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Kazakhstan : le pilier économique de l’Asie centrale




Publié par Maxime Onfray le 13 Mai 2019

État le plus riche parmi les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale, le Kazakhstan fait figure de locomotive pour ses voisins. Le pays s’appuie sur des investissements étrangers conséquents et sur un plan ambitieux visant à faire partie des trente plus grandes économies du monde en 2050. Par ailleurs, le mois prochain, les Kazakhstanais [1] se rendront aux urnes pour élire leur nouveau président.



À la chute de l’Union soviétique, en 1991, plusieurs États virent le jour en Asie centrale : le Kazakhstan, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan. Si chacun d’eux s’est détourné du communisme, la longévité du pouvoir est globalement restée monnaie courante. En vingt-sept années d’indépendance, un seul président a été à la tête de la République du Kazakhstan. Nursultan Nazarbayev, âgé de soixante-dix-huit ans, avait été reconduit dans son mandat présidentiel, en avril 2015, en obtenant plus de 97 % des suffrages. Néanmoins, en mars dernier, il décida de quitter la présidence de son pays et de laisser l’intérim au président du Sénat, Kassym-Jomart Tokayev. Alors que les élections présidentielles ont été avancées à juin 2019, nous avons décidé d’aborder aujourd’hui la question de la place du Kazakhstan en Asie centrale.

 

Un secteur économique en pleine ascension.

En décembre 2012, Nursultan Nazarbayev a annoncé le lancement de la 2050 Strategy. À travers celle-ci, l’objectif est développer le pays notamment à travers les prismes économique, culturel ou architectural. D’un point de vue socio-économique, ce programme vise à faire du Kazakhstan l’une des trente économies les plus développées au monde d’ici 2050. Pour cela, le projet s’appuie sur sept thématiques, dont une traitant des questions sociales. Cette dernière prévoit l’amélioration des conditions de vie et de travail des habitants. Par ailleurs, elle vise à réduire les disparités entre les régions administratives du pays.
 
Actuellement, parmi les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale, le Kazakhstan est celle qui dispose de l’économie la plus florissante. Depuis l’indépendance, cette dernière a connu de considérables améliorations. En 1992, le PIB (PPA) était de 122,7 milliards de dollars, tandis, qu’en 2016 il s’élevait à 451,1 milliards. Ainsi, le PIB kazakhstanais a connu une augmentation de 426 % en près d’un quart de siècle. De surcroît, des estimations du FMI prévoient qu’en 2023, il devrait être de 645,6 milliards de dollars. Ce qui constituerait une augmentation de 43 % depuis 2016.
 
En outre, N. Nazarbayev a progressivement permis l’entrée de capitaux étrangers dans l’économie du pays. Entre 1999 et 2009, le stock d’investissements directs étrangers au Kazakhstan a été multiplié par dix. De façon cumulée, entre 2005 et 2015, les IDE atteignirent une valeur de 215 milliards de dollars. Le secteur pétrolier est celui qui a le plus bénéficié de ces investissements. Si cette tendance continue, d’ici 2020, le pays devrait devenir le cinquième producteur mondial de pétrole.
 
 Quel avenir pour le Kazakhstan ?

Avec la démission de N. Nazarbayev se pose les questions de la succession et de la stabilité étatique. Néanmoins, ce départ ne signifie pas pour autant une disparition de la vie politique kazakhstanaise pour le désormais ex-président. En effet, il reste membre du Conseil constitutionnel et président du parti au pouvoir Nur Otan. Il reste aussi à la tête du Conseil de sécurité du pays et, ainsi, en charge des forces de l’ordre. Enfin, grâce à des mesures qu’il avait prises lors de sa présidence, il peut jouir du statut particulier de "Premier président" de la nation.
 
Actuellement, l’intérim au poste de président de la République est assuré par Kassym-Jomart Tokayev, ex-président du Sénat et proche de la première heure de N. Nazarbayev. Si, à l’origine, la prochaine élection devait avoir lieu au terme du mandat de N. Nazarbayev, en 2020, il a été décidé qu’elle soit avancée au 9 juin prochain. Certaines rumeurs avançaient l’hypothèse d’une candidature de Dariga Nazarbayeva, fille du précédent président, mais il n’en sera rien. En effet, K.-J. Tokayev a été investi par le parti Nur Otan, au pouvoir depuis l’indépendance du pays et, donc, dirigé par N. Nazarbayev.
 
Si nous nous référons aux données de la Banque mondiale, notamment les Worldwide Governance Indicators (WGI), nous avons un aperçu de l’évolution du Kazakhstan selon différents axes. Parmi ses axes, celui qui nous intéresse particulièrement d’un point de vue économique est le « regulator quality ». Ce dernier cherche à définir une note sur la capacité du pays à formuler et à mettre en œuvre le développement du secteur privé. La courbe ci-contre reprend les données des WGI et illustre le fait que, depuis une décennie, la République du Kazakhstan connaît une augmentation globale du développement de son secteur privé. En 2017, année la plus récente dans les valeurs WGI, le pays se trouve au 82e rang mondial, derrière le Mexique et devant le Rwanda. Enfin, selon un rapport de 2018 de la Banque mondiale, le Kazakhstan se situe à la 28e place sur 189 en termes de pays où il fait bon investir.
 
Sources.
 
« Kassym-Jomart Tokaïev est le nouveau président (par intérim) du Kazakhstan  », Novastan, 19/03/19.
« Kazakh leader Nazarbayev resigns after three decades   », BBC, 19/03/19.
« Kazakhstan : Tigre d’Asie centrale ? », Le Dessous des Cartes, 2008.
« Kazakhstan to hold early presidential election on June 9   », Al Jazeera, 09/04/19.
« The Worldwide Governance Indicators, 2018 Update   », World Bank, 21/09/18.
KEENE Eli, « Kazakhstan 2050 Strategy Leads to Government Restructuring   », Carnegie, 21/02/13.
 
[1] À titre informatif, le terme « kazakhstanais » se réfère à la nationalité, tandis que celui de « kazakh » fait allusion à l’ethnie. Cette dernière étant l’une des ethnies constituantes de la République du Kazakhstan.


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