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Michel Goya : "un soldat augmenté, c’est quelqu’un qui maîtrise l’emballement de son cœur"




Publié par le 30 Janvier 2020

Le colonel Michel Goya est intervenu récemment dans un TEDx, sur le thème du soldat du futur. Une thématique qu’il a tenu à remettre à sa juste place.



De l'amygdale au néocortex : comment un soldat se transforme

Capture d'écran YouTube
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Au cœur des combats, le soldat peut devenir un être transformé. Plus fort, plus calme, plus intelligent, mais totalement inconscient du danger. C’est de cette manière-là, à l’aune de son expérience personnelle, que le colonel Michel Goya définit, d’une certaine façon, le soldat augmenté. C’est aussi de cette manière que débute le TEDx que l’universitaire a donné fin janvier à Issy-les-Moulineaux. Une conférence qui avait pour thème : "Le soldat du futur : technologie ou volonté ?"

Le point de départ de cette transformation, de cette situation particulière à un moment donné, en l’occurrence un combat, c’est l’amygdale. Une partie du cerveau reliée à la mémoire que le colonel Goya définit comme "la sentinelle du corps". Lorsque l’amygdale décèle des indices de danger dans l’environnement d’une personne, alors elle mobilise le corps, transforme une personne en "super-héros", le temps de faire face à cette menace. L’information arrive ensuite au néocortex, sous la forme d’une question : suis-je capable de faire face à ce danger ? Et tout dépend de la réponse. Si la réponse est oui, le soldat augmenté demeure. Si la réponse est non, la mobilisation se transformera en emballement. Au fur et à mesure que les pulsations/minute augmentent, on n'est alors plus capable de prendre de décision, de faire preuve d’habileté.

L'entraînement et l'esprit de corps, piliers de la volonté du combattant

La proximité de la mort, explique le colonel Goya, va entraîner des soldats différents : des soldats capables de faire face, des soldats augmentés, et d’autres, diminués. Toute la formation consiste à faire basculer les réactions du bon côté. "Un soldat augmenté, c’est quelqu’un qui maîtrise l’emballement de son cœur" lance Michel Goya, qui vient au point essentiel : avant de barder un soldat d’équipement, il faut le barder de confiance et de volonté. Pour cela, une seule solution : le plonger dans des situations difficiles, proches de la réalité, pour créer de la confiance.

Mais même un soldat augmenté ne peut pas faire face à des situations de mort, seul, comme dans les films. "Un soldat travaille toujours en équipe. Cela crée des obligations. Quand on est entouré, on sera beaucoup plus incité à faire des choses" analyse le colonel Goya. Une équipe qui s’inscrit elle-même dans une communauté, et qui fait que les soldats "sont quelqu’un", "font honneur au régiment".

L'équipement n'est rien sans la volonté

"Vous pouvez barder un individu de tout ce que vous voulez, s’il est paralysé à l’intérieur, il sera à la merci d’un homme en peau de bête avec une massue, qui lui contrôlera l’emballement de son cœur" lance l’universitaire. En France, l’équipement du soldat augmenté, c’est le FELIN. Un soldat FELIN, c’est 42.000 euros. "Au Sahel, avec 42.000 euros, ils payent une centaine de combattants pendant un mois" explique-t-il.

Pour le colonel Goya, si l’on tire au sort le combattant type dans 20 ans, il s’agira d’un homme en jean, autoformé, équipé d’un AK-47 (une arme mise en service en…1947), mais rempli de volonté. Une comparaison avec les frères Kouachi, autoformés, autoéquipés, et très déterminés. Les hommes pleins de (bonne) volonté, ceux qui intègrent l’armée française, n’ont jamais été aussi peu nombreux, pour autant de personnes à protéger. Des volontaires, au sens propre du terme, dont il faut prendre soin, plaide Michel Goya. Du moins autant de soin que celui accordé au développement matériel et technique du soldat du futur.
 



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