Manifestation anti-chrétienne à Karachi
Le Pakistan déchiré par les luttes interconfessionnelles
Après une année 2012 mouvementée, le Pakistan n'a même pas le temps de saluer l'année 2013 que les violences entre sunnites et chiites reprennent de plus belle. Le 1er janvier, le siège du Parti MQM ou Muttahida Qaumi Movement subit un attentat à la bombe, dans lequel 4 personnes meurent et 45 autres sont blessées. Quelques jours après, une série d'explosion touche plusieurs quartiers chiites de Quetta et de la Vallée de Swat, tuant plus de 100 individus et en blessant environ 270 autres. Quelques heures seulement après les faits, le groupe radical sunnite Lashkar-e-Jhangvi ou LeJ revendique ces attaques meurtrières.
Aux yeux des observateurs, ces évènements n'augurent rien de bon pour la paix et la stabilité sur l'ensemble du territoire pakistanais, à juste titre. Durant les semaines et les mois suivants, les villes et provinces du Pakistan sont le théâtre de plusieurs attentats meurtriers, visant essentiellement des quartiers chiites. Au total, entre le 1er janvier et le 20 juillet, on dénombre pas moins de 65 incidents liés de près ou de loin aux affrontements entre les chiites et les sunnites dans le pays. Les morts se comptent par centaines des deux côtés. Aucune semaine ne se passe sans que l'on annonce des faits en province ou des attaques à la bombe en plein centre de Karachi. Les tensions ont même atteint un pic quelques jours avant les législatives de mai, les zones les plus touchées restant les mêmes : Pechawar, Balouchistan, Vallée de Swat, Waziristan du Nord et Sindh.
Des dirigeants presque impuissants
Devant tant de morts et de violences, les observateurs se demandent quelles mesures vont prendre les dirigeants pour enrayer le fléau. Le lendemain de l'attaque sur Quetta, les autorités pakistanaises promettent un renforcement des dispositifs de sécurité dans le pays. Seulement, les mesures annoncées ne répondent guère aux menaces que représente la guerre interconfessionnelle sur les citoyens pakistanais. Entre présence policière accrue, meilleure collaboration entre les services de renseignements et durcissement des lois contre le terrorisme, les répliques du gouvernement paraissent insuffisantes aux yeux d’un grand nombre de Pakistanais. Pis, ces solutions restent toutes au stade de théorie, clament certains membres des minorités chiites visées. Selon eux, les dirigeants connaissent bel et bien les coupables derrière ces attaques, mais ferment les yeux.
Derrière cette inaction se cacheraient en réalité de sombres alliances entre les hommes forts de Karachi et les partis sunnites qui parrainent les groupes radicaux comme LeJ. La révélation de ces « pactes » a d'ailleurs fait réagir vivement les communautés chiites de Quetta et du Balouchistan. Si quelques familles de victimes ont refusé d'inhumer les corps de leurs proches, d'autres ont préféré descendre dans les rues. La Cour Suprême s'invite même dans le débat, exigeant des explications face à l'incapacité des forces de l'ordre pakistanaises. Ces pressions de tout bord a conduit à l'arrestation de Malik Ishaq, le chef du mouvement Lashkar-e-Jhangvi le 22 février. Ce coup de filet notoire ne freine pas pour autant les attaques contre les chiites, loin de là. Depuis l'incarcération de Malik Ishaq, les groupes radicaux sunnites ont tué dans des attentats environ 370 personnes, dont quelques policiers et soldats, dans des attentats suicides contre les minorités chiites...
Une accalmie est-elle envisageable ?
Principales cibles des attaques, les chiites du Pakistan n'ont de cesse d'exiger une plus grande fermeté du gouvernement d'Islamabad vis-à-vis de ces attaques au motif religieux. En qualifiant ces attentats de génocides, ils espèrent également attirer l'attention de la communauté internationale sur leur situation. Leur stratégie semble payante. Ces derniers mois, l'Occident ne cache plus ses inquiétudes devant les affrontements entre sunnites et chiites radicaux. David Cameron, le premier ministre britannique, s'est même rendu à Islamabad pour discuter de cette question épineuse avec le nouveau premier ministre Nawaz Sharif. Aucune mesure concrète n'a été trouvée durant la rencontre. Chose anecdotique, le jour de l'entretien entre les deux dirigeants aura été le théâtre d'un nouvel attentat à Quetta, au cours duquel 52 personnes ont péri.
Simple coïncidence ? Apparemment, non. Les analystes voient en cette attaque un message envoyé au nouveau gouvernement, signifiant la poursuite de la guerre contre les « infidèles chiites » peu importe les accords passés avec l'extérieur. Vu la recrudescence des violences les semaines après la visite de David Cameron, cette interprétation paraît plausible. Il faut aussi se dire que les tensions entre mouvements chiites et sunnites ne datent pas seulement du début d'année. Les luttes meurtrières entre les plus radicaux des deux clans durent déjà depuis près de quatre décennies. Certains groupes armés des deux côtés sont même financés par des partis politiques officiels et aussi puissants que le Pakistan People's Party, le Pakistan Muslim League et le Pakistan Tehreek-e-Insaaf. Sauf bouleversement majeur, la guerre entre mouvements islamistes radicaux n'est pas près de s'arrêter.
Après une année 2012 mouvementée, le Pakistan n'a même pas le temps de saluer l'année 2013 que les violences entre sunnites et chiites reprennent de plus belle. Le 1er janvier, le siège du Parti MQM ou Muttahida Qaumi Movement subit un attentat à la bombe, dans lequel 4 personnes meurent et 45 autres sont blessées. Quelques jours après, une série d'explosion touche plusieurs quartiers chiites de Quetta et de la Vallée de Swat, tuant plus de 100 individus et en blessant environ 270 autres. Quelques heures seulement après les faits, le groupe radical sunnite Lashkar-e-Jhangvi ou LeJ revendique ces attaques meurtrières.
Aux yeux des observateurs, ces évènements n'augurent rien de bon pour la paix et la stabilité sur l'ensemble du territoire pakistanais, à juste titre. Durant les semaines et les mois suivants, les villes et provinces du Pakistan sont le théâtre de plusieurs attentats meurtriers, visant essentiellement des quartiers chiites. Au total, entre le 1er janvier et le 20 juillet, on dénombre pas moins de 65 incidents liés de près ou de loin aux affrontements entre les chiites et les sunnites dans le pays. Les morts se comptent par centaines des deux côtés. Aucune semaine ne se passe sans que l'on annonce des faits en province ou des attaques à la bombe en plein centre de Karachi. Les tensions ont même atteint un pic quelques jours avant les législatives de mai, les zones les plus touchées restant les mêmes : Pechawar, Balouchistan, Vallée de Swat, Waziristan du Nord et Sindh.
Des dirigeants presque impuissants
Devant tant de morts et de violences, les observateurs se demandent quelles mesures vont prendre les dirigeants pour enrayer le fléau. Le lendemain de l'attaque sur Quetta, les autorités pakistanaises promettent un renforcement des dispositifs de sécurité dans le pays. Seulement, les mesures annoncées ne répondent guère aux menaces que représente la guerre interconfessionnelle sur les citoyens pakistanais. Entre présence policière accrue, meilleure collaboration entre les services de renseignements et durcissement des lois contre le terrorisme, les répliques du gouvernement paraissent insuffisantes aux yeux d’un grand nombre de Pakistanais. Pis, ces solutions restent toutes au stade de théorie, clament certains membres des minorités chiites visées. Selon eux, les dirigeants connaissent bel et bien les coupables derrière ces attaques, mais ferment les yeux.
Derrière cette inaction se cacheraient en réalité de sombres alliances entre les hommes forts de Karachi et les partis sunnites qui parrainent les groupes radicaux comme LeJ. La révélation de ces « pactes » a d'ailleurs fait réagir vivement les communautés chiites de Quetta et du Balouchistan. Si quelques familles de victimes ont refusé d'inhumer les corps de leurs proches, d'autres ont préféré descendre dans les rues. La Cour Suprême s'invite même dans le débat, exigeant des explications face à l'incapacité des forces de l'ordre pakistanaises. Ces pressions de tout bord a conduit à l'arrestation de Malik Ishaq, le chef du mouvement Lashkar-e-Jhangvi le 22 février. Ce coup de filet notoire ne freine pas pour autant les attaques contre les chiites, loin de là. Depuis l'incarcération de Malik Ishaq, les groupes radicaux sunnites ont tué dans des attentats environ 370 personnes, dont quelques policiers et soldats, dans des attentats suicides contre les minorités chiites...
Une accalmie est-elle envisageable ?
Principales cibles des attaques, les chiites du Pakistan n'ont de cesse d'exiger une plus grande fermeté du gouvernement d'Islamabad vis-à-vis de ces attaques au motif religieux. En qualifiant ces attentats de génocides, ils espèrent également attirer l'attention de la communauté internationale sur leur situation. Leur stratégie semble payante. Ces derniers mois, l'Occident ne cache plus ses inquiétudes devant les affrontements entre sunnites et chiites radicaux. David Cameron, le premier ministre britannique, s'est même rendu à Islamabad pour discuter de cette question épineuse avec le nouveau premier ministre Nawaz Sharif. Aucune mesure concrète n'a été trouvée durant la rencontre. Chose anecdotique, le jour de l'entretien entre les deux dirigeants aura été le théâtre d'un nouvel attentat à Quetta, au cours duquel 52 personnes ont péri.
Simple coïncidence ? Apparemment, non. Les analystes voient en cette attaque un message envoyé au nouveau gouvernement, signifiant la poursuite de la guerre contre les « infidèles chiites » peu importe les accords passés avec l'extérieur. Vu la recrudescence des violences les semaines après la visite de David Cameron, cette interprétation paraît plausible. Il faut aussi se dire que les tensions entre mouvements chiites et sunnites ne datent pas seulement du début d'année. Les luttes meurtrières entre les plus radicaux des deux clans durent déjà depuis près de quatre décennies. Certains groupes armés des deux côtés sont même financés par des partis politiques officiels et aussi puissants que le Pakistan People's Party, le Pakistan Muslim League et le Pakistan Tehreek-e-Insaaf. Sauf bouleversement majeur, la guerre entre mouvements islamistes radicaux n'est pas près de s'arrêter.