L’abstention : symptôme d’une dépolitisation de la population ou échec des partis politiques ?
« Elections régionales : zéro pointé pour le FN. » (1) Tel était la Une du Parisien au lendemain du second tour des élections régionales. Si ce résultat semble en soulager plus d’un, c’est une victoire qui ne fait malheureusement pas de vainqueur… Car compte tenu du taux d’abstention du premier tour, le « barrage » de la jeunesse au Front National au second tour dimanche 13 décembre semble refléter davantage un vote "contre" le FN que l’expression de réelles convictions politiques. Là réside peut-être le problème…
Si personne n'envisage en France l'abandon de ce moyen d'expression démocratique qu'est le vote, la France ne se trouve pas moins dans une crise de la représentativité qui continue de s’accentuer. Est-on face à une dépolitisation de la population, ou alors à un peuple se sentant de moins en moins représenté avec ceux censés agir pour l’intérêt général? Si les extrêmes mobilisent, en plus du vote de la peur, c’est peut être parce qu’aujourd’hui la supposée distinction gauche / droite n’est plus dans les actes véritablement lisibles…Manque de cohérence, décalage entre actes et discours, confusion entre les lignes idéologiques des partis, le fossé entre peuple et élites semble se creuser chaque jour d'avantage.
Car l’abstention n’est pas un problème récent. En 2012 déjà, François Hollande déclarait que « la menace la plus grande est celle de l'abstention. C'est au premier tour que nous devons aller à l'essentiel ». (2) Bien que la mobilisation se soit éveillée au second tour cette fois-ci, les politiques sont de nouveau face à l’impératif d’inciter les électeurs à se rendre aux urnes. Ces élections régionales tirent une fois de plus la sonnette d’alarme, surtout en vue des présidentielles de 2017. Le problème de l’abstention aura-t-il était solutionné d’ici là ? Rien n’est moins sur…
Car face à cette crise de la représentativité, bon nombre de solutions ont été évoquées comme le vote obligatoire, déjà mis en place dans certains pays voisins. Cependant, la plupart des sondages montrent que l’obligation n’engendre finalement pas vraiment plus de mobilisation. De plus, le fait même de rendre un droit de libre arbitre (qui est aussi un devoir bien sur) obligatoire, révèle, comme l’estime le chercheur en sciences politique Jérémie Moualek, d’une « bien curieuse conception de la démocratie… » (3)
Si la solution optimale est encore sujette à débat, la prise de conscience est bien là : « le principal enjeu, c'est la mobilisation ». (4) Dès lors, comment capter l’abstentionniste, cible historique de tout parti politique ? Le vote dématérialisé apparait de plus en plus comme une alternative qui mérite d’être considérée…
Le vote dématérialisé : un rempart pertinent ?
De toute évidence, les solutions proposées jusqu’ici ne semblent pas avoir été des plus adaptées. Le vote électronique, déjà en place en Estonie, gagne de plus en plus de consensus. Ainsi, un sondage publiait récemment par Le Figaro, révèle que si le vote électronique était instauré en France, cela favoriserait une plus grande mobilisation chez les abstentionnistes. En effet, selon ces résultats, 58% des abstentionnistes seraient davantage enclins à voter via internet. (4)
Quelles sont les vertus du vote électronique ? Celui-ci permettrait des élections plus légitimes en réduisant le nombre d’erreurs liées au support papier. Cela permettrait également des résultats quasi immédiats dès la clôture du vote, plus de confort des électeurs puisque ceux-ci ne seraient pas contraints de se déplacer, l’absence de vote nul et ultimement : l’augmentation de la participation. De plus, la confidentialité et le secret du vote pourraient être mieux assurés (à condition toutefois de "durcir" les systèmes existants). Cela permettrait également de réduire considérablement les coûts des élections : le vote traditionnel coûterait environ 5 euros par votant, soit près de cinq fois plus qu'un vote électronique en moyenne. (5)
56% des français sondés seraient ainsi favorable à l’instauration d’un tel système. (4) En vue de ces résultats, pourquoi la France ne suivrait-elle pas les pas de l’Estonie ? Car si cette solution semble adéquate, certains freins psychologiques dont la crainte de la fraude persistent dans l’imaginaire collectif. Car le vote par voie électronique serait potentiellement une cible du piratage… La dépendance totale à la technologie en freine encore beaucoup… Mais les résultats de ce modèle au sein de la « e-Estonie », le pays le plus digitalisé du monde, encouragent les défenseurs du vote dématérialisé à vanter ses atouts. Fluidification et simplification du processus en plus des effets bénéfiques que cela aurait sur l’abstention, sont des dimensions qui jouent en faveur de l’instauration à termes de ce système.
L’essentiel est aujourd’hui de refonder ce lien civique qui semble se détériorer au fil des années. Mais les politiques prennent-ils le problème du bon coté ? La réticence des électeurs à aller voter peut-elle être résolue par la seule facilitation de la démarche ? Ou le problème est-il plus profondément enfoui aux sources du système français de la représentation politique? Si la solution à la « désidéologisation » de la politique française actuelle sera certainement un gros et long chantier, la solution du vote électronique peut néanmoins servir de remède, au moins partiel, à l’abstentionnisme.
« Elections régionales : zéro pointé pour le FN. » (1) Tel était la Une du Parisien au lendemain du second tour des élections régionales. Si ce résultat semble en soulager plus d’un, c’est une victoire qui ne fait malheureusement pas de vainqueur… Car compte tenu du taux d’abstention du premier tour, le « barrage » de la jeunesse au Front National au second tour dimanche 13 décembre semble refléter davantage un vote "contre" le FN que l’expression de réelles convictions politiques. Là réside peut-être le problème…
Si personne n'envisage en France l'abandon de ce moyen d'expression démocratique qu'est le vote, la France ne se trouve pas moins dans une crise de la représentativité qui continue de s’accentuer. Est-on face à une dépolitisation de la population, ou alors à un peuple se sentant de moins en moins représenté avec ceux censés agir pour l’intérêt général? Si les extrêmes mobilisent, en plus du vote de la peur, c’est peut être parce qu’aujourd’hui la supposée distinction gauche / droite n’est plus dans les actes véritablement lisibles…Manque de cohérence, décalage entre actes et discours, confusion entre les lignes idéologiques des partis, le fossé entre peuple et élites semble se creuser chaque jour d'avantage.
Car l’abstention n’est pas un problème récent. En 2012 déjà, François Hollande déclarait que « la menace la plus grande est celle de l'abstention. C'est au premier tour que nous devons aller à l'essentiel ». (2) Bien que la mobilisation se soit éveillée au second tour cette fois-ci, les politiques sont de nouveau face à l’impératif d’inciter les électeurs à se rendre aux urnes. Ces élections régionales tirent une fois de plus la sonnette d’alarme, surtout en vue des présidentielles de 2017. Le problème de l’abstention aura-t-il était solutionné d’ici là ? Rien n’est moins sur…
Car face à cette crise de la représentativité, bon nombre de solutions ont été évoquées comme le vote obligatoire, déjà mis en place dans certains pays voisins. Cependant, la plupart des sondages montrent que l’obligation n’engendre finalement pas vraiment plus de mobilisation. De plus, le fait même de rendre un droit de libre arbitre (qui est aussi un devoir bien sur) obligatoire, révèle, comme l’estime le chercheur en sciences politique Jérémie Moualek, d’une « bien curieuse conception de la démocratie… » (3)
Si la solution optimale est encore sujette à débat, la prise de conscience est bien là : « le principal enjeu, c'est la mobilisation ». (4) Dès lors, comment capter l’abstentionniste, cible historique de tout parti politique ? Le vote dématérialisé apparait de plus en plus comme une alternative qui mérite d’être considérée…
Le vote dématérialisé : un rempart pertinent ?
De toute évidence, les solutions proposées jusqu’ici ne semblent pas avoir été des plus adaptées. Le vote électronique, déjà en place en Estonie, gagne de plus en plus de consensus. Ainsi, un sondage publiait récemment par Le Figaro, révèle que si le vote électronique était instauré en France, cela favoriserait une plus grande mobilisation chez les abstentionnistes. En effet, selon ces résultats, 58% des abstentionnistes seraient davantage enclins à voter via internet. (4)
Quelles sont les vertus du vote électronique ? Celui-ci permettrait des élections plus légitimes en réduisant le nombre d’erreurs liées au support papier. Cela permettrait également des résultats quasi immédiats dès la clôture du vote, plus de confort des électeurs puisque ceux-ci ne seraient pas contraints de se déplacer, l’absence de vote nul et ultimement : l’augmentation de la participation. De plus, la confidentialité et le secret du vote pourraient être mieux assurés (à condition toutefois de "durcir" les systèmes existants). Cela permettrait également de réduire considérablement les coûts des élections : le vote traditionnel coûterait environ 5 euros par votant, soit près de cinq fois plus qu'un vote électronique en moyenne. (5)
56% des français sondés seraient ainsi favorable à l’instauration d’un tel système. (4) En vue de ces résultats, pourquoi la France ne suivrait-elle pas les pas de l’Estonie ? Car si cette solution semble adéquate, certains freins psychologiques dont la crainte de la fraude persistent dans l’imaginaire collectif. Car le vote par voie électronique serait potentiellement une cible du piratage… La dépendance totale à la technologie en freine encore beaucoup… Mais les résultats de ce modèle au sein de la « e-Estonie », le pays le plus digitalisé du monde, encouragent les défenseurs du vote dématérialisé à vanter ses atouts. Fluidification et simplification du processus en plus des effets bénéfiques que cela aurait sur l’abstention, sont des dimensions qui jouent en faveur de l’instauration à termes de ce système.
L’essentiel est aujourd’hui de refonder ce lien civique qui semble se détériorer au fil des années. Mais les politiques prennent-ils le problème du bon coté ? La réticence des électeurs à aller voter peut-elle être résolue par la seule facilitation de la démarche ? Ou le problème est-il plus profondément enfoui aux sources du système français de la représentation politique? Si la solution à la « désidéologisation » de la politique française actuelle sera certainement un gros et long chantier, la solution du vote électronique peut néanmoins servir de remède, au moins partiel, à l’abstentionnisme.
- http://www.leparisien.fr/elections-regionales/elections-regionales-zero-pointe-pour-le-fn-14-12-2015-5370353.php
- http://www.europe1.fr/politique/hollande-la-menace-de-l-abstention-1007467
- http://www.marianne.net/agora-contre-vote-obligatoire-domestication-electeur-100232778.html
- http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2015/11/05/25001-20151105ARTFIG00066-le-vote-sur-internet-meilleur-moyen-de-lutter-contre-l-abstention.php
- http://www.secure-vote.com/avantages-vote-electronique.html