Un financement occulte pour cibler les forces américaines
Les opérations clandestines du GRU en Afghanistan reposaient sur un modèle élaboré de financement des Talibans. Les services de renseignements russes, notamment l’unité 29155, ont utilisé des sociétés écrans et un réseau sophistiqué de transporteurs pour acheminer des fonds. Parmi ces stratagèmes, une entreprise fictive de commerce de pierres précieuses basée à Moscou servait de couverture pour envoyer de l’argent liquide à des courriers afghans.
Les montants versés étaient directement liés à l’impact des attaques contre les forces américaines. Chaque soldat tué rapportait 200 000 dollars aux Talibans, une somme significative pour les groupes insurgés, bien que modeste comparée aux coûts énormes de la guerre menée par les États-Unis. Au total, ce programme aurait coûté environ 30 millions de dollars, des fonds qui transitaient discrètement par des pays comme le Tadjikistan et le Pakistan pour échapper à toute détection.
En multipliant ces attaques ciblées, le GRU cherchait à affaiblir moralement et stratégiquement la coalition occidentale en Afghanistan. L’opération ne visait pas uniquement à infliger des pertes humaines, mais à perturber les bases d’opération et à prolonger l’instabilité dans la région.
Une collaboration directe avec les Talibans
Dès 2016, explique The Insider dans une vaste enquête, le GRU a intensifié ses contacts avec les Talibans, passant par-dessus les intermédiaires iraniens utilisés initialement. Cette relation directe a transformé une assistance marginale en une véritable stratégie de guerre par procuration. Parmi les figures clés de cette collaboration figurait Rahmatullah Azizi, un passeur originaire de Kunduz, qui jouait un rôle crucial dans la distribution des fonds et la coordination des attaques.
Une des opérations les plus notables menées sous cette collaboration fut l’attaque de la base de Bagram en 2019. Celle-ci causa des dégâts significatifs et révéla l’étendue des capacités tactiques des Talibans, renforcées par le soutien logistique russe. Les liens entre les officiers du GRU et les commandants talibans ne se sont pas arrêtés après la chute du gouvernement afghan soutenu par les États-Unis, témoignant d'une stratégie russe à long terme.
En consolidant son influence en Asie centrale tout en sapant celle des États-Unis, Moscou a utilisé l’Afghanistan comme terrain d’affrontement indirect. Cette approche reflète une volonté de redéfinir les rapports de force dans la région, tout en minimisant les risques d’une confrontation militaire directe avec l’Occident.