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L'entrée de la Russie à l'OMC pourrait-elle porter préjudice au développement russe ?




Publié par La Rédaction le 30 Octobre 2012

Le 22 août dernier, la Russie devenait enfin membre de l'Organisation mondiale du commerce. Après 18 ans de négociation et de doutes sur l'intégration de la Russie dans l'OMC, l'espoir d'une formidable reprise de croissance, est aussi grand que l'inquiétude des entreprises face à levée des barrières commerciales.



L'entrée de la Russie à l'OMC pourrait-elle porter préjudice au développement russe ?
La Russie devient membre de l'OMC

Les spécialistes savent que le processus d'adhésion à l'OMC est long et semé d'embuches, mais la Russie a battu tous les records en devenant membre de l'organisation, dix-huit ans après sa demande d'adhésion. Le pays a fait sa demande, dès la création de l'organisation, mais les divergences politiques et le climat conflictuel entre la Russie et la Géorgie ont considérablement ralenti les démarches. D'une part, la Géorgie, membre de l'OMC depuis de nombreuses années s'est opposée à l'entrée de la Russie dans l'OMC, et d'autre part, Vladimir Poutine pensait que la Russie pouvait se développer avec son propre modèle, sans qu'une adhésion à l'OMC soit nécessaire. Il aura fallu que la crise de 2008 mette le pays à genoux pour convaincre les dirigeants russes qu'une adhésion aurait plus d'effets positifs que négatifs. La Russie a donc repris les négociations dans l'urgence et a finalement obtenu son statut de membre officiel de l'OMC en août dernier. Ce statut impose au pays des obligations, notamment celle de lever les barrières douanières en abaissant les taxes sur les produits entrant en Russie, à 7,8 %. En outre, le pays devra se conformer à la réglementation internationale en matière d'échanges commerciaux, une réglementation régie par l'OMC, et devra faire le nécessaire pour ouvrir les portes de nombreux secteurs, aux investisseurs étrangers. C'est sur ce point que l'entrée de la Russie dans l'OMC suscite de nombreuses inquiétudes.

L’économie russe est-elle en péril ?

Il est indéniable que la baisse des taxes d'importation va amputer le budget de la Russie, de plusieurs milliards de dollars. Mais au-delà de ce manque à gagner, c'est l'invasion de produits d'entreprises étrangères que les dirigeants russes et les entrepreneurs craignent le plus. En effet, la levée des barrières commerciales va entrainer l'inondation du marché russe, par des produits ultras compétitifs et de grande qualité. Ce qui va assurément se solder par la faillite de milliers de petites et moyennes entreprises russes. Ajouté à cela, l'économiste Julien Vercueil, spécialiste de la Russie, rappelle que la morosité du contexte économique mondial actuel aura des effets encore plus néfastes sur l’économie russe, maintenant que le pays fait partie de l'OMC. Sachant que ce sont les échanges avec les pays européens qui dynamiseront l’économie de la Russie, mais que ces pays sont en crise, l'augmentation des IDE, risque de ne pas être à la hauteur des espérances des dirigeants russes, et pourrait bien ne pas suffire à combler le manque à gagner sur les taxes douanières revues à la baisse. Chacun se rappelle l'explosion des IDE en Chine, lorsque cette dernière est devenue membre de l'OMC en 2001. Depuis le pays a connu une croissance économique fulgurante, et chacun espère que les effets en Russie seront les mêmes. Pourtant, ce ne sera certainement pas le cas, car ajouté au contexte de crise qui va freiner l'investissement, le facteur de la main-d'œuvre a son importance. Cette dernière est trop chère en Russie, pour susciter les délocalisations. Le sentiment que l’entrée de la Russie à l’OMC va d’abord profiter aux autres pays est donc présent, mais les effets positifs sur l’économie russe sauront contrebalancer les points négatifs.

Une adhésion profitable à tous

L'ouverture du marché russe aux entreprises étrangères va rapidement profiter aux entreprises qui exportent leurs produits en Russie. L’automobile sera le premier secteur à profiter de l’adhésion de la Russie à l’OMC, car l'automobile est déjà le premier poste d'exportation vers le pays. Viennent ensuite, les médicaments, et les pièces détachées automobiles. Mais cette adhésion ne profitera pas seulement aux entreprises étrangères, car dorénavant, les entreprises russes pourront, elles aussi, exporter leurs produits vers l’Europe, et ce, dans un cadre réglementaire plus avantageux qu’avant l’adhésion de la Russie à l’OMC. La corruption et les économies souterraines seront amoindries par la nouvelle législation et les règles de l’OMC. Une aubaine pour les entrepreneurs qui souhaitent créer leur entreprise, sans être inquiété par des procédures opaques, dans lesquelles le bakchich est monnaie courante. Rappelons que selon de récentes études, la Russie est l’un des pays où il y a le plus de corruption. Les créateurs d’entreprises, et les sociétés existantes seront donc soulagés par des procédures plus transparentes, mais aussi par des rapports commerciaux plus sereins et des liens de confiances plus forts.

Une Russie plus compétitive et plus forte

Certes, l'inondation du marché russe par les produits d’entreprises étrangères va entrainer un fort mécontentement dans de nombreux secteurs, mais l'OMC et la Commission européenne se félicitent de cette adhésion, car les premiers bénéficiaires seront les consommateurs russes. Ces derniers auront désormais accès à un plus large choix de produits, et à des produits bon marché. Leur pouvoir d'achat s'en trouvera augmenté, et l'économie russe profitera d'une hausse de la consommation de ses ménages. Les effets négatifs de l'adhésion de la Russie à l'OMC seront donc atténués, et le manque à gagner sur les taxes douanières sera compensé. Selon les estimations de la Banque Mondiale, cette adhésion devrait rapporter à la Russie, près de 49 milliards de dollars par an, durant les premières années. Des recettes qui augmenteront inévitablement par la suite. De plus, le vent libéral qui va souffler sur le pays va obliger les entreprises locales, à améliorer leurs services, et à se moderniser. Ce qui, à terme, permettra à l'économie russe de gagner en compétitivité. D’autre part, rappelons que la Russie souffre d’une économie très peu diversifiée, et que cette dernière est essentiellement basée sur l'exportation de gaz et de pétrole. Or, pour résister aux périodes de crise, la Russie a besoin du dynamisme de nombreux autres secteurs. Un dynamisme que l'adhésion à l'OMC rendra possible.


Tags : OMC, Russie, WTO

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