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Le futur de la zone euro en suspens...
À peine la crise financière de 2007-2009 résolue, les dirigeants européens affrontent un nouveau problème majeur en 2010, après les révélations des dettes monstres de la Grèce, imitée plus tard par l'Irlande. Cette crise de la dette concerne également l'Italie, l'Espagne, le Portugal... et même la France. Deux ans durant, les politiciens et argentiers de l'Union européenne s'efforcent de lutter contre cette grave tribulation économique. Entre les interventions répétitives de la Banque centrale européenne, les aides massives de l'Allemagne – et des autres pays riches de l'union monétaire – et les mesures de restriction budgétaire, presque toutes les solutions ont été mises sur la table.
Fructueuses à court et moyen termes, ces réponses ont eu le mérite d'enrayer la récession en Irlande, calmer la situation en Grèce et ralentir l'hémorragie financière en France. Devant ces résultats, le président français François Hollande s'est même fendu d'un petit « la crise est derrière nous » lors d'une visite à Tokyo début juin 2013. Seulement, ce petit élan – ou écart – d'optimisme ne concorde pas du tout avec les prévisions des experts. Aussi réconfortante soit la reprise économique dans certains pays de l'Union, la monnaie unique est toujours sous une épée de Damoclès, pour mille et une raisons.
Des menaces sérieuses et avérées
À première vue, les déclarations optimistes des dirigeants en début d'année semblent logiques. En effet, comment ne peut-on pas être satisfait devant la création du Mécanisme européen de stabilité ou MES ? Comment ne pas être optimiste en attendant l'accroissement probable du pouvoir de la BCE sur les emprunts d'État avec son puissant outil OMT ? Seulement, avancer vers une union bancaire de l'Europe ne garantit aucunement une stabilité économique et financière sur le long terme. D'ailleurs, sur le terrain, les signes annonciateurs d'une crise en préparation s'annoncent un peu partout
.
Plusieurs analystes s'inquiètent en premier lieu du niveau encore élevé des coûts de financement du secteur privé. Calculés en moyenne à 3,5 %, les taux de crédits appliqués dans le privé dépassent de loin les ratios de croissance — autour de 1 % — des prochaines années. Pour les investisseurs, ce décalage est fort décourageant et ne favorise ni la rentabilité de leurs affaires, ni leur désendettement. Autre signal fort, les industriels européens font traîner la liquidation de leurs passifs par rapport à leurs homologues étasuniens ou asiatiques. Si, outre-Atlantique, l'endettement privé est revenu au même niveau observé en 2003, la situation en Europe a à peine évolué. Cette lenteur explique en partie le recul de la demande intérieure en zone euro ces derniers mois.
Malgré les efforts budgétaires consentis depuis 2009, les pays de l'Union se trouvent encore loin de l'équilibre financier. Des restrictions supplémentaires seront à l'évidence votées ces prochaines années, une perspective pas franchement encourageante pour la croissance en zone euro. Malgré les avancées remarquables vers l'union bancaire, le cercle des 17 se heurte encore au grand mur des discordances politiques et fiscales, l'empêchant de rêver d'une mutualisation à l'échelle du continent des dettes souveraines. Pour ces motifs et d'autres, plus ou moins évidents, on peut affirmer avec quasi-certitude que la crise de l'euro n'est pas près de s'arrêter. Dans ce cas, à quoi les pays de l'Union monétaire pourraient-ils s'attendre ? Quelques think tanks et observateurs ont envisagé quelques scénarii sur ce sujet.
Que deviendra la zone euro ?
Uri Dadush, éminent observateur du Carnegie Endowment, se montre formel : dans un « Euroland » où 18 millions de personnes ne travaillent pas, la situation risque de se dégrader à n'importe quel moment. Surtout si le taux de chômage devait continuer à s'envoler dans les prochains mois. Dans ce cas, l'embellie constatée sur les marchés financiers, du fait de l'adoption de différences mécanismes de soutien (MES, OMT), serait brève. Faut-il pour autant s'attendre à un éclatement de l'Union monétaire ? Un tel scénario n'est pas inimaginable, estime le think tank allemand Friedrich Ebert Stiftung. L'effondrement de la zone euro entraînerait l'instauration de régimes protectionnistes sur le Vieux-Continent, mettant fin à plusieurs décennies de libre-échange. Cette implosion conduirait également la cession de certains actifs stratégiques à de puissances étrangères.
Autre cas de figure : certains pays abandonnent la monnaie unique. Seules les nations les plus stables et résistantes économiquement la conservent. Qui sont ces pays ? Principalement les États d'Europe du Nord, répondent les analystes. Une autre conjecture prévoit le maintien des conditions actuelles : la zone euro résiste, mais les tensions naissantes continuent de paralyser le groupe. Simple prolongement de la réalité d'aujourd'hui, ce pronostic aboutirait forcément à un changement majeur dans l'Union. En dernière hypothèse – donc la moins probable –, l'institut Friedrich Ebert Stiftung se veut plus rassurant : le cercle des 17 trouve in extremis un accord de coordination et d'harmonisation de leurs politiques fiscales respectives. L'avenir nous dira lequel de ces scénarii vise juste...
À peine la crise financière de 2007-2009 résolue, les dirigeants européens affrontent un nouveau problème majeur en 2010, après les révélations des dettes monstres de la Grèce, imitée plus tard par l'Irlande. Cette crise de la dette concerne également l'Italie, l'Espagne, le Portugal... et même la France. Deux ans durant, les politiciens et argentiers de l'Union européenne s'efforcent de lutter contre cette grave tribulation économique. Entre les interventions répétitives de la Banque centrale européenne, les aides massives de l'Allemagne – et des autres pays riches de l'union monétaire – et les mesures de restriction budgétaire, presque toutes les solutions ont été mises sur la table.
Fructueuses à court et moyen termes, ces réponses ont eu le mérite d'enrayer la récession en Irlande, calmer la situation en Grèce et ralentir l'hémorragie financière en France. Devant ces résultats, le président français François Hollande s'est même fendu d'un petit « la crise est derrière nous » lors d'une visite à Tokyo début juin 2013. Seulement, ce petit élan – ou écart – d'optimisme ne concorde pas du tout avec les prévisions des experts. Aussi réconfortante soit la reprise économique dans certains pays de l'Union, la monnaie unique est toujours sous une épée de Damoclès, pour mille et une raisons.
Des menaces sérieuses et avérées
À première vue, les déclarations optimistes des dirigeants en début d'année semblent logiques. En effet, comment ne peut-on pas être satisfait devant la création du Mécanisme européen de stabilité ou MES ? Comment ne pas être optimiste en attendant l'accroissement probable du pouvoir de la BCE sur les emprunts d'État avec son puissant outil OMT ? Seulement, avancer vers une union bancaire de l'Europe ne garantit aucunement une stabilité économique et financière sur le long terme. D'ailleurs, sur le terrain, les signes annonciateurs d'une crise en préparation s'annoncent un peu partout
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Plusieurs analystes s'inquiètent en premier lieu du niveau encore élevé des coûts de financement du secteur privé. Calculés en moyenne à 3,5 %, les taux de crédits appliqués dans le privé dépassent de loin les ratios de croissance — autour de 1 % — des prochaines années. Pour les investisseurs, ce décalage est fort décourageant et ne favorise ni la rentabilité de leurs affaires, ni leur désendettement. Autre signal fort, les industriels européens font traîner la liquidation de leurs passifs par rapport à leurs homologues étasuniens ou asiatiques. Si, outre-Atlantique, l'endettement privé est revenu au même niveau observé en 2003, la situation en Europe a à peine évolué. Cette lenteur explique en partie le recul de la demande intérieure en zone euro ces derniers mois.
Malgré les efforts budgétaires consentis depuis 2009, les pays de l'Union se trouvent encore loin de l'équilibre financier. Des restrictions supplémentaires seront à l'évidence votées ces prochaines années, une perspective pas franchement encourageante pour la croissance en zone euro. Malgré les avancées remarquables vers l'union bancaire, le cercle des 17 se heurte encore au grand mur des discordances politiques et fiscales, l'empêchant de rêver d'une mutualisation à l'échelle du continent des dettes souveraines. Pour ces motifs et d'autres, plus ou moins évidents, on peut affirmer avec quasi-certitude que la crise de l'euro n'est pas près de s'arrêter. Dans ce cas, à quoi les pays de l'Union monétaire pourraient-ils s'attendre ? Quelques think tanks et observateurs ont envisagé quelques scénarii sur ce sujet.
Que deviendra la zone euro ?
Uri Dadush, éminent observateur du Carnegie Endowment, se montre formel : dans un « Euroland » où 18 millions de personnes ne travaillent pas, la situation risque de se dégrader à n'importe quel moment. Surtout si le taux de chômage devait continuer à s'envoler dans les prochains mois. Dans ce cas, l'embellie constatée sur les marchés financiers, du fait de l'adoption de différences mécanismes de soutien (MES, OMT), serait brève. Faut-il pour autant s'attendre à un éclatement de l'Union monétaire ? Un tel scénario n'est pas inimaginable, estime le think tank allemand Friedrich Ebert Stiftung. L'effondrement de la zone euro entraînerait l'instauration de régimes protectionnistes sur le Vieux-Continent, mettant fin à plusieurs décennies de libre-échange. Cette implosion conduirait également la cession de certains actifs stratégiques à de puissances étrangères.
Autre cas de figure : certains pays abandonnent la monnaie unique. Seules les nations les plus stables et résistantes économiquement la conservent. Qui sont ces pays ? Principalement les États d'Europe du Nord, répondent les analystes. Une autre conjecture prévoit le maintien des conditions actuelles : la zone euro résiste, mais les tensions naissantes continuent de paralyser le groupe. Simple prolongement de la réalité d'aujourd'hui, ce pronostic aboutirait forcément à un changement majeur dans l'Union. En dernière hypothèse – donc la moins probable –, l'institut Friedrich Ebert Stiftung se veut plus rassurant : le cercle des 17 trouve in extremis un accord de coordination et d'harmonisation de leurs politiques fiscales respectives. L'avenir nous dira lequel de ces scénarii vise juste...