La représentation populaire de la robotique oscille généralement entre deux extrêmes en France. D’un côté, on pense à l’usine et ses chaines de montage automatisées, apparues en France il y a plusieurs décennies. De l’autre, on se prend à rêver de science-fiction, notamment dans l’usage militaire de la robotique. Dans els deux cas, la robotique alimente beaucoup de fantasmes. Accusée il y a trente ans d’être une menace pour l’emploi dans les usines, on s’est vite aperçu qu’au global, il n’en était rien,. Car les robots, il faut bien les concevoir, les construire, les entretenir, les améliorer. Dans le domaine militaire, c’est l’éthique et le droit qui posent problème : si un jour un robot est autorisé par sa programmation à décider seul de l’ouverture du feu, qui est responsable de ses actes ? Si certaines de ces questions ont déjà trouvé des réponses, d’autres restent en suspens.
C’est loin de ces considérations et sur des problématiques beaucoup plus concrètes que se sont réunis les spécialistes de la robotique en mars au salon InnoRobo de Lyon. Le bilan de la filière est contrasté en France : si les robots professionnels (robots agricoles, militaires, d’aides à la personne…) sont en plein essor, la filière industrielle est en panne depuis le début des années 1990. La part de marché française est passée en 20 ans de 14 à 4% du marché mondial, et la France compte beaucoup moins de robots dans son industrie que ses voisins européens, sans parler des pays asiatiques comme la Corée du Sud ou le Japon (1). C’est au de ce salon qu’Arnaud Montebourg, Ministre du redressement productif, a annoncé le lancement du plan « France Robots Initiative » pour contrer cet état de fait.
Un plan ambitieux, pragmatique, mais limité
L’objectif affiché de ce plan est de donné à la France la possibilité de devenir leader sur le marché de la robotique d’ici à 2020. En l’état actuel, la France est par exemple quatre fois moins doté que l’Allemagne en robots industriels, avec seulement 34 000 unités en service. Le plan du Ministre prévoit d’aider 250 entreprises à s’équiper massivement en moyens robotiques. Il y voit, certainement avec quelques raisons, de fortes opportunités de créations d’emploi dans une filière encore trop limitée en France (2). La France, au nom d’une « exception industrielle » à remettre en question, fait partie des pays de l’OCDE les moins bien dotés en termes de robotisation avec seulement 122 robots pour 10 000 salariés. La France était l’un des derniers pays à ne pas avoir mis en œuvre de plan ambition de soutien et de structuration de la filière. Cela n’est peut-être pas étranger aux problèmes que connaissent nos industries, en particulier automobiles. Or la robotique industrielle est une solution qui répond simultanément à la problématique de la compétitivité coût et hors-coût (3).
En 2010, le président américain a lancé de la même façon un plan de soutien à la filière nationale de robotique, mais ce plan prévoyait plus de 500 millions d’euros d’aides diverses (4), avec l’objectif de devancer l’Asie. Le plan français est à l’échelle de notre économie, avec 100 millions prévus sur plusieurs années, « suffisant pour faire émerger la filière » d’après Bruno Bonnell (PDG de Robopolis et président de Syrobo). Mais on se demande s’il sera suffisant pour reprendre le leadership sur un marché très concurrentiel.
Les points forts de la France
La France a tout de même quelques cartes à jouer sur ce marché, et la robotique pourrait être à l’origine du sursaut de compétitivité que la France appelle de ses vœux. Certes il n’y a pas encore en France d’entreprises de la taille de l’américaine IRobot, ou d’équivalents à certains géants japonais. La France a décroché dans le domaine de la robotique industrielle (autrement dit les robots qui fabriquent des biens, comme dans l’industrie automobile) et ne pourra pas réalistement s’imposé avant des années sur la marché de la robotique domestique (largement tiré par les aspirateurs automatiques). Mais la France est compétitive dans la robotique de services, c’est-à-dire dans les robots qui accomplissent des tâches autres que l’assemblage industrielle ou le ménage à domicile. On peut penser d’une part à la robotique militaire, avec en premier lieu les drones : la France a fait voler en 2012 le démonstrateur Neuron de Dassault, premier drone furtif européen. Nexter Systems de son côté investit massivement le créneau de la robotique militaire terrestre. Mais la France dispose aussi d’acteurs de premier plan dans le domaine du transport, de la logistique des robots d’assistance, mais aussi « le gardiennage, le contrôle de salles blanches, la visioconférence, le transport de personnes ou l’inspection des câbles » (6), avec Gostai, Induct ou encore EOS Innovation.
(1) La robotique professionnelle en plein essor en France, sauf dans l'industrie, lexpansion.com, 20 mars 2013
(2) "France Robots Initiative" : un plan de soutien à la filière robotique, sciencesetavenir.nouvelobs.com, 20 mars 2013
(3) La France ignore les robots, la Chine s'équipe, lefigaro.fr, 16 mars 2013
(4) La révolution Robotique du Président Obama, bestofrobots.fr, 27 juin 2011
(5) Le plan robotique de Montebourg est-il à la mesure de ses ambitions ? usinenouvelle.com, 19 mars 2013
(6) Robots de service : ils pénètrent l’industrie, cetim.fr.fr , 7 juin 2012
C’est loin de ces considérations et sur des problématiques beaucoup plus concrètes que se sont réunis les spécialistes de la robotique en mars au salon InnoRobo de Lyon. Le bilan de la filière est contrasté en France : si les robots professionnels (robots agricoles, militaires, d’aides à la personne…) sont en plein essor, la filière industrielle est en panne depuis le début des années 1990. La part de marché française est passée en 20 ans de 14 à 4% du marché mondial, et la France compte beaucoup moins de robots dans son industrie que ses voisins européens, sans parler des pays asiatiques comme la Corée du Sud ou le Japon (1). C’est au de ce salon qu’Arnaud Montebourg, Ministre du redressement productif, a annoncé le lancement du plan « France Robots Initiative » pour contrer cet état de fait.
Un plan ambitieux, pragmatique, mais limité
L’objectif affiché de ce plan est de donné à la France la possibilité de devenir leader sur le marché de la robotique d’ici à 2020. En l’état actuel, la France est par exemple quatre fois moins doté que l’Allemagne en robots industriels, avec seulement 34 000 unités en service. Le plan du Ministre prévoit d’aider 250 entreprises à s’équiper massivement en moyens robotiques. Il y voit, certainement avec quelques raisons, de fortes opportunités de créations d’emploi dans une filière encore trop limitée en France (2). La France, au nom d’une « exception industrielle » à remettre en question, fait partie des pays de l’OCDE les moins bien dotés en termes de robotisation avec seulement 122 robots pour 10 000 salariés. La France était l’un des derniers pays à ne pas avoir mis en œuvre de plan ambition de soutien et de structuration de la filière. Cela n’est peut-être pas étranger aux problèmes que connaissent nos industries, en particulier automobiles. Or la robotique industrielle est une solution qui répond simultanément à la problématique de la compétitivité coût et hors-coût (3).
En 2010, le président américain a lancé de la même façon un plan de soutien à la filière nationale de robotique, mais ce plan prévoyait plus de 500 millions d’euros d’aides diverses (4), avec l’objectif de devancer l’Asie. Le plan français est à l’échelle de notre économie, avec 100 millions prévus sur plusieurs années, « suffisant pour faire émerger la filière » d’après Bruno Bonnell (PDG de Robopolis et président de Syrobo). Mais on se demande s’il sera suffisant pour reprendre le leadership sur un marché très concurrentiel.
Les points forts de la France
La France a tout de même quelques cartes à jouer sur ce marché, et la robotique pourrait être à l’origine du sursaut de compétitivité que la France appelle de ses vœux. Certes il n’y a pas encore en France d’entreprises de la taille de l’américaine IRobot, ou d’équivalents à certains géants japonais. La France a décroché dans le domaine de la robotique industrielle (autrement dit les robots qui fabriquent des biens, comme dans l’industrie automobile) et ne pourra pas réalistement s’imposé avant des années sur la marché de la robotique domestique (largement tiré par les aspirateurs automatiques). Mais la France est compétitive dans la robotique de services, c’est-à-dire dans les robots qui accomplissent des tâches autres que l’assemblage industrielle ou le ménage à domicile. On peut penser d’une part à la robotique militaire, avec en premier lieu les drones : la France a fait voler en 2012 le démonstrateur Neuron de Dassault, premier drone furtif européen. Nexter Systems de son côté investit massivement le créneau de la robotique militaire terrestre. Mais la France dispose aussi d’acteurs de premier plan dans le domaine du transport, de la logistique des robots d’assistance, mais aussi « le gardiennage, le contrôle de salles blanches, la visioconférence, le transport de personnes ou l’inspection des câbles » (6), avec Gostai, Induct ou encore EOS Innovation.
(1) La robotique professionnelle en plein essor en France, sauf dans l'industrie, lexpansion.com, 20 mars 2013
(2) "France Robots Initiative" : un plan de soutien à la filière robotique, sciencesetavenir.nouvelobs.com, 20 mars 2013
(3) La France ignore les robots, la Chine s'équipe, lefigaro.fr, 16 mars 2013
(4) La révolution Robotique du Président Obama, bestofrobots.fr, 27 juin 2011
(5) Le plan robotique de Montebourg est-il à la mesure de ses ambitions ? usinenouvelle.com, 19 mars 2013
(6) Robots de service : ils pénètrent l’industrie, cetim.fr.fr , 7 juin 2012