous ne ferons que regagner de l’influence (5). » C’est ainsi que se positionnent les eurosceptiques qui voient dans le « Brexit » le moyen de reprendre la main sur la souveraineté politique.
Cependant, est-ce une certitude ? Ne peut-on pas avancer l’idée qu’un « Brexit » pourrait aussi amener le pays certes à se "libérer" politiquement mais au prix de profondes incertitudes économiques pour l'avenir ? Incertitudes qui pourraient d’ailleurs coûter des milliers, voir des millions d’emplois. De plus, le remaniement des conditions de séjour allant en se compliquant, on peut également craindre une « fuite des cerveaux » des expatriés n’ayant pas pu être naturalisés et qui contribuaient jusque-là au fonctionnement du pays…
Dès lors, qu’attendre réellement de ce « Brexit »? Un regain d’influence ? Ou bien un risque de marginalisation du Royaume Uni ?
Les élections législatives de mai dernier au Royaume-Uni ont marqué une large victoire des conservateurs, grâce notamment au surprenant « raz-de-marée » du SNP (Scottish National Party) (2). Cette percée conservatrice, ajoutée à la lutte acharnée menée par l’UE pour sauver la Grèce, a ravivé l’euroscepticisme toujours latent dans la société britannique. Cela fait longtemps que David Cameron livre un véritable bras de fer avec Bruxelles. Mai 2015 marquait ainsi un tournant décisif puisqu’après les craintes d’un « Grexit », c’est le Royaume Uni qui remet son appartenance à l’UE en jeu.
L’UE « serait devenu un boulet » pour Londres ! David Cameron a en effet annoncé la tenue d’un référendum en 2016 concernant la question d’une éventuelle sortie de l'UE. Le premier ministre conservateur entend renégocier le statut de la Grande Bretagne au sein de l’Union et annonce faire campagne en faveur d’un « Brexit » si un réaménagement des traités européens n’a pas lieu prochainement. Pari politique ou véritable volonté de sortie ? Le but de la manœuvre reste encore flou… Cependant, l’éventualité d’un « Oui » au référendum procurerait à Cameron un argument politique de taille lors des négociations. L’exemple donné par le Premier Ministre Grec Alexis Tsipras un peu plus tôt cet été, a rappelé qu’en démocratie, le soutien populaire reste un argument de poids pour appuyer ses intentions.
L’exemple de la Grèce illustre d’ailleurs bel et bien la peur de l’Union de se retrouver face à un éclatement communautaire. David Cameron compte ainsi faire pression sur Bruxelles pour obtenir « des réformes portant notamment sur la capacité des citoyens d'autres pays de l'UE à obtenir des aides sociales en Grande-Bretagne, sur des pouvoirs accrus de Londres et sur la possibilité de s'exempter d'une plus grande intégration politique éventuelle. » C’est au sein d’une Union réformée que Londres déclare vouloir poursuivre son aventure européenne. Ces nombreux remous au sein de l’UE font de 2015 une année bien difficile en termes de cohésion communautaire.
Si le scénario du « Brexit » a été questionné sous un angle politique et économique, c’est désormais une dimension plus sociale qui anime la presse ces derniers temps. En effet, une nouvelle question se pose : celle du sort des expatriés européens ou britanniques. Qu’impliquerait cet éventuel « Brexit » pour ces travailleurs?
Mieux vaut prévenir que guérir
Cette éventuelle sortie de l’Union a de quoi inquiéter les 4.6 millions d’expatriés directement concernés, qu’ils soient européens en Grande-Bretagne comme britanniques en Europe (1). Au Royaume-Uni, ils sont environ 2.6 millions de ressortissants européens à vivre loin de leur terre natale. Dans la crainte que ce « Brexit » ne vienne sérieusement compliquer la vie qu’ils se sont créer, ils seraient des milliers, selon une enquête du Guardian, à entamer un processus de naturalisation.
Ainsi, « une sortie impliquerait de fait l’annulation de décennies de régulations et de législations. » Dans ces conditions, le travailleur verrait la fin de l’ajustement des lois entre pays membres et le retour de son permis de travail. Cela signifierait également la fin des traitements privilégiés des retraites perçues dans d’autres pays de l’UE et des arrangements en matière médicale. Des transferts d’argent plus coûteux, la limitation des prestations sociales pour les ressortissants de l’UE et bien d'autres choses tenues pour acquises en tant que citoyen de l'UE…
Guidés par l’idée qu’il vaut mieux prévenir que guérir, ces expatriés sont nombreux à prendre prudemment les devants. Leur motivation ? Les difficultés rencontrées au quotidien pour les ressortissants non-européens qui sont dans l’obligation de renouveler leur permis de séjour. « Je vois ce qui se passe pour des collègues venant d’Inde ou de pays non-européens. Les problèmes sans fins qu’ils ont à obtenir et renouveler leur visa de travailleur qualifié... Je ne voudrais pas que ça puisse nous arriver », s’inquiète Fabrizio Fazzini, un ingénieur sicilien travaillant à Bristol (1).
Cependant, la naturalisation est certes une solution, mais une solution coûteuse ! The Guardian évalue à titre d’exemple le coût de l’acquisition de la nationalité britannique pour Fabrizio Fazzini, sa femme et ses deux enfants à environ 4 930 euros (1). Devenir britannique représente par conséquent un réel investissement.
Une situation de doute pour les expatriés résidant au Royaume-Uni comme pour les britanniques établis un peu partout en Europe qui entament les mêmes démarches. Dans le cas d’un sortie, ces derniers devront-ils laisser la vie qu’ils ont construite et rentrer au Royaume Uni ?
Les craintes gagnent cette communauté, d’autant « que seuls les Européens éligibles à participer aux élections nationales britanniques » auront le droit de se prononcer lors du référendum (4). De plus, les expatriés britanniques ayant vécu plus de 15 ans hors du Royaume-Uni n’auront pas non plus le droit de s’exprimer. Un non droit violemment critiqué par ces derniers qui estiment, à juste titre, anormal de ne pouvoir influer sur un choix dont ils seront les premiers à subir les conséquences (3).
Qu’attendre de ce possible « Brexit » ?
Steve Baker, coprésident du groupe de parlementaires qui prépare la campagne du "non" au référendum, affirme que « Si nous sortons de l’UE, nous ne ferons que regagner de l’influence (5). » C’est ainsi que se positionnent les eurosceptiques qui voient dans le « Brexit » le moyen de reprendre la main sur la souveraineté politique.
Cependant, est-ce une certitude ? Ne peut-on pas avancer l’idée qu’un « Brexit » pourrait aussi amener le pays certes à se "libérer" politiquement mais au prix de profondes incertitudes économiques pour l'avenir ? Incertitudes qui pourraient d’ailleurs coûter des milliers, voir des millions d’emplois. De plus, le remaniement des conditions de séjour allant en se compliquant, on peut également craindre une « fuite des cerveaux » des expatriés n’ayant pas pu être naturalisés et qui contribuaient jusque-là au fonctionnement du pays…
Dès lors, qu’attendre réellement de ce « Brexit »? Un regain d’influence ? Ou bien un risque de marginalisation du Royaume Uni ?
- www.lesechos.fr/monde/europe/021265513728-royaume-uni-des-milliers-de-travailleurs-europeens-demandent-la-nationalite-britannique-de-peur-dune-sortie-de-lue-1144969.php?YeTZEMlryMsLYyVP.99
- http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/international/2015/05/07/006-royaume-uni-resultats-conservateurs-travaillistes-snp.shtml
- http://www.telegraph.co.uk/expat/expatnews/11633091/Expat-vote-ban-lifted-but-not-in-time-for-EU-referendum.html
- http://www.challenges.fr/monde/20150525.REU4868/le-referendum-britannique-sur-l-ue-ferme-aux-expatries-europeens.html
- http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/07/27/le-royaume-uni-plus-fort-dans-le-monde-apres-le-brexit_4700239_3232.html#SbopCPM1zHXZiOJA.99