De toutes les catastrophes auxquelles l’homme moderne est confronté, l’incendie reste dans l’inconscient collectif l’un des fléaux les plus redoutés. Les effets de l’incendie peuvent être dévastateurs, tant pour les personnes que pour les biens. Les dommages affectant l’homme résultent de la fumée et des gaz, des flammes et de la chaleur. Les flammes d’un incendie atteignent en effet une température de 600 à 1 200 °C, provoquant des brûlures immédiates.
Plusieurs incendies mortels survenus récemment dans des lieux accueillant du public sont là pour nous le rappeler, et remettre régulièrement la question de la sécurité incendie à la Une de l’actualité. Après plusieurs drames rapprochés, le ministère de l’Intérieur a demandé au milieu de l’année 2016 un renforcement des contrôles… Et de nombreuses fermetures d’établissements – totales ou partielles – pour non respect de la réglementation dans ce domaine se sont multipliées dans plusieurs villes de France.
A peine quelques mois plus tard, le 3 novembre 2016, un nouveau fait divers horrible faisait la Une des médias. A Amiens, dans la nuit, une maison en bois s’est embrasée puis effondrée, ne laissant aucune chance à ses occupants : un couple d’une vingtaine d’années et leurs deux enfants de quatre ans et dix-huit mois, dont les corps sans vie ont été retrouvés après plusieurs heures de recherches.
Chaque année en France, on dénombre ainsi plus de 260 000 incendies domestiques, soit un toutes les deux minutes, responsables de 600 à 800 décès et d’environ 10 000 blessés. 70% des incendies se produisent la nuit, un sur trois est lié à un incident d’origine électrique, et 80% des décès sont causés par l’asphyxie due aux fumées. En trois minutes, une pièce peut atteindre la température de 600°C. Pour éteindre le départ du feu, il faut un verre d’eau à la première minute, un seau d’eau à la deuxième et une citerne à la troisième.
Minimiser les risques
Pour minimiser les risques face au feu, des règles ont été définies pour chaque type de bâtiment. Elles évoluent souvent en fonction de l’analyse des sinistres. Depuis le 8 mars 2015, tous les logements doivent ainsi être équipés d’au moins un détecteur autonome avertisseur de fumée (DAAF). Une partie des mesures prévues dans la réglementation vise en effet à détecter le feu dès son origine afin de l’éteindre au plus vite. D’où l’utilisation de différents systèmes de sécurité : sprinklers, alarmes, détecteurs, etc.
Depuis cette même date, les parties communes de certains immeubles à usage d’habitation doivent également mettre en œuvre de nouvelles mesures de sécurité (installation de portes coupe-feu, etc.) visant à éviter la propagation de l’incendie si le départ de feu intervient dans les locaux à risques, comme le local-poubelle ou le sous-sol, ou visant à faciliter l’évacuation de l’immeuble (affichage des consignes de sécurité et des plans). Les exigences de la réglementation, qui doivent être prises en compte dès la conception des bâtiments, ont en effet également pour objectifs de limiter la propagation du feu et de faciliter l’évacuation des personnes et l’intervention des secours. En matière de construction, ces règles se traduisent par la mise en place de dégagements, de compartiments et d’écrans coupe-feu ainsi que par le choix de structures et de matériaux résistants et stables au feu.
L’importance des matériaux
Pour démarrer, le feu a en effet besoin de trois éléments : une flamme ou une source de chaleur, de l’air et du combustible. Si les matériaux utilisés pour les parois sont inflammables, ils vont contribuer au développement du feu. S’ils ne peuvent empêcher le passage des flammes et de la fumée, ils ne vont pas retarder sa propagation. Et s’ils ne sont pas capables d’assurer la stabilité de la construction, celle-ci risque de s’effondrer.
Conformément au code de la construction, les matériaux sont classés selon leur réaction au feu – leur capacité ou non à nourrir le feu – et leur résistance au feu – le temps durant lequel ils continuent à jouer leur rôle d’élément de construction dans les conditions de l’incendie. Pour la réaction au feu, les matériaux sont donc répartis en deux catégories, ceux combustibles et ceux incombustibles, et répartis en six classes (A1 à F) selon leur niveau d’inflammabilité. Sur le plan de la résistance au feu, ils sont considérés comme « stables au feu », « pare-flammes » ou « coupe-feu », en fonction de leur étanchéité aux flammes et aux gaz chauds, de leurs qualités d’isolation thermique ou de leurs capacités de résistance mécanique.
Certains matériaux présentent évidemment moins de garanties que d’autres en matière de protection contre le feu. Le bois, par exemple, est combustible : lors d’un incendie, il va donc nourrir le feu. A l’état naturel, il est généralement classé D (moyennement inflammable) sur le plan de la réaction au feu. Concrètement, il s’enflamme entre 250 et 300°C. En termes de résistance au feu, ce matériau se consume d’un centimètre en quinze minutes et le montant d’ossature classique, s’il est attaqué des deux côtés, se consume en moins de trente minutes, pouvant ainsi entraîner l’effondrement de la maison.
La construction en bois, facteur de risques, aujourd’hui remise en cause
C’est ce qu’est venu cruellement rappeler le drame d’Amiens, mais aussi plusieurs incendies d’habitations en bois qui ont fait la Une de la presse régionale et parfois nationale au cours des derniers mois. Le 5 décembre 2016, à Pluvigner (56), en Bretagne, une maison en bois part en fumée. Le 22 décembre, à Le Deschaux (39), dans le Jura, un pavillon en ossature bois est dévasté suite à un incendie parti du poêle de chauffage. Le 31 décembre à Hermanville-sur-Mer (14), en Normandie, c’est un feu de cheminée qui se propage à la toiture d’une maison en bois. Les incendies se succèdent : le 21 janvier 2017 à Chinon (37), le 22 janvier à Hérouville-Saint-Clair (14), le 17 février à Widensolen (68), en Alsace, où le feu est parti d’une terrasse en bois… Partout, le même constat, les mêmes témoignages : « la maison s’est embrasée très vite et a été totalement détruite ».
Malgré les progrès réalisés ces dernières années, notamment avec les bois ignifugés par traitement, ce matériau n’est donc pas sans risque du point de vue de la sécurité incendie. Le débat sur les immeubles de grande hauteur en bois, annoncés comme imminents en France, en est aussi une illustration. Récemment, sur le site professionnel batiactu.com, le professeur José Luis Torero, expert international de la sécurité incendie, a ainsi fait part de ses doutes : « construire un immeuble en bois de 25 étages, c’est aussi compliqué que de réaliser la tour Burj Dubaï ! Il faut convoquer des ingénieurs de haut niveau pour aborder des questions nouvelles, à la complexité énorme… Le bois peut en effet entretenir la combustion. La question est d’arriver à l’auto-extinction, c’est-à-dire que la structure de l’immeuble ne participe pas à l’alimentation de l'incendie. Et il n'y a pas de réponse facile à cette problématique ».
Plusieurs incendies mortels survenus récemment dans des lieux accueillant du public sont là pour nous le rappeler, et remettre régulièrement la question de la sécurité incendie à la Une de l’actualité. Après plusieurs drames rapprochés, le ministère de l’Intérieur a demandé au milieu de l’année 2016 un renforcement des contrôles… Et de nombreuses fermetures d’établissements – totales ou partielles – pour non respect de la réglementation dans ce domaine se sont multipliées dans plusieurs villes de France.
A peine quelques mois plus tard, le 3 novembre 2016, un nouveau fait divers horrible faisait la Une des médias. A Amiens, dans la nuit, une maison en bois s’est embrasée puis effondrée, ne laissant aucune chance à ses occupants : un couple d’une vingtaine d’années et leurs deux enfants de quatre ans et dix-huit mois, dont les corps sans vie ont été retrouvés après plusieurs heures de recherches.
Chaque année en France, on dénombre ainsi plus de 260 000 incendies domestiques, soit un toutes les deux minutes, responsables de 600 à 800 décès et d’environ 10 000 blessés. 70% des incendies se produisent la nuit, un sur trois est lié à un incident d’origine électrique, et 80% des décès sont causés par l’asphyxie due aux fumées. En trois minutes, une pièce peut atteindre la température de 600°C. Pour éteindre le départ du feu, il faut un verre d’eau à la première minute, un seau d’eau à la deuxième et une citerne à la troisième.
Minimiser les risques
Pour minimiser les risques face au feu, des règles ont été définies pour chaque type de bâtiment. Elles évoluent souvent en fonction de l’analyse des sinistres. Depuis le 8 mars 2015, tous les logements doivent ainsi être équipés d’au moins un détecteur autonome avertisseur de fumée (DAAF). Une partie des mesures prévues dans la réglementation vise en effet à détecter le feu dès son origine afin de l’éteindre au plus vite. D’où l’utilisation de différents systèmes de sécurité : sprinklers, alarmes, détecteurs, etc.
Depuis cette même date, les parties communes de certains immeubles à usage d’habitation doivent également mettre en œuvre de nouvelles mesures de sécurité (installation de portes coupe-feu, etc.) visant à éviter la propagation de l’incendie si le départ de feu intervient dans les locaux à risques, comme le local-poubelle ou le sous-sol, ou visant à faciliter l’évacuation de l’immeuble (affichage des consignes de sécurité et des plans). Les exigences de la réglementation, qui doivent être prises en compte dès la conception des bâtiments, ont en effet également pour objectifs de limiter la propagation du feu et de faciliter l’évacuation des personnes et l’intervention des secours. En matière de construction, ces règles se traduisent par la mise en place de dégagements, de compartiments et d’écrans coupe-feu ainsi que par le choix de structures et de matériaux résistants et stables au feu.
L’importance des matériaux
Pour démarrer, le feu a en effet besoin de trois éléments : une flamme ou une source de chaleur, de l’air et du combustible. Si les matériaux utilisés pour les parois sont inflammables, ils vont contribuer au développement du feu. S’ils ne peuvent empêcher le passage des flammes et de la fumée, ils ne vont pas retarder sa propagation. Et s’ils ne sont pas capables d’assurer la stabilité de la construction, celle-ci risque de s’effondrer.
Conformément au code de la construction, les matériaux sont classés selon leur réaction au feu – leur capacité ou non à nourrir le feu – et leur résistance au feu – le temps durant lequel ils continuent à jouer leur rôle d’élément de construction dans les conditions de l’incendie. Pour la réaction au feu, les matériaux sont donc répartis en deux catégories, ceux combustibles et ceux incombustibles, et répartis en six classes (A1 à F) selon leur niveau d’inflammabilité. Sur le plan de la résistance au feu, ils sont considérés comme « stables au feu », « pare-flammes » ou « coupe-feu », en fonction de leur étanchéité aux flammes et aux gaz chauds, de leurs qualités d’isolation thermique ou de leurs capacités de résistance mécanique.
Certains matériaux présentent évidemment moins de garanties que d’autres en matière de protection contre le feu. Le bois, par exemple, est combustible : lors d’un incendie, il va donc nourrir le feu. A l’état naturel, il est généralement classé D (moyennement inflammable) sur le plan de la réaction au feu. Concrètement, il s’enflamme entre 250 et 300°C. En termes de résistance au feu, ce matériau se consume d’un centimètre en quinze minutes et le montant d’ossature classique, s’il est attaqué des deux côtés, se consume en moins de trente minutes, pouvant ainsi entraîner l’effondrement de la maison.
La construction en bois, facteur de risques, aujourd’hui remise en cause
C’est ce qu’est venu cruellement rappeler le drame d’Amiens, mais aussi plusieurs incendies d’habitations en bois qui ont fait la Une de la presse régionale et parfois nationale au cours des derniers mois. Le 5 décembre 2016, à Pluvigner (56), en Bretagne, une maison en bois part en fumée. Le 22 décembre, à Le Deschaux (39), dans le Jura, un pavillon en ossature bois est dévasté suite à un incendie parti du poêle de chauffage. Le 31 décembre à Hermanville-sur-Mer (14), en Normandie, c’est un feu de cheminée qui se propage à la toiture d’une maison en bois. Les incendies se succèdent : le 21 janvier 2017 à Chinon (37), le 22 janvier à Hérouville-Saint-Clair (14), le 17 février à Widensolen (68), en Alsace, où le feu est parti d’une terrasse en bois… Partout, le même constat, les mêmes témoignages : « la maison s’est embrasée très vite et a été totalement détruite ».
Malgré les progrès réalisés ces dernières années, notamment avec les bois ignifugés par traitement, ce matériau n’est donc pas sans risque du point de vue de la sécurité incendie. Le débat sur les immeubles de grande hauteur en bois, annoncés comme imminents en France, en est aussi une illustration. Récemment, sur le site professionnel batiactu.com, le professeur José Luis Torero, expert international de la sécurité incendie, a ainsi fait part de ses doutes : « construire un immeuble en bois de 25 étages, c’est aussi compliqué que de réaliser la tour Burj Dubaï ! Il faut convoquer des ingénieurs de haut niveau pour aborder des questions nouvelles, à la complexité énorme… Le bois peut en effet entretenir la combustion. La question est d’arriver à l’auto-extinction, c’est-à-dire que la structure de l’immeuble ne participe pas à l’alimentation de l'incendie. Et il n'y a pas de réponse facile à cette problématique ».