Technip, leader mondial en difficultés?



Publié par Jean-Baptiste François le 1 Juillet 2015

Si Technip reste le leader mondial de l'ingénierie pétrolière (implanté dans 48 pays), il traverse aujourd'hui des difficultés. En effet le monde pétrolier reste fragile et voué à subir de plus en plus les contraintes politico-environnementales. Dans un secteur en difficultés, quelles sont les issues pour ce géant directement impacté ?



Offshore support vessel Toisa Perseus with, in the background, the fifth-generation deepwater drillship Discoverer Enterprise (CC Licence)
L'ingénierie pétrolière : un secteur en difficultés

Les résultats 2014 l'attestent : avec un chiffre d'affaires de 10,7 milliards pour un résultat net de 436,6 millions d'euros, en repli de 22,5% par rapport à l'année dernière, alors que le consensus Thomson Reuters I/B/E/S (Institutional Brokers' Estimate System) tablait en moyenne sur un résultat net de 524,6 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 10,5 milliards d'euros (1).
 
Ces chiffres décevants ont notamment pour causes des charges exceptionnelles, qui s'élèvent à 73,6 millions d'euros. Elles sont liées notamment à des restructurations (2). En effet, Technip abandonne progressivement les technologies liées aux énergies renouvelables, puisque celle-ci ne sont pas considérées par Technip comme prioritaires. Le groupe a fermé son entité dans l'éolien en mer et ses actifs dans la plongée en Inde.

De plus ces résultats témoignent des tendances du marché, dont les principaux acteurs sont réticents à l’idée d’investir suite à la baisse du prix du baril de pétrole. Fin 2014, Total a annoncé une réduction de ses investissements, passant de 28 milliards à 26 milliards de dollars pour 2015 avec un objectif dès 2017 de 25 milliards. Et d'autres géants du secteur, comme l'américain Exxon mobil ou encore l'italien ENI, ont à leur tour déclaré faire de même.

Difficultés juridiques et contractuelles

Dans cet environnement complexe, Technip fait aussi les frais de l'annulation de gros contrats, comme en Algérie avec Sonatrach, qui a prétexté le non-respect des termes du contrat par Technip. L'accord s'élevait à environ un milliard d'euros. Le groupe français devait réaliser des installations visant à la modernisation de la raffinerie de Sidi Arcine, en banlieue d'Alger (3).

Le groupe Technip devait également procéder au rachat de CGG (Compagnie Générale de Géophysique-Veritas), un des leaders de la sismique pétrolière, pour une somme avoisinant les 1,5 milliards d'euros. Mais aucun accord n’a pu être trouvé. Cet échec a affecté le titre du groupe dont l'action a connu une baisse de 25% en deux mois. Il s’agit également du premier échec de son PDG Thierry Pilenko,  à la tête du groupe depuis 2007 (4).

Retour de la croissance pour 2015 ?

Le début de l’année 2015 se présente sous de meilleurs auspices et le groupe a enregistré au premier trimestre un chiffre d'affaire en hausse de 17%. De plus le carnet de commandes à un an a augmenté de 1,5 milliards d'euros durant la même période : il s'élève désormais à 21 milliards d'euros, ce qui constitue un record. Comme l'a déclaré Thierry Pilenko, le PDG du groupe, cela devrait lui donner "une visibilité excellente pour 2015, 2016 et au-delà". Ces chiffres témoignent aussi d'une amélioration de la situation dans le secteur pétrolier grâce notamment à une légère augmentation du prix du baril.

(1) http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2015/02/18/97002-20150218FILWWW00049-technip-resultat-net-en-recul.php
(2) http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRWEA00GVL20150218
(3) http://www.liberation.fr/economie/2015/06/21/algerie-sonatrach-resilie-un-contrat-d-1-md-de-dollars-avec-technip_1334112
(4) http://www.lefigaro.fr/societes/2014/12/04/20005-20141204ARTFIG00025-cgg-reste-sous-pression-de-technip.php

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