Ukraine : l'aide française atteindra deux milliards d'euros en 2024



Publié par Jean-Baptiste Le Roux le 17 Octobre 2024

En 2024, la France augmentera son aide militaire à l'Ukraine, dépassant les 2 milliards d'euros. Bien que significatif, ce soutien n'atteindra pas le plafond des 3 milliards initialement envisagé. Retour sur les raisons de cette aide et ses modalités de financement.



Un soutien en hausse mais en deçà des attentes

Le soutien militaire de la France à l'Ukraine est en constante progression depuis l'invasion russe en 2022. Alors que l'aide était estimée à 1,7 milliard d'euros en 2022, elle est passée à 2,1 milliards en 2023. Pour 2024, cette aide dépassera les 2 milliards d'euros, bien que la barre des 3 milliards envisagée dans l'accord de sécurité signé avec Kiev ne soit pas atteinte. Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a confirmé cette évolution devant la commission de la Défense de l'Assemblée nationale.

Les raisons de cette hausse sont multiples. L'intensification du conflit exige un soutien militaire renforcé, notamment en termes de munitions, de véhicules blindés et de chars. La France, en tant que partenaire de l'Ukraine, répond à cette demande croissante tout en restant dans des limites budgétaires définies. Bien que l'accord prévoyait un montant plus élevé, des contraintes budgétaires et une réévaluation des besoins immédiats ont amené à un ajustement.

Une aide financée par des ressources variées

Le financement de cette aide provient de plusieurs sources. Une partie importante, soit environ 300 millions d'euros, est issue des intérêts générés par les avoirs russes gelés en réponse à l'invasion de l'Ukraine. Ces fonds permettent l'achat de munitions, principalement des obus de 155 mm et des canons Caesar, essentiels pour l'effort militaire ukrainien. En parallèle, des dons de matériels militaires anciens, comme les véhicules de l’avant-blindé (VAB) et les chars AMX-10RC, sont valorisés à près de 700 millions d'euros.

Le budget alloué à cette aide est également soutenu par des "gains d'inflation", une mesure qui découle du ralentissement de l'inflation par rapport aux prévisions initiales. Environ 400 à 600 millions d'euros supplémentaires ont ainsi pu être alloués à l'aide militaire grâce à cette économie. Enfin, le Fonds de soutien européen, auquel la France contribue à hauteur de 1,2 milliard d'euros, joue un rôle clé dans le financement des équipements militaires destinés à l'Ukraine, renforçant ainsi l'effort collectif au sein de l'Union européenne.

Une charge budgétaire maîtrisée mais sous surveillance

Malgré l'augmentation notable de l'aide à l'Ukraine, celle-ci reste en deçà du montant maximum envisagé, permettant ainsi à la France de maîtriser l'impact de cette dépense sur ses finances publiques. Le ministre Lecornu a souligné que cette aide, bien qu'essentielle, ne doit pas compromettre les priorités budgétaires nationales. En effet, le coût de cette aide est surveillé de près, notamment à travers des mécanismes de financement innovants, comme l'utilisation des intérêts des avoirs russes gelés et les gains liés à l'inflation.

L'effort de la France s'inscrit également dans une dynamique européenne, avec des contributions significatives à des mécanismes communs, tels que la Facilité européenne pour la paix. Ce fonds permet aux États membres de mutualiser leurs efforts pour soutenir l'Ukraine tout en minimisant l'impact sur les budgets nationaux. À cet égard, la France a reçu 143 millions d'euros en 2024 dans le cadre de ce mécanisme, contribuant ainsi à équilibrer partiellement les dépenses engagées.

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