« Devenez votre propre chef ».
Lancée dans le cadre du service de livraison Prime Now, où pour 8 dollars le produit est livré dans l’heure et gratuitement dans les deux heures, l’initiative Flex d’Amazon s’inscrit dans cette dynamique en vogue de l’auto-entrepreneuriat qui challenge actuellement les formes traditionnelles de contrat de travail. Ce géant de la distribution propose ici à des individus sans antécédents judiciaires, âgés d’au moins 21 ans, en possession d’un véhicule et d’un permis de conduire, de devenir livreur pour Amazon. Mise en place à Seattle, berceau de naissance de l’entreprise, cette formule de service de livraison devrait s’étendre à huit autres villes américaines prochainement.
Rémunérant à la tâche entre 18 et 25 dollars, ce contrat flexible est vendu comme porteur d’avantages réels pour l’employé intermittent. Pouvant choisir ses courses et créneaux horaires, celui-ci a également la possibilité d’aller chercher ses colis à livrer dans des entrepôts à proximité pour effectuer une course dans un secteur limité. Ceci lui permet ainsi de faire des livraisons de courte durée, un moyen pour Amazon de contrer le fameux problème du « dernier kilomètre » qui fait augmenter ses coûts plus rapidement que son chiffre d’affaire. (1)
Flex c’est une promesse, celle de l’auto-entrepreneuriat. « Devenez votre propre chef : livrez quand vous voulez, autant que vous voulez ». (2) Voici le slogan grâce auquel Amazon présente cette formule comme idéale puisqu’avec Flex, le salarié à la main sur sa fréquence de travail. Une flexibilité horaire plus qu’attrayante au premier abord… Trop beau pour être vrai ? La question des contreparties cachées de ce type d’emploi se pose. Il semblerait en effet que derrière l’effervescence que peut susciter l’auto-entrepreneuriat, ce contrat soit finalement loin d’être « idyllique » en se révélant ainsi déséquilibré au profit de l’employeur.
Flex : une réelle aubaine pour le salarié ?
Au regard des difficultés judiciaires rencontrées par Uber, en procès depuis le 1er Septembre dernier, on est en droit de se demander quels risques encourt Amazon en proposant un tel type de contrat… En effet, les bénéfices de la flexibilité semblent finalement être les seules contreparties avantageuses pour le salarié intermittent. Les frais d’essence ainsi que l’assurance du véhicule restent ainsi à sa charge mais, plus important, l’employeur ne prévoit pas de couverture chômage, maladie ou invalidité pour le salarié.
Embaucher ainsi ces livreurs intermittents permet à l’entreprise de se rendre plus indépendante en ne s’appuyant plus sur des compagnies de livraison prestataires. De plus, Amazon n’ayant aucune cotisation sociale à payer, Flex lui permettra seulement de réduire ses coûts, d’augmenter son chiffre d’affaire et d’être encore plus compétitif sur un marché où s'affrontent dorénavant « des start-ups comme Postmates, Instacart ou encore les services de livraison proposés par Uber. » (2)
Cette initiative optimise ainsi réellement le système de livraison d’Amazon. Cependant, bien que l’entreprise le présente comme une opportunité pour l’employé, ce contrat n’affiche quasiment que des bénéfices réels pour le site de e-commerce...
La nécessité d’une troisième voie?
Cette initiative comporte cependant des risques pour Amazon au regard des entraves juridiques desquelles a souffert Uber ces derniers temps. Comme l’écrit Le Monde : « en lançant ce service, Amazon risque d’être confronté aux mêmes obstacles juridiques qu’Uber. Le leader mondial des voitures de transport avec chauffeur (VTC) devrait prochainement faire l’objet en Californie d’une action judiciaire en nom collectif (…) de la part de plusieurs employés, qui réclament une reclassification de leur contrat de travail. » (1) Doit-on prédire à Amazon le même destin qu’à Uber ?
Le manque de contreparties sociales pour le salarié dans ce type d’emploi doit-il être considéré comme normal au regard du type de service rendu ? Le développement de l’auto-entrepreneuriat semble motivé par la propagation de cette volonté d’indépendance au sein des sociétés occidentales contemporaines. L’individu contemporain ne souhaiterait plus se plier à des règles rigides et ces nouveaux contrats indépendants se proposent ainsi en réponse à cette envie. Cependant, l’absence ici de possibilités d’accès aux prestations sociales comme le chômage ou l’assurance maladie qui sont des droits fondamentaux du travailleur ne semble pas normal aux yeux de beaucoup. Au regard de cette remarque, Amazon ne devrait-il pas revoir la nature de ce contrat pour y intégrer des avantages proportionnels au statut du salarié qu’il emploie ?
Si l’on prend un peu de hauteur, on peut également remettre en question l’état du marché du travail américain actuel. Le nombre d’auto-entrepreneurs est bien supérieur Outre-Atlantique alors que ces statuts ne prétendent pas aux mêmes protections salariales et sociales que les employés salariés. Aux Etats-Unis, le paysage semble se diviser comme si les deux alternatives majeures étaient un emploi salarié aux contraintes horaires lourdes et rigides, ou alors un auto-entrepreneuriat flexible mais n’incluant que peu d’avantages sociaux réels pour le salarié. Pourrait-on imaginer un décalquage du modèle français de protection des salariés Outre-Atlantique ? Une troisième voie aux Etats-Unis est-elle possible ?
Lancée dans le cadre du service de livraison Prime Now, où pour 8 dollars le produit est livré dans l’heure et gratuitement dans les deux heures, l’initiative Flex d’Amazon s’inscrit dans cette dynamique en vogue de l’auto-entrepreneuriat qui challenge actuellement les formes traditionnelles de contrat de travail. Ce géant de la distribution propose ici à des individus sans antécédents judiciaires, âgés d’au moins 21 ans, en possession d’un véhicule et d’un permis de conduire, de devenir livreur pour Amazon. Mise en place à Seattle, berceau de naissance de l’entreprise, cette formule de service de livraison devrait s’étendre à huit autres villes américaines prochainement.
Rémunérant à la tâche entre 18 et 25 dollars, ce contrat flexible est vendu comme porteur d’avantages réels pour l’employé intermittent. Pouvant choisir ses courses et créneaux horaires, celui-ci a également la possibilité d’aller chercher ses colis à livrer dans des entrepôts à proximité pour effectuer une course dans un secteur limité. Ceci lui permet ainsi de faire des livraisons de courte durée, un moyen pour Amazon de contrer le fameux problème du « dernier kilomètre » qui fait augmenter ses coûts plus rapidement que son chiffre d’affaire. (1)
Flex c’est une promesse, celle de l’auto-entrepreneuriat. « Devenez votre propre chef : livrez quand vous voulez, autant que vous voulez ». (2) Voici le slogan grâce auquel Amazon présente cette formule comme idéale puisqu’avec Flex, le salarié à la main sur sa fréquence de travail. Une flexibilité horaire plus qu’attrayante au premier abord… Trop beau pour être vrai ? La question des contreparties cachées de ce type d’emploi se pose. Il semblerait en effet que derrière l’effervescence que peut susciter l’auto-entrepreneuriat, ce contrat soit finalement loin d’être « idyllique » en se révélant ainsi déséquilibré au profit de l’employeur.
Flex : une réelle aubaine pour le salarié ?
Au regard des difficultés judiciaires rencontrées par Uber, en procès depuis le 1er Septembre dernier, on est en droit de se demander quels risques encourt Amazon en proposant un tel type de contrat… En effet, les bénéfices de la flexibilité semblent finalement être les seules contreparties avantageuses pour le salarié intermittent. Les frais d’essence ainsi que l’assurance du véhicule restent ainsi à sa charge mais, plus important, l’employeur ne prévoit pas de couverture chômage, maladie ou invalidité pour le salarié.
Embaucher ainsi ces livreurs intermittents permet à l’entreprise de se rendre plus indépendante en ne s’appuyant plus sur des compagnies de livraison prestataires. De plus, Amazon n’ayant aucune cotisation sociale à payer, Flex lui permettra seulement de réduire ses coûts, d’augmenter son chiffre d’affaire et d’être encore plus compétitif sur un marché où s'affrontent dorénavant « des start-ups comme Postmates, Instacart ou encore les services de livraison proposés par Uber. » (2)
Cette initiative optimise ainsi réellement le système de livraison d’Amazon. Cependant, bien que l’entreprise le présente comme une opportunité pour l’employé, ce contrat n’affiche quasiment que des bénéfices réels pour le site de e-commerce...
La nécessité d’une troisième voie?
Cette initiative comporte cependant des risques pour Amazon au regard des entraves juridiques desquelles a souffert Uber ces derniers temps. Comme l’écrit Le Monde : « en lançant ce service, Amazon risque d’être confronté aux mêmes obstacles juridiques qu’Uber. Le leader mondial des voitures de transport avec chauffeur (VTC) devrait prochainement faire l’objet en Californie d’une action judiciaire en nom collectif (…) de la part de plusieurs employés, qui réclament une reclassification de leur contrat de travail. » (1) Doit-on prédire à Amazon le même destin qu’à Uber ?
Le manque de contreparties sociales pour le salarié dans ce type d’emploi doit-il être considéré comme normal au regard du type de service rendu ? Le développement de l’auto-entrepreneuriat semble motivé par la propagation de cette volonté d’indépendance au sein des sociétés occidentales contemporaines. L’individu contemporain ne souhaiterait plus se plier à des règles rigides et ces nouveaux contrats indépendants se proposent ainsi en réponse à cette envie. Cependant, l’absence ici de possibilités d’accès aux prestations sociales comme le chômage ou l’assurance maladie qui sont des droits fondamentaux du travailleur ne semble pas normal aux yeux de beaucoup. Au regard de cette remarque, Amazon ne devrait-il pas revoir la nature de ce contrat pour y intégrer des avantages proportionnels au statut du salarié qu’il emploie ?
Si l’on prend un peu de hauteur, on peut également remettre en question l’état du marché du travail américain actuel. Le nombre d’auto-entrepreneurs est bien supérieur Outre-Atlantique alors que ces statuts ne prétendent pas aux mêmes protections salariales et sociales que les employés salariés. Aux Etats-Unis, le paysage semble se diviser comme si les deux alternatives majeures étaient un emploi salarié aux contraintes horaires lourdes et rigides, ou alors un auto-entrepreneuriat flexible mais n’incluant que peu d’avantages sociaux réels pour le salarié. Pourrait-on imaginer un décalquage du modèle français de protection des salariés Outre-Atlantique ? Une troisième voie aux Etats-Unis est-elle possible ?
- http://www.lemonde.fr/entreprises/article/2015/09/30/amazon-invente-flex-le-travail-a-la-demande_4777417_1656994.html#tjbaHURIfTXJpYGJ.99
- http://www.europe1.fr/technologies/amazon-lance-flex-un-service-de-livreurs-a-la-tache-2522151