Survivre dans un monde instable et dangereux



Publié par Michael Caladan le 6 Mars 2019

Les récents incendies en Corse ont conduit à évacuer en urgence des habitations. Construire un sac d’évacuation est une nécessité, une assurance complémentaire dans un monde dangereux et instable. Tirer parti des enseignements du survivalisme pour le réaliser est la solution pour y parvenir. C’est ce que propose le « guide d’évacuation et de survie » de Michael Caladan qui vient de sortir chez VA Éditions.



Le survivalisme, une philosophie tirant ses racines dans l’histoire de l’humanité, est pourtant officiellement née tardivement, au moment de la guerre froide juste après la fin de la deuxième grande boucherie sur XXe siècle. Cette doctrine née d’une inquiétude profonde permit d’imaginer des solutions à la lourde menace d’un prochain cataclysme, nucléaire cette fois-ci. La crise de Cuba en fut l’apogée avec la menace d’un monde entier emporté dans une confrontation majeure entre les deux grands blocs politiques de l’époque.

Puis, un soir du 9 novembre 1989, le bloc soviétique s’effondra, emporté sous les gravats d’un mur érigé en symbole. Entraînant alors un changement radical des problématiques sécuritaires. La montée d’un islamisme vindicatif, la multiplication de guerres locales, un phénomène migratoire décuplé, des bouleversements économiques liés à la fulgurante ascension d’un mondialisme effréné. Ce bouleversement provoquant la décadence progressive de la société occidentale, s’effondrant progressivement comme le décrit l’écrivain russe Dimitry Orlov sur le plan financier, commercial, politique, social et culturel. Le survivalisme des bunkers qui tentait de se prémunir contre la confrontation de deux entités opposées en constante confrontation a vécu. Est apparu un néo survivalisme diversifié, vaste et complexe à l’image de cette nouvelle société et de ses innombrables périls.

Notre société de début du XXIe siècle est confrontée à un futur protéiforme inquiétant qui malgré l’image de stabilité qu’elle semble encore offrir est en réalité confrontée à un contexte de fragilité économique et sociétale inégalée.

Penser que les problèmes n’arrivent qu’aux autres, se sentir à l’abri, totalement intégrable et en sécurité est une erreur possiblement funeste. Bien sûr, je ne parle pas d’une catastrophe majeure qui mènerait à la fin de l’espèce et à laquelle je ne crois guère, mais d’un incident plus ou moins grave qui serait désastreux pour beaucoup d’imprévoyants. L’important et se s’offrir ainsi qu’à ses proches la possibilité de passer le cap d’une situation dégradée sans trop de dégâts.

Le guide de survie permet est la clef principale pour réaliser un sac d’évacuation (BOB* ou Bug Out Bag) rassemblant divers produits, nourriture, eau, soins, abris, outillage, etc. Pouvant permettre à un individu ou à un groupe de survivre quelques jours dans une situation dégradée. Il est impossible de trouver un BoB* parfaitement adapté à une personne précise en toute circonstance. L’équipement qui le compose doit répondre à des besoins génériques et spécifiques qui seront totalement différents selon la saison, le genre, l’âge, la santé ou le nombre de personnes qui en dépendent. Votre sac d’évacuation ou de survie doit mettre à votre disposition les solutions et les moyens suivants : Boire, vous nourrir, vous soigner, transporter votre matériel, vous abriter, être autonome électriquement, disposer d’outils et du matériel nécessaires. Tout en respectant le cahier des charges suivant : Éviter le matériel superflu, privilégier les produits les plus légers et polyvalents, apporter une réponse efficace à un maximum de situation, être en conformité avec la loi, être facilement personnalisé, être renouvelable.

Aux USA, berceau du survivalisme on peut trouver des sacs d’évacuation généralistes, contenant un peu de matériels inadaptés et de la nourriture au goût made in là-bas que vous n’avez pas l’habitude de consommer, dont la composition sera écrite en anglais et que vous aurez un mal fou à renouveler lorsque les dates de consommation seront dépassées. Pas simple de trouver du pemmican (viande séchée à la manière apache) au pays du saucisson. On peut aussi trouver dans certains magasins des kits ultras spécialisés d’alimentations lyophilisés pour alpinistes ou marins solitaires. Il existe aussi des rations de survie militaire, mais pour être plus clair, avoir comme choix de manger de la poudre d’aliments réhydratés hors de prix ou parcourir les stocks américains pour y dénicher des rations de combat indigestes et sans saveur souvent à la limite des dates de péremption, sera le meilleur moyen de plomber encore plus le moral lors d’une situation de crise.

Enfin, la vague survivaliste devenue parfois phénomène de mode a lancé sur le marché beaucoup de gadgets qui jouent de l’imaginaire collectif autour du sujet. Ces objets ne présentant qu’une utilité limitée sauf à vouloir briller en société, comme l’incontournable « firesteel » qui n’est autre que le silex de nos hommes préhistoriques modernisé, très peu pratique, vous ne vous en servirez jamais, surtout quand il est si simple d’avoir un simple briquet au fond de sa poche. Évitez aussi la machette de brousse, nous ne sommes pas en Amazonie ou dans la jungle congolaise à moins que...

(*) BOB  (Bug Out Bag) : sac de survie ou sac d’évacuation rassemblant divers produits et objets pouvant permettre de survivre quelques jours dans une situation dégradée.

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