Boycott acté aux États-Unis
Numéro un mondial des équipements télécoms, le groupe basé à Shenzhen est depuis près de deux ans dans le viseur des États-Unis, qui redoutent que Huawei entretienne des « liens étroits avec le gouvernement communiste et l’appareil militaire chinois » ; les entreprises américaines ont interdiction de traiter avec le groupe chinois. Ce qui prive également Huawei, deuxième plus gros fabricant mondial de smartphones, d’accès au système d’exploitation Android de Google. Malgré les sanctions, le groupe devrait cependant avoir livré en 2019 « entre 245 et 250 millions » de smartphones dans le monde, a assuré M. Liang, une forte augmentation par rapport aux 206 millions d’unités livrées en 2018, selon le cabinet IDC.
À la suite des sanctions américaines, bloquant ses achats de composants cruciaux auprès des spécialistes américains du secteur (Micron, Qualcomm ou Intel, notamment), le groupe a dû revoir en profondeur ses voies d’approvisionnement et de production de puces pour ses équipements télécoms. « D’ores et déjà, dans le domaine des technologies 5G, nous ne sommes plus dépendants aujourd’hui de l’approvisionnement venant des fabricants américains de puces et autres composants », a affirmé Liang Hua, évoquant une stratégie de « survie » pour le groupe.
Huawei contre-attaque
Objet de méfiances en Europe et de sanctions aux États-Unis, le constructeur d’équipements télécoms chinois a annoncé qu’il envisageait de construire une usine d’équipements pour la 5G en Europe et s’est engagé à refuser toute demande d’espionnage venue de Pékin. Le président de Huawei, Liang Hua, a fait ces annonces à l’occasion d’un entretien exclusif avec l’Agence France-Presse (AFP).
Cette semaine, l’Union européenne et la Grande-Bretagne ont entrouvert leurs portes à Huawei. Toutefois, le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton a rappelé que cette ouverture devait se faire selon les « propres règles » de l’Europe pour que celle-ci garde sa « souveraineté technologique » : le traitement des données générées par la 5G doit se faire sur le continent. Le Royaume-Uni, lui, a restreint la présence de Huawei aux antennes, et barré son accès au « cœur du réseau ».
Marché stratégique pour le groupe, l’Europe fait l’objet de toutes les attentions de Huawei, qui a annoncé, début novembre, un investissement global de 40 milliards de dollars sur les cinq prochaines années.
Sur ce montant, environ 4 milliards pourraient être dépensés en France pour des achats de composants et services, a précisé Liang Hua. C’est le double du montant dépensé sur les cinq dernières années par Huawei dans l’Hexagone, où le groupe chinois dispose, par ailleurs, de cinq centres de recherche et développement.
Si Huawei venait à être exclu du marché européen de la 5G, les répercussions pourraient être très graves pour les opérateurs. D’après une étude de la GSM Association (GSMA) consultée par Reuters, qui protège les intérêts de 800 opérateurs et constructeurs de téléphonie mobile dans le monde, le surcoût engendré par l’absence du groupe chinois dans la mise en place des infrastructures 5G est évalué à 55 milliards d’euros.
Conséquence de cette hausse des investissements nécessaire en cas de mise au ban de Huawei, l’Europe prendrait alors 18 mois de retard par rapport au calendrier prévu, alors qu’elle court déjà derrière les États-Unis, la Corée du Sud ou la Chine. L’Italie vient de devenir le troisième pays dans lequel la 5G est officiellement disponible après la Suisse et le Royaume-Uni. Ce délai de 18 mois serait également causé par l’incapacité des autres équipementiers à prendre en charge l’intégralité de la demande. Et ce retard en lui-même aurait ensuite des conséquences sur l’économie tout entière estimé à 45 milliards d’euros.
Huawei en Europe : une collaboration prudente
La 5G était au centre d’un nouveau rapport de la Commission Européenne visant à évaluer les risques en lien avec la technologie. Ils identifient une liste de défis sécuritaires pour mieux préparer l’arrivée de la technologie. Selon eux, les points d’entrée et opportunités vont se multiplier pour les pirates et les espions.
La Commission explique dans son communiqué : « le rapport est fondé sur les résultats des évaluations nationales des risques en matière de cyber sécurité effectuées par tous les États membres de l’UE. Il recense les principales menaces et acteurs malveillants, les actifs les plus sensibles, les principales vulnérabilités (techniques et autres) et plusieurs risques stratégiques ». Ce rapport servira de base pour définir des mesures d’atténuation pouvant être appliquées aux niveaux national et européen. On y apprend que la 5G pose des défis en matière de sécurité à la fois inédits et multiples. Ils sont principalement classés dans deux catégories. Il y a d’abord le développement d’innovations en lien avec la technologie. La 5G devrait en effet multiplier les services et les applications sans fil, autant de points potentiels de faiblesse en matière sécuritaire.
Selon la Commission, il s’agit maintenant de trouver des solutions. Car ces menaces concrètes en matière de piratage ou d’espionnage « vont devenir un enjeu de sécurité majeur » : outre les menaces sur la confidentialité et la vie privée, l’évolution prévue qui fera des réseaux 5G la cheville ouvrière de nombreuses applications informatiques critiques aura pour conséquence que l’intégrité et la disponibilité de ces réseaux deviendront un élément essentiel de la sécurité nationale et constituera un défi majeur de sécurité à l’échelon de l’UE.
L’Europe ne veut pas être laissée pour compte des effets de la révolution à venir de la 5G. Ne disposant pas de champion technologique dans ce domaine, elle doit pour rester dans la course s’armer aux côtés des pionniers. Sur le continent où l’on célèbre le « principe de précaution » qu’elle pose sur la table en échange n’est rien de moins que la souveraineté de ses États ; peut-être est-il temps de faire enfin confiance à la Chine.
Numéro un mondial des équipements télécoms, le groupe basé à Shenzhen est depuis près de deux ans dans le viseur des États-Unis, qui redoutent que Huawei entretienne des « liens étroits avec le gouvernement communiste et l’appareil militaire chinois » ; les entreprises américaines ont interdiction de traiter avec le groupe chinois. Ce qui prive également Huawei, deuxième plus gros fabricant mondial de smartphones, d’accès au système d’exploitation Android de Google. Malgré les sanctions, le groupe devrait cependant avoir livré en 2019 « entre 245 et 250 millions » de smartphones dans le monde, a assuré M. Liang, une forte augmentation par rapport aux 206 millions d’unités livrées en 2018, selon le cabinet IDC.
À la suite des sanctions américaines, bloquant ses achats de composants cruciaux auprès des spécialistes américains du secteur (Micron, Qualcomm ou Intel, notamment), le groupe a dû revoir en profondeur ses voies d’approvisionnement et de production de puces pour ses équipements télécoms. « D’ores et déjà, dans le domaine des technologies 5G, nous ne sommes plus dépendants aujourd’hui de l’approvisionnement venant des fabricants américains de puces et autres composants », a affirmé Liang Hua, évoquant une stratégie de « survie » pour le groupe.
Huawei contre-attaque
Objet de méfiances en Europe et de sanctions aux États-Unis, le constructeur d’équipements télécoms chinois a annoncé qu’il envisageait de construire une usine d’équipements pour la 5G en Europe et s’est engagé à refuser toute demande d’espionnage venue de Pékin. Le président de Huawei, Liang Hua, a fait ces annonces à l’occasion d’un entretien exclusif avec l’Agence France-Presse (AFP).
Cette semaine, l’Union européenne et la Grande-Bretagne ont entrouvert leurs portes à Huawei. Toutefois, le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton a rappelé que cette ouverture devait se faire selon les « propres règles » de l’Europe pour que celle-ci garde sa « souveraineté technologique » : le traitement des données générées par la 5G doit se faire sur le continent. Le Royaume-Uni, lui, a restreint la présence de Huawei aux antennes, et barré son accès au « cœur du réseau ».
Marché stratégique pour le groupe, l’Europe fait l’objet de toutes les attentions de Huawei, qui a annoncé, début novembre, un investissement global de 40 milliards de dollars sur les cinq prochaines années.
Sur ce montant, environ 4 milliards pourraient être dépensés en France pour des achats de composants et services, a précisé Liang Hua. C’est le double du montant dépensé sur les cinq dernières années par Huawei dans l’Hexagone, où le groupe chinois dispose, par ailleurs, de cinq centres de recherche et développement.
Si Huawei venait à être exclu du marché européen de la 5G, les répercussions pourraient être très graves pour les opérateurs. D’après une étude de la GSM Association (GSMA) consultée par Reuters, qui protège les intérêts de 800 opérateurs et constructeurs de téléphonie mobile dans le monde, le surcoût engendré par l’absence du groupe chinois dans la mise en place des infrastructures 5G est évalué à 55 milliards d’euros.
Conséquence de cette hausse des investissements nécessaire en cas de mise au ban de Huawei, l’Europe prendrait alors 18 mois de retard par rapport au calendrier prévu, alors qu’elle court déjà derrière les États-Unis, la Corée du Sud ou la Chine. L’Italie vient de devenir le troisième pays dans lequel la 5G est officiellement disponible après la Suisse et le Royaume-Uni. Ce délai de 18 mois serait également causé par l’incapacité des autres équipementiers à prendre en charge l’intégralité de la demande. Et ce retard en lui-même aurait ensuite des conséquences sur l’économie tout entière estimé à 45 milliards d’euros.
Huawei en Europe : une collaboration prudente
La 5G était au centre d’un nouveau rapport de la Commission Européenne visant à évaluer les risques en lien avec la technologie. Ils identifient une liste de défis sécuritaires pour mieux préparer l’arrivée de la technologie. Selon eux, les points d’entrée et opportunités vont se multiplier pour les pirates et les espions.
La Commission explique dans son communiqué : « le rapport est fondé sur les résultats des évaluations nationales des risques en matière de cyber sécurité effectuées par tous les États membres de l’UE. Il recense les principales menaces et acteurs malveillants, les actifs les plus sensibles, les principales vulnérabilités (techniques et autres) et plusieurs risques stratégiques ». Ce rapport servira de base pour définir des mesures d’atténuation pouvant être appliquées aux niveaux national et européen. On y apprend que la 5G pose des défis en matière de sécurité à la fois inédits et multiples. Ils sont principalement classés dans deux catégories. Il y a d’abord le développement d’innovations en lien avec la technologie. La 5G devrait en effet multiplier les services et les applications sans fil, autant de points potentiels de faiblesse en matière sécuritaire.
Selon la Commission, il s’agit maintenant de trouver des solutions. Car ces menaces concrètes en matière de piratage ou d’espionnage « vont devenir un enjeu de sécurité majeur » : outre les menaces sur la confidentialité et la vie privée, l’évolution prévue qui fera des réseaux 5G la cheville ouvrière de nombreuses applications informatiques critiques aura pour conséquence que l’intégrité et la disponibilité de ces réseaux deviendront un élément essentiel de la sécurité nationale et constituera un défi majeur de sécurité à l’échelon de l’UE.
L’Europe ne veut pas être laissée pour compte des effets de la révolution à venir de la 5G. Ne disposant pas de champion technologique dans ce domaine, elle doit pour rester dans la course s’armer aux côtés des pionniers. Sur le continent où l’on célèbre le « principe de précaution » qu’elle pose sur la table en échange n’est rien de moins que la souveraineté de ses États ; peut-être est-il temps de faire enfin confiance à la Chine.