Malgré ce que peuvent en dire la majorité des sources occidentales soumises à la hargne américaine, la Chine est une nation globalement en paix avec elle-même. Les témoins sincères qui ont pu côtoyer les Chinois dans leur quotidien, affirment que la population, dont le plaisir de vivre progresse année après année, est satisfaite du régime et soutient le gouvernement. Ce n’est pas un pays désincarné qui se transforme à marche forcée, mais ce que la société chinoise toute entière en fait.
Un pays que les Chinois identifient comme le leur, qu’ils y soient nés ou qu’ils l’aient adopté. Un sentiment qui trouve ses racines dans la vision qu’ils ont de cinq mille ans d’histoire. Dans ce qui reste à bien des égards encore l’Empire du milieu, 中国, l’identité nationale ne se résume pas à une intégrité territoriale, à l’exercice d’une souveraineté, mais il s’y ajoute en dominante une culture propre, un concept unique de civilisation. Un socle qui valorise l’individu quand il se réfère à sa Nation qu’il perçoit comme la première au monde.
Un sentiment qui perdurera, car les jeunes Chinois déclarent qu’ils aiment leur patrie. Si l’on ajoute foi au sondage rapporté par le Quotidien du Peuple, 96 % des jeunes Chinois interrogés ont déclaré être fiers des réalisations de la Chine, 93 % ont confirmé qu’ils « aimeraient toujours être chinois s’ils avaient une seconde vie » et, plus significatif encore, 82 % ont confié qu’ils se sentaient personnellement visés quand d’autres peuples critiquaient les Chinois [1] .
Aussi, ce à quoi nous allons assister dans les quinze ans qui viennent ne sera en rien une révolution.
Une démocratie autoritaire
Quelle pourrait être à l’horizon 2035 cette Chine politique que l’on voit s’esquisser ?
Une société innovante, sa raison d’être. Le pays est totalement informatisé. Les hommes y sont insérés dans un réseau informatique, observés à tout moment dès avant leur naissance et jusqu’au-delà de leur mort. Mais en même temps ouverts au monde par les multiples réseaux accessibles sur la Toile et que désormais ils parcourent. Une société équilibrée où tous, même dans les campagnes reculées, ont accédé à une relative aisance, où l’accès à l’éducation, la santé et à une vieillesse accompagnée est garantie. Une société qui s’affirme chinoise par sa culture, une raison d’être et de se dépasser, par son écriture qui n’est pas seulement un outil pour s’exprimer mais par le fait que ses idéogrammes sont porteurs d’une manière de penser. Pour l’humanité toute entière elle doit être un rempart contre la pensée unique américaine. Une société de tradition confucéenne qui prône le respect de l’autorité, de la rigueur. La rigueur dans la vie courante s’est étendue à l’administration où la corruption a progressivement disparu. Cette société exigeante est étroitement tenue par un régime contraignant. Il ne peut pas en être autrement, pour maintenir unis plus d’un milliard d’hommes sur une immense étendue. Mais justement parce que cet État est robuste, il peut offrir un cadre aux aspirations de tous les jours du plus grand nombre. Donnant naissance à une semi-démocratie qui pourrait s’apparenter à ce que l’on observe à Singapour. Une société que l’on pourrait qualifier de victorienne, si l’on n’était pas deux cents ans plus tard et en Asie.
[1] Bianji, Survey shows Chinese youth have high degree of national identity, People's Daily Online, 11 décembre 2018