crédit photo : Pape François - le Jésuite - friendsofsion.org
Ad maiorem Dei gloriam : « Pour une plus grande gloire de Dieu »
En matière de religion, Dieu n’est jamais assez grand… Avec près de 17 000 membres, dont 12 107 prêtres, 1 331 frères, 2 842 scolastiques et 706 novices — selon les derniers recensements -, la Compagnie de Jésus – ou de ses racines latines : Societas Jesu – représente numériquement l’un des effectifs les plus importants de l’Église catholique avec les branches franciscaines et salésiennes. Présent dans 112 pays et sur tous les continents, l’ordre est maintenant majoritairement réparti en Asie, en Amérique latine et en Afrique au travers de l’un des plus anciens réseaux diplomatiques au monde composé de nonciatures (ambassades), de délégations apostoliques ou de Congrégations ecclésiastiques extraordinaires. Conçue comme une armée « Romaine », la Compagnie est dirigée par un Praepositus Generalis : un supérieur général (généralat) communément appelé « Père Général ». Confirmé par le Pape et élu jusqu’à sa mort, il dispose d’une autorité absolue sur la Compagnie et possède la quasi-exclusivité du sceau des nominations de ses membres. Selon la légende, c’est une armée romaine sous mandat d’un pape « blanc » et sous les ordres d’un général : le pape « noir ».
En matière de religion, Dieu n’est jamais assez grand… Avec près de 17 000 membres, dont 12 107 prêtres, 1 331 frères, 2 842 scolastiques et 706 novices — selon les derniers recensements -, la Compagnie de Jésus – ou de ses racines latines : Societas Jesu – représente numériquement l’un des effectifs les plus importants de l’Église catholique avec les branches franciscaines et salésiennes. Présent dans 112 pays et sur tous les continents, l’ordre est maintenant majoritairement réparti en Asie, en Amérique latine et en Afrique au travers de l’un des plus anciens réseaux diplomatiques au monde composé de nonciatures (ambassades), de délégations apostoliques ou de Congrégations ecclésiastiques extraordinaires. Conçue comme une armée « Romaine », la Compagnie est dirigée par un Praepositus Generalis : un supérieur général (généralat) communément appelé « Père Général ». Confirmé par le Pape et élu jusqu’à sa mort, il dispose d’une autorité absolue sur la Compagnie et possède la quasi-exclusivité du sceau des nominations de ses membres. Selon la légende, c’est une armée romaine sous mandat d’un pape « blanc » et sous les ordres d’un général : le pape « noir ».
Une institution singulière chargée de former, influer et propager.
Le sceau de la Compagnie, ou christogramme, IHS, représente les
trois premières lettres de IHΣOYΣ (Iêsous) : « Jésus » en grec.
La Compagnie a été fondée en 1539 par Ignace de Loyola, François Xavier ainsi que Pierre Favre et leurs premiers fidèles ; elle fut approuvée en 1540 par le pape Paul III ce qui est remarquable en temps ecclésiastique. Selon la légende, c’est en 1538 à la chapelle de La Storta, au Pays basque, qu’Ignace de Loyola aurait eu une vision qui le confirme dans ses projets et le décide à nommer son groupe « la Compagnie de Jésus ». Chargée dès ses débuts d’activités missionnaires, pastorales et intellectuelles, c’est en 1547 que la Compagnie se développe principalement au travers de missions d’enseignement et de formation tournées en priorité vers des élites locales. Son implantation ne cesse de se répandre sur tous les continents, aussi bien en Amérique du Sud qu’en Afrique jusqu’au cœur même de l’empire ottoman et en Asie - terres de conquête.
Le sceau de la Compagnie, ou christogramme, IHS, représente les
trois premières lettres de IHΣOYΣ (Iêsous) : « Jésus » en grec.
La Compagnie a été fondée en 1539 par Ignace de Loyola, François Xavier ainsi que Pierre Favre et leurs premiers fidèles ; elle fut approuvée en 1540 par le pape Paul III ce qui est remarquable en temps ecclésiastique. Selon la légende, c’est en 1538 à la chapelle de La Storta, au Pays basque, qu’Ignace de Loyola aurait eu une vision qui le confirme dans ses projets et le décide à nommer son groupe « la Compagnie de Jésus ». Chargée dès ses débuts d’activités missionnaires, pastorales et intellectuelles, c’est en 1547 que la Compagnie se développe principalement au travers de missions d’enseignement et de formation tournées en priorité vers des élites locales. Son implantation ne cesse de se répandre sur tous les continents, aussi bien en Amérique du Sud qu’en Afrique jusqu’au cœur même de l’empire ottoman et en Asie - terres de conquête.
Une des plus grandes contributions documentaires des archives du Vatican
Les travaux de la Compagnie ont produit en parallèle l’une des plus importantes matières littéraires dans des domaines aussi variés que les sciences, les traductions et transcriptions de textes et les réflexions sociopolitiques participant dans son ensemble à l’un des plus impressionnants recueils de référence en matière d’histoire et de civilisation humaine : une bibliothèque savante dont l’objet premier, comme pour toute constitution d’archives culturelles, cultuelles et historiques est la captation des connaissances à des fins d’influence culturelle, mais surtout, le contrôle de la diffusion du savoir par le seul média de l’époque : les livres. Certains avancent même que le Saint-Siège en tant qu’institution politique et religieuse, fut la première à comprendre l’importance capitale de l’influence du savoir et de sa diffusion par le contrôle des médias de l’époque. Sur le million et demi de documents retraçant deux mille ans d’histoire conservés sur 85 kilomètres linéaires de tablettes d’étagères dans un bâtiment climatisé construit sous la cour du musée du Vatican longtemps appelé les Archives secrètes apostoliques du Vatican (Archivum Secretum Apostolicum Vaticanum), la Compagnie en possède l’une des plus larges contributions. Ces archives recèlent l’ensemble des rapports des nonces (ambassades) les procès-verbaux des réunions des différentes congrégations de la Curie ainsi que les correspondances internes, les documents du Saint-Office, les notes des entretiens entre le secrétaire d’État et le pape, les comptes rendus des échanges entre les préfets constituent parmi d’autres ressources un immense matériau susceptible d’apporter un nouvel éclairage sur les relations internationales et les secrets de l’Histoire. Parmi ceux-ci se trouvent en partie uniquement les correspondances de l’Ordre de Jésus. Ce sont des ouvrages signés du sceau singulier des meilleures pratiques de l’arcane « ad usum nostrorum tantum » : « seulement à l’usage des nôtres. »
Une armée des ombres
Pourtant, malgré une activité institutionnelle tournée exclusivement vers l’enseignement, aucune autre compagnie du Saint-Siège n’a autant fait l’objet de défiances et de méfiances politiques sur une si longue période. Précédée de plusieurs dissolutions successives au sein de la tumultueuse histoire de l’Église, l’ordre Jésuite a autant provoqué de passions que de réactions des puissants que celles suscitées en leur temps par les Templiers. La puissance et la domination est une bataille d’influence visible en dernier ressort, mais toujours invisible dans sa préparation. Derrière les « soft powers » aux apparences culturelles ou philosophiques se cachent souvent des armées politiques. Aucune notoriété ne dure dans le temps sans une organisation partisane et structurée ; ce dont les jésuites sont passés maîtres en structurant l’ordre comme une armée romaine avec à sa tête un général que les légendes désignent par opposition au pape « blanc » : le pape « noir » ou Praepositus Generalis.
Mais outre les luttes intestines politiques, d’influence et de pouvoir dans de nombreuses légendes façonnées autour des Praepositus Generalis et de ses armées, c’est aussi et surtout un facteur de rupture technologique qui va provoquer l’amplification de l’Ordre dans ses missions d’influence - une rupture qui va progressivement transformer l’exercice d’influence par l’enseignement en mission politique internationale de contre-influence.
Une rupture technologique : la machine infernale de Jean Gutenberg
Inventée en 1454 par Jean Gutenberg, la première imprimerie typographique a révolutionné le monde religieux en rendant la Bible accessible au plus grand nombre, mais aussi en contrepoint, en favorisant l’impression de nombreux ouvrages indépendants voire « hérétiques » dont les influences allaient faire vaciller l’ordre établi. Dès la fin du XVI siècle, le Saint-Office ne tarde pas à être débordé par le développement de la presse typographique utilisée comme nouveau média parallèle par les premiers auteurs réformateurs protestants, les philosophes politiques, les libres penseurs ou d’influents scientifiques. L’auto-édition de masse devient une possibilité accessible à tous et en marge de la censure dans la diffusion d’idées nouvelles. Cette révolution technologique suivie d’une avalanche de publications a probablement eu en son temps autant d’influence et d’impact que celui d’Internet et les réseaux sociaux d’aujourd’hui. Le diable n’est plus simplement une affaire de « détails ».
Pour comprendre la puissante influence d’une telle rupture technologique sur l’ordre papal, il faut se rappeler que jusqu’au XVe siècle, seule l’église possède les moyens et les fins sur la production du savoir et sa diffusion par la calligraphie des scribes religieux et l’emploi exclusif du latin. Une sorte de quasi-monopole informationnel et politique sur les Puissants du Saint Empire Romain Germanique dont la seule langue commune était le latin. Jusqu’alors, au sein même du Vatican, une puissante congrégation dénommée « Congrégation de l’Index » pratique une sévère censure apostolique en marge de menées brutales envers toute forme d’opposition séditieuse, d’influences religieuses concurrentes ou de regroupements anticléricaux : Juifs ou Protestants, simples croyants devenus « hérétiques » de par leurs pratiques non conformes, contre-papistes d’influence Cathare ou Templière jusqu’aux scientifiques les plus renommées comme Galilée ou Copernic. La « machine » de Gutenberg change la donne et le contrôle spirituel par la domination culturelle ne s’opère plus simplement par l’écriture et le savoir, mais doit intervenir sur une plus large échelle face aux atteintes potentielles à l’autorité temporelle et au monopole religieux imposé par l’Église. Une révolution silencieuse est en marche qui crée de nouvelles libertés éditoriales et permet enfin de larges diffusions accessibles au plus grand nombre en langue vulgaire, car pour endoctriner il faut savoir « impressionner » ; matière première que sont les écritures et les illustrations pour toute maison de Presse ou Média d’influence en termes d’impact et de diffusion.
Les travaux de la Compagnie ont produit en parallèle l’une des plus importantes matières littéraires dans des domaines aussi variés que les sciences, les traductions et transcriptions de textes et les réflexions sociopolitiques participant dans son ensemble à l’un des plus impressionnants recueils de référence en matière d’histoire et de civilisation humaine : une bibliothèque savante dont l’objet premier, comme pour toute constitution d’archives culturelles, cultuelles et historiques est la captation des connaissances à des fins d’influence culturelle, mais surtout, le contrôle de la diffusion du savoir par le seul média de l’époque : les livres. Certains avancent même que le Saint-Siège en tant qu’institution politique et religieuse, fut la première à comprendre l’importance capitale de l’influence du savoir et de sa diffusion par le contrôle des médias de l’époque. Sur le million et demi de documents retraçant deux mille ans d’histoire conservés sur 85 kilomètres linéaires de tablettes d’étagères dans un bâtiment climatisé construit sous la cour du musée du Vatican longtemps appelé les Archives secrètes apostoliques du Vatican (Archivum Secretum Apostolicum Vaticanum), la Compagnie en possède l’une des plus larges contributions. Ces archives recèlent l’ensemble des rapports des nonces (ambassades) les procès-verbaux des réunions des différentes congrégations de la Curie ainsi que les correspondances internes, les documents du Saint-Office, les notes des entretiens entre le secrétaire d’État et le pape, les comptes rendus des échanges entre les préfets constituent parmi d’autres ressources un immense matériau susceptible d’apporter un nouvel éclairage sur les relations internationales et les secrets de l’Histoire. Parmi ceux-ci se trouvent en partie uniquement les correspondances de l’Ordre de Jésus. Ce sont des ouvrages signés du sceau singulier des meilleures pratiques de l’arcane « ad usum nostrorum tantum » : « seulement à l’usage des nôtres. »
Une armée des ombres
Pourtant, malgré une activité institutionnelle tournée exclusivement vers l’enseignement, aucune autre compagnie du Saint-Siège n’a autant fait l’objet de défiances et de méfiances politiques sur une si longue période. Précédée de plusieurs dissolutions successives au sein de la tumultueuse histoire de l’Église, l’ordre Jésuite a autant provoqué de passions que de réactions des puissants que celles suscitées en leur temps par les Templiers. La puissance et la domination est une bataille d’influence visible en dernier ressort, mais toujours invisible dans sa préparation. Derrière les « soft powers » aux apparences culturelles ou philosophiques se cachent souvent des armées politiques. Aucune notoriété ne dure dans le temps sans une organisation partisane et structurée ; ce dont les jésuites sont passés maîtres en structurant l’ordre comme une armée romaine avec à sa tête un général que les légendes désignent par opposition au pape « blanc » : le pape « noir » ou Praepositus Generalis.
Mais outre les luttes intestines politiques, d’influence et de pouvoir dans de nombreuses légendes façonnées autour des Praepositus Generalis et de ses armées, c’est aussi et surtout un facteur de rupture technologique qui va provoquer l’amplification de l’Ordre dans ses missions d’influence - une rupture qui va progressivement transformer l’exercice d’influence par l’enseignement en mission politique internationale de contre-influence.
Une rupture technologique : la machine infernale de Jean Gutenberg
Inventée en 1454 par Jean Gutenberg, la première imprimerie typographique a révolutionné le monde religieux en rendant la Bible accessible au plus grand nombre, mais aussi en contrepoint, en favorisant l’impression de nombreux ouvrages indépendants voire « hérétiques » dont les influences allaient faire vaciller l’ordre établi. Dès la fin du XVI siècle, le Saint-Office ne tarde pas à être débordé par le développement de la presse typographique utilisée comme nouveau média parallèle par les premiers auteurs réformateurs protestants, les philosophes politiques, les libres penseurs ou d’influents scientifiques. L’auto-édition de masse devient une possibilité accessible à tous et en marge de la censure dans la diffusion d’idées nouvelles. Cette révolution technologique suivie d’une avalanche de publications a probablement eu en son temps autant d’influence et d’impact que celui d’Internet et les réseaux sociaux d’aujourd’hui. Le diable n’est plus simplement une affaire de « détails ».
Pour comprendre la puissante influence d’une telle rupture technologique sur l’ordre papal, il faut se rappeler que jusqu’au XVe siècle, seule l’église possède les moyens et les fins sur la production du savoir et sa diffusion par la calligraphie des scribes religieux et l’emploi exclusif du latin. Une sorte de quasi-monopole informationnel et politique sur les Puissants du Saint Empire Romain Germanique dont la seule langue commune était le latin. Jusqu’alors, au sein même du Vatican, une puissante congrégation dénommée « Congrégation de l’Index » pratique une sévère censure apostolique en marge de menées brutales envers toute forme d’opposition séditieuse, d’influences religieuses concurrentes ou de regroupements anticléricaux : Juifs ou Protestants, simples croyants devenus « hérétiques » de par leurs pratiques non conformes, contre-papistes d’influence Cathare ou Templière jusqu’aux scientifiques les plus renommées comme Galilée ou Copernic. La « machine » de Gutenberg change la donne et le contrôle spirituel par la domination culturelle ne s’opère plus simplement par l’écriture et le savoir, mais doit intervenir sur une plus large échelle face aux atteintes potentielles à l’autorité temporelle et au monopole religieux imposé par l’Église. Une révolution silencieuse est en marche qui crée de nouvelles libertés éditoriales et permet enfin de larges diffusions accessibles au plus grand nombre en langue vulgaire, car pour endoctriner il faut savoir « impressionner » ; matière première que sont les écritures et les illustrations pour toute maison de Presse ou Média d’influence en termes d’impact et de diffusion.
World Map based on Matteo Ricci - 1850 - Credits Jumei, Chogen after Nagakubo
Propager, diffuser, convertir… le monde.
Afin de renforcer l’Église face aux attaques directes dont elle fait l’objet aux premières heures de la sédition réformiste, le centre romain a élaboré des principes missionnaires dès le XVIIe siècle et s’est doté en 1622 de la congrégation pour la propagation de la foi – la « Congregatio de propaganda fide », relayée sur le terrain par les délégués apostoliques dont au premier plan les jésuites au travers de leurs missions.
Parmi les pays convoités par les jésuites en mission se trouve la Chine où deux hommes s’illustrent : Michèle Ruggieri et Mattéo Ricci. Ils vont pénétrer en Chine en 1583 où ils s’implanteront à Pékin avant de rapidement parvenir à obtenir les faveurs de l’Empereur et influencer les élites à son service. Fort d’une intelligence adaptative et d’une capacité hors norme à intégrer la culture locale, le père Mattéo Ricci ne tarde pas à être reconnu comme un pair par les mandarins et les hauts fonctionnaires lettrés chinois et devient de fait le premier sinologue tant et si bien qu’il parviendra même à devenir mandarin en 1594 en ayant converti quatre cents Chinois au catholicisme.
Ils seront suivis en chine par de nombreux frères d’armes comme le père Amiot dont la première traduction du Sun Tzu (l’art militaire des Chinois par Sun-tse) en 1772 aura de nombreuses influences sur la pensée stratégique. C’est aussi le cas d’Alexandre de Rhodes en 1623 dont le travail exceptionnel permettra la création du premier alphabet romanisé d’Asie en modifiant l’influence culturelle chinoise sur l’écriture et surtout la culture vietnamienne. Deux missionnaires jésuites, Johann Grueber et Albert Dorville, atteindront Lhassa au Tibet en 1661. François Xavier débarque à Goa dès 1542 et y fonde le premier collège de jésuites, avant de se rendre au Japon où il arrive le 27 juillet 1549. C’est au Japon en 1580 que François Xavier réussit un coup de maître en parvenant à convaincre le daïmio Ōmura Sumitada d’accorder aux jésuites le fief de Nagasaki… La littérature jésuitique regorge de tours de force aussi incroyables que légendaires.
Expulsés par la suite ou simplement démis de leurs fonctions, les arcanes secrètes des correspondances de ces missionnaires de la Compagnie n’ont pas fini de nous éclairer sur les nombreuses voies d’un ordre d’élite dont les pratiques en matière d’intelligence culturelle et politique restent encore à ce jour impénétrables : pour la « plus grande gloire de Dieu » et de son ministère romain aux affaires temporelles.
Jérôme GABRIEL
Fondateur d’Arcana Strategia Conseil et des éditions stratégiques Maîtres et Dirigeants, Jérôme Gabriel est avant tout passionné par l’intelligence et les cultures stratégiques asiatiques (Chine-Japon). Expert d’état en intelligence économique et protection des entreprises (INHESJ), l’auteur a vécu et travaillé plusieurs années sur la zone Asie-Pacifique.
Ancien directeur d’un service d’intelligence stratégique et de gestion des risques, il intervient aujourd’hui en tant que formateur et conseiller auprès de PME-PMI. Activement engagé dans la protection, l’appui commercial et stratégique des entreprises, il est l’auteur de plusieurs publications pour le Journal Le Temps (Blog) et de deux ouvrages dont "Décryptage de la pensée stratégique Sun Tzu " publié en septembre 2020.
www.arcanastrategia.com
Afin de renforcer l’Église face aux attaques directes dont elle fait l’objet aux premières heures de la sédition réformiste, le centre romain a élaboré des principes missionnaires dès le XVIIe siècle et s’est doté en 1622 de la congrégation pour la propagation de la foi – la « Congregatio de propaganda fide », relayée sur le terrain par les délégués apostoliques dont au premier plan les jésuites au travers de leurs missions.
Parmi les pays convoités par les jésuites en mission se trouve la Chine où deux hommes s’illustrent : Michèle Ruggieri et Mattéo Ricci. Ils vont pénétrer en Chine en 1583 où ils s’implanteront à Pékin avant de rapidement parvenir à obtenir les faveurs de l’Empereur et influencer les élites à son service. Fort d’une intelligence adaptative et d’une capacité hors norme à intégrer la culture locale, le père Mattéo Ricci ne tarde pas à être reconnu comme un pair par les mandarins et les hauts fonctionnaires lettrés chinois et devient de fait le premier sinologue tant et si bien qu’il parviendra même à devenir mandarin en 1594 en ayant converti quatre cents Chinois au catholicisme.
Ils seront suivis en chine par de nombreux frères d’armes comme le père Amiot dont la première traduction du Sun Tzu (l’art militaire des Chinois par Sun-tse) en 1772 aura de nombreuses influences sur la pensée stratégique. C’est aussi le cas d’Alexandre de Rhodes en 1623 dont le travail exceptionnel permettra la création du premier alphabet romanisé d’Asie en modifiant l’influence culturelle chinoise sur l’écriture et surtout la culture vietnamienne. Deux missionnaires jésuites, Johann Grueber et Albert Dorville, atteindront Lhassa au Tibet en 1661. François Xavier débarque à Goa dès 1542 et y fonde le premier collège de jésuites, avant de se rendre au Japon où il arrive le 27 juillet 1549. C’est au Japon en 1580 que François Xavier réussit un coup de maître en parvenant à convaincre le daïmio Ōmura Sumitada d’accorder aux jésuites le fief de Nagasaki… La littérature jésuitique regorge de tours de force aussi incroyables que légendaires.
Expulsés par la suite ou simplement démis de leurs fonctions, les arcanes secrètes des correspondances de ces missionnaires de la Compagnie n’ont pas fini de nous éclairer sur les nombreuses voies d’un ordre d’élite dont les pratiques en matière d’intelligence culturelle et politique restent encore à ce jour impénétrables : pour la « plus grande gloire de Dieu » et de son ministère romain aux affaires temporelles.
Jérôme GABRIEL
Fondateur d’Arcana Strategia Conseil et des éditions stratégiques Maîtres et Dirigeants, Jérôme Gabriel est avant tout passionné par l’intelligence et les cultures stratégiques asiatiques (Chine-Japon). Expert d’état en intelligence économique et protection des entreprises (INHESJ), l’auteur a vécu et travaillé plusieurs années sur la zone Asie-Pacifique.
Ancien directeur d’un service d’intelligence stratégique et de gestion des risques, il intervient aujourd’hui en tant que formateur et conseiller auprès de PME-PMI. Activement engagé dans la protection, l’appui commercial et stratégique des entreprises, il est l’auteur de plusieurs publications pour le Journal Le Temps (Blog) et de deux ouvrages dont "Décryptage de la pensée stratégique Sun Tzu " publié en septembre 2020.
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