L’ingénieur soviétique, ancien député de la Douma et général de l’Armée rouge parmi les plus décorés de Russie, aurait pourtant exprimé quelques regrets à propos de « l’utilité » de son invention, lors d’une exposition récente sur « son » arme. Originellement associée à l’Armée Rouge sous Staline et au Pacte de Varsovie, la Kalachnikov est devenue, au fil du temps et de sa diffusion incontrôlée, l’arme symbole des mouvements révolutionnaires, toutes tendances confondues. Le mouvement indépendantiste FRELIMO au Mozambique, d’obédience marxiste-léniniste, fera d’ailleurs figurer l’arme sur son drapeau, devenu emblème national officiel depuis 1983. Avec le Guatemala, le Mozambique est ainsi le seul pays à faire figurer une arme sur son drapeau (même si la Kalachnikov se retrouve aussi sur les armoiries du Timor-Oriental).
Mais aujourd’hui, au grand dam de son inventeur, l’arme est désormais plus volontiers associée au grand banditisme et aux mouvements terroristes. Une raison évidente à cela : du fait d’une licence libre, d’une relative facilité de fabrication et de stocks gigantesques issus pour partie de l’ex-URSS, l’arme est la plus diffusée au monde : il existe une Kalachnikov pour 70 habitants sur Terre, soit 100 à 110 millions d’exemplaires environ. Du coup, l’arme est l’un des carburants principaux de tous les trafics d’armes de la planète. Si en France, une ‘Kalach’ en bon état peut se négocier entre 500 et 2 000 euros dans certaines banlieues, il est toujours possible de s’en procurer une pour quelques centaines de dollars sur le marché de Bakara à Mogadiscio.
Au-delà des caractéristiques économiques de sa diffusion, qui porte plus à considérer la Kalachnikov comme un legs empoisonné de l’URSS stalinienne, l’arme a naturellement des caractéristiques techniques qui ont très largement contribué à son succès. Le fusil d’assaut, dénommé Avtomat Kalashnikova et officiellement mis en service dans l’Armée Rouge en 1947 (d’où AK-47) est une arme simple d’emploi, rustique, facile à démonter et à entretenir. C’est l’arme idéale du fantassin. Bien que son cran de mire puisse être réglé en hausse pour des tirs jusqu’à 1 000 mètres, la portée pratique maximale est d’environ 400 mètres, pour une cadence de tir théorique de 600 coups par minute, limitée, comme toutes les armes, par les risques d’échauffement et d’usure prématurée du canon (la cadence pratique plus proche des 150 coups par minute).
Les origines de l’AK-47 n’ont rien de mystérieuses, puisque l’arme s’inspire très ouvertement du fusil d’assaut Sturmgewehr 44, aussi appelé STG-44 (ou MP-43 et 44 dans ses premières versions). Le concepteur du STG-44, l’ingénieur allemand Hugo Schmeisser deviendra d’ailleurs, après sa capture par l’Armée Rouge, un des adjoints de Mikhaïl Kalachnikov. Mais l’arme s’inspire également d’un autre produit de l’arsenal soviétique : la carabine semi-automatique Simonov, ou SKS, dont les mécanismes de verrouillage, d’approvisionnement par lames-chargeurs et de détente seraient apparemment copiés sur le fusil M1 Garand et la carabine USM1. Mais le véritable coup de génie de l’AK-47, ce n’est pas tant l’arme que sa munition : la prolifique 7,62 x 39 mm, modèle 1943, dérivée (elle-aussi) de la munition allemande du STG-44, la 7,92 x 33 mm Kurz, diffusée à partir de 1941. Le premier chiffre correspond (en théorie) au calibre, c'est- à-dire au diamètre du projectile, le deuxième à la longueur de l’étui, ce dernier souvent et improprement appelé douille (on ne parle en réalité de douille qu’à partir du calibre 20 mm).
Durant la seconde guerre mondiale, l’armement d’infanterie présente un défaut tactique et technique qui donne du fil à retordre aux ingénieurs de tous les camps : il n’existe pas encore d’armes individuelles intermédiaires réunissant les avantages de pistolet-mitrailleur (légèreté, praticité, faible encombrement et bonne cadence de tir) et ceux du fusil (portée et puissance d’impact). En bref, le fusil d’assaut reste à inventer. Mais avant de songer à l’arme en elle-même, il faut commencer par trouver une munition qui soit le meilleur compromis possible entre encombrement, poids, précision et puissance, tout en permettant une cadence de tir élevée avec un faible recul. La solution prend tout d’abord la forme de la 7,92 x 33 mm Kurz allemande, déclinaison raccourcie de la 7,92 × 57 mm Mauser, utilisé aussi bien dans le fusil Kar-98k que dans la célèbre MG-42. Une fois récupérée et copiée par le camp soviétique, elle donne naissance à la 7,62 x 39 mm M43. Seules ces versions raccourcies permettent un tir en rafales courtes, sans que l’arme ne pointe vers le ciel, sous l’effet du recul et du mouvement de la culasse. Les fusils d’assaut ne sont pas conçus de toute façon pour des rafales soutenues, même si l’arme peut techniquement le faire. Mais elles conservent tout de même une puissance et une précision suffisantes pour des tirs 'efficaces' jusqu’à 400 mètres. L’arme polyvalente que l’infanterie attendait peut désormais naitre.
Comparativement à sa grande rivale plus tardive, la munition 5,56 x 45 mm OTAN, la munition soviétique a une vitesse initiale relativement lente (720 m/s contre 960 m/s pour la munition OTAN) mais un poids d’ogive supérieur. L’énergie cinétique étant une combinaison du poids et de la vitesse, c’est la munition soviétique qui l’emporte avec près de 2000 joules de puissance initiale contre 1700 environ pour la munition OTAN. Le poids de la munition soviétique implique aussi qu’elle conserve plus longtemps cette énergie sur trajectoire, avec à l’arrivée une puissance d’impact très supérieure à la munition OTAN à distance équivalente. C’est entre autres cette différence de puissance qui expliquera le succès de l’arme par rapport à la très prolifique famille M-16 américaine. Outre de sérieux défauts de jeunesse, il sera toujours reproché à cette arme une puissance d’impact et de pénétration très inférieure à son équivalent du bloc de l’Est.
Mais aujourd’hui, au grand dam de son inventeur, l’arme est désormais plus volontiers associée au grand banditisme et aux mouvements terroristes. Une raison évidente à cela : du fait d’une licence libre, d’une relative facilité de fabrication et de stocks gigantesques issus pour partie de l’ex-URSS, l’arme est la plus diffusée au monde : il existe une Kalachnikov pour 70 habitants sur Terre, soit 100 à 110 millions d’exemplaires environ. Du coup, l’arme est l’un des carburants principaux de tous les trafics d’armes de la planète. Si en France, une ‘Kalach’ en bon état peut se négocier entre 500 et 2 000 euros dans certaines banlieues, il est toujours possible de s’en procurer une pour quelques centaines de dollars sur le marché de Bakara à Mogadiscio.
Au-delà des caractéristiques économiques de sa diffusion, qui porte plus à considérer la Kalachnikov comme un legs empoisonné de l’URSS stalinienne, l’arme a naturellement des caractéristiques techniques qui ont très largement contribué à son succès. Le fusil d’assaut, dénommé Avtomat Kalashnikova et officiellement mis en service dans l’Armée Rouge en 1947 (d’où AK-47) est une arme simple d’emploi, rustique, facile à démonter et à entretenir. C’est l’arme idéale du fantassin. Bien que son cran de mire puisse être réglé en hausse pour des tirs jusqu’à 1 000 mètres, la portée pratique maximale est d’environ 400 mètres, pour une cadence de tir théorique de 600 coups par minute, limitée, comme toutes les armes, par les risques d’échauffement et d’usure prématurée du canon (la cadence pratique plus proche des 150 coups par minute).
Les origines de l’AK-47 n’ont rien de mystérieuses, puisque l’arme s’inspire très ouvertement du fusil d’assaut Sturmgewehr 44, aussi appelé STG-44 (ou MP-43 et 44 dans ses premières versions). Le concepteur du STG-44, l’ingénieur allemand Hugo Schmeisser deviendra d’ailleurs, après sa capture par l’Armée Rouge, un des adjoints de Mikhaïl Kalachnikov. Mais l’arme s’inspire également d’un autre produit de l’arsenal soviétique : la carabine semi-automatique Simonov, ou SKS, dont les mécanismes de verrouillage, d’approvisionnement par lames-chargeurs et de détente seraient apparemment copiés sur le fusil M1 Garand et la carabine USM1. Mais le véritable coup de génie de l’AK-47, ce n’est pas tant l’arme que sa munition : la prolifique 7,62 x 39 mm, modèle 1943, dérivée (elle-aussi) de la munition allemande du STG-44, la 7,92 x 33 mm Kurz, diffusée à partir de 1941. Le premier chiffre correspond (en théorie) au calibre, c'est- à-dire au diamètre du projectile, le deuxième à la longueur de l’étui, ce dernier souvent et improprement appelé douille (on ne parle en réalité de douille qu’à partir du calibre 20 mm).
Durant la seconde guerre mondiale, l’armement d’infanterie présente un défaut tactique et technique qui donne du fil à retordre aux ingénieurs de tous les camps : il n’existe pas encore d’armes individuelles intermédiaires réunissant les avantages de pistolet-mitrailleur (légèreté, praticité, faible encombrement et bonne cadence de tir) et ceux du fusil (portée et puissance d’impact). En bref, le fusil d’assaut reste à inventer. Mais avant de songer à l’arme en elle-même, il faut commencer par trouver une munition qui soit le meilleur compromis possible entre encombrement, poids, précision et puissance, tout en permettant une cadence de tir élevée avec un faible recul. La solution prend tout d’abord la forme de la 7,92 x 33 mm Kurz allemande, déclinaison raccourcie de la 7,92 × 57 mm Mauser, utilisé aussi bien dans le fusil Kar-98k que dans la célèbre MG-42. Une fois récupérée et copiée par le camp soviétique, elle donne naissance à la 7,62 x 39 mm M43. Seules ces versions raccourcies permettent un tir en rafales courtes, sans que l’arme ne pointe vers le ciel, sous l’effet du recul et du mouvement de la culasse. Les fusils d’assaut ne sont pas conçus de toute façon pour des rafales soutenues, même si l’arme peut techniquement le faire. Mais elles conservent tout de même une puissance et une précision suffisantes pour des tirs 'efficaces' jusqu’à 400 mètres. L’arme polyvalente que l’infanterie attendait peut désormais naitre.
Comparativement à sa grande rivale plus tardive, la munition 5,56 x 45 mm OTAN, la munition soviétique a une vitesse initiale relativement lente (720 m/s contre 960 m/s pour la munition OTAN) mais un poids d’ogive supérieur. L’énergie cinétique étant une combinaison du poids et de la vitesse, c’est la munition soviétique qui l’emporte avec près de 2000 joules de puissance initiale contre 1700 environ pour la munition OTAN. Le poids de la munition soviétique implique aussi qu’elle conserve plus longtemps cette énergie sur trajectoire, avec à l’arrivée une puissance d’impact très supérieure à la munition OTAN à distance équivalente. C’est entre autres cette différence de puissance qui expliquera le succès de l’arme par rapport à la très prolifique famille M-16 américaine. Outre de sérieux défauts de jeunesse, il sera toujours reproché à cette arme une puissance d’impact et de pénétration très inférieure à son équivalent du bloc de l’Est.