Diplomatie
L'Europe face à un transfert de responsabilité
Les États-Unis, historiquement le principal soutien militaire de l'Ukraine, réorientent radicalement leur politique internationale depuis l'élection de Donald Trump. L'administration américaine préconise désormais une implication accrue de l'Europe, estimant que le conflit en Ukraine concerne directement la sécurité du continent. Le secrétaire à la Défense américain a ainsi souligné que l'Europe devait assumer la part prépondérante de l'aide à Kiev. Ce changement de cap repose sur un constat : l'Europe a déjà augmenté sa contribution, prenant la tête du soutien financier et humanitaire à l'Ukraine.
En 2024, elle a financé près de 60% de l'aide totale, contre 40% pour les États-Unis. Mais si Washington réduit encore son engagement, les gouvernements européens devront combler un manque estimé à 30 à 40 milliards d'euros par an. Cette perspective inquiète certains dirigeants. La hausse des dépenses militaires risque d'accentuer les tensions budgétaires en Europe, d'autant que l'augmentation des contributions à l'OTAN est déjà sur la table. Plusieurs pays, comme la Pologne, ont déjà dépassé les 4% de leur PIB en dépenses de défense. Mais une participation accrue généralisée à cet effort pourrait peser lourdement sur les finances publiques des États européens.
Un coût astronomique pour la reconstruction et la sécurité
Au-delà de l'aide immédiate, la question du coût de la reconstruction de l'Ukraine s'impose. Selon des estimations, la facture pourrait dépasser les 3.100 milliards de dollars sur une décennie. Ce montant inclut la réhabilitation des infrastructures détruites, le redressement économique, ainsi que le renforcement des capacités de défense ukrainiennes. Outre l'Ukraine, l'Europe elle-même doit repenser sa sécurité. Plusieurs responsables de l'OTAN préconisent une augmentation significative des budgets militaires. Certains suggèrent de porter les dépenses de défense des États membres à 3% voire 5% du PIB. Une telle mesure impliquerait un investissement massif dans l'industrie de l'armement et la modernisation des forces armées.
Déjà, l'industrie de défense européenne est sous pression pour accélérer la production d'équipements militaires destinés à Kiev. Si au début du conflit, l'aide militaire provenait des stocks nationaux, désormais, une majorité des livraisons repose sur de nouvelles commandes passées aux industriels. En Allemagne, près de 75% des armes livrées à l'Ukraine proviennent de la production en cours.
