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Cas d’espionnage économique : l’affaire Greg Chung




Publié par H.Marzouk le 2 Juin 2023

Le 9 Février 2010 Dongfan "Greg" Chung, citoyen américain d'origine chinoise et ex- ingénieur de Boeing a été condamné à 15 ans de prison par la justice californienne pour espionnage industriel au profit de la Chine. Il a divulgué de nombreuses informations confidentielles concernant les technologies aéronautiques et aérospatiales américaines.



Dongfan Chung, une source idéale?

Sous Deng Xiaoping la Chine avait pour objectif d’effectuer un rattrapage industriel et technologique sur le monde occidental. Dans ce contexte la Chine misait beaucoup sur l’espionnage. Elle envoyait des espions en Occident pour qu’ils occupent des hauts-postes scientifiques et elle entrait en contact avec des ressortissants chinois ayant accès à des informations hautement confidentielles.

C’est ce qui c’est passé dans ce cas. Chung était un ingénieur brillant de Rockwell (racheté par Boeing en 1996) qui cherchait à servir la modernisation de son pays. Le gouvernement chinois l’a su après qu’il ai été approché délibérément par Gu Wei Hao, de lAviation Industry Corporation of China à une conférence dans un hôtel de Los Angeles.

Ce dernier lui expliqua que l’industrie chinoise avait besoin daméliorer la conception du fuselage, lun des champs de prédilection de Chung. Quelques années plus tard, en 1985, Chung a reçu une lettre dun fonctionnaire du PCC nommé Chen QiNan, qui linvitait à se rendre en Chine pour un « échange technique ».

Chen lui demanda des renseignements sur la conception des avions et hélicoptères américains et Chung lui répondit qu’il pouvait même lui apporter des informations sur le programme spatial américain.

Il écrivit aussi cette phrase : « Cest pour moi un grand honneur et je suis extrêmement heureux de pouvoir participer à la modernisation de notre Mère-Patrie. ». Cela fait de lui une source idéale. À la fin du mois de juin 1985, Chung senvola pour la Chine avec sa famille aux frais du Ministère de l’Aviation. Il donna des conférences dans des universités publiques et des entreprises et projeta des documents confidentiels aux États-Unis. Les entreprises que Chung visita étaient en retard de 10 ans en moyenne sur Boeing sur le plan technologique ce qui lui donna le sentiment d’être vraiment utile.

D’autre part, le ministère de l’Aviation prépara un parcours touristique à Chung et sa famille afin qu’ils consolident leurs liens émotionnels avec la Chine. A son retour aux Etats-Unis Chung était donc plus motivé que jamais à transmettre des informations aux chinois. Cet exemple illustre aussi que la Chine de Deng Xiaoping a su tirer profit de sa diaspora. Sous Mao, cet espionnage industriel qui a tant servi la puissance de la Chine naurait pas été possible à cause des liens inexistants entre PCC et diaspora. 
 

Dongfan Chung transmet à travers les années une quantité astronomique d’informations confidentielles à sa terre natale.

Il rentra de ce premier voyage avec 8 pages de questions formulées par les ingénieurs de la Nanchang Aircraft Manufacturing Company.

Il passa plusieurs mois à faire les recherches nécessaires pour y répondre puis se rendit au consulat Chinois de Francisco afin d’y transmettre une enveloppe diplomatique gigantesque : vingt-sept documents constitués chacun d’une centaine de pages, la plupart dentre eux étant des manuels dingénierie traitant de la conception du bombardier B-1. 

Chung fit de nombreux autres voyages en Chine où il donna une fois encore des conférences et où il rencontra des très haut placés du PCC et de l’APL. Il échangeait continuellement des lettres avec les membres du PCC qui lui donnèrent des instructions, notamment sur comment il pouvait leur transmettre les informations.

Ils lui conseillèrent notamment de passer par sa femme qui était artiste. Le ministère de l’aviation a par exemple une fois invité sa femme à visiter un institut d’art en Chine, ce qui donnait un prétexte à Chung pour aller au pays de son enfance.

En 1998, la direction de Boeing décide de relocaliser son bureau et l’autorise à transporter avec lui les travaux de référence qu’il voulait conserver dans des cartons. Il ramena chez lui des dizaines de cartons dans l’espoir que cela puisse être utile à sa mission. En 2002, il a commencé à imprimer massivement  des documents de la base de données de Boeing. Son travail était minutieux : sur chaque page, il effaçait les lignes stipulant la confidentialité des documents. Il censurait le nom des ingénieurs concernés et faisait tout pour couvrir ses arrières en supprimant les dates d’impression. Chung va finalement attirer l’oeil des autorités américaines après le procès fédéral de Chi Mak, un ami de Chung, en 2007 pour espionnage industriel également. Chung fut finalement condamné à une peine de 15 ans de prison. 
 



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