Panorama du photovoltaïque en 2015
Depuis le réveil des consciences dù au réchauffement climatique, la nécessité d’intégrer massivement le solaire dans le mix énergétique est devenue une idée partagée par les grandes puissances. C’est dans cette optique qu’était promulguée le 18 août dernier la loi de « transition énergétique pour la croissance verte » qui fixe les grands objectifs du nouveau modèle énergétique français.
Derrière ce volontarisme politique, l’actualité en matière d’ « économie verte » a cependant été marquée par l’annonce du redressement judiciaire de la société Elifrance Energy en Juillet dernier. (1) Les employés de cette entreprise productrice de panneaux solaires lançaient alors un appel désespéré pour demander de l’aide au gouvernement afin d’éviter la liquidation judiciaire. Peine perdue, l'entreprise a été liquidée en septembre.
Comment expliquer ces difficultés rencontrées par l’entreprise Elifrance Energy et ce paradoxe français ? Le Tableau de bord de l’énergie éolienne et photovoltaïque publié par le Commissariat Général au Développement Durable estime pourtant que la production de l’énergie solaire est en progression depuis le début de l’année 2015. (3) La production auraient ainsi respectivement augmenté de 10% pour l’éolien et de 17% pour le photovoltaïque. (2) Cependant, si d’un côté l’énergie solaire a connu une progression significative au cours du premier semestre 2015, le secteur voit néanmoins le nombre de projets diminuer. Selon les statistiques du Ministère de l’Ecologie le nombre d’installations raccordées aurait baissé de 44% si l’on compare à la même période de l’an passé. Les experts ayant mené l’étude explique que « plus de 60% de la puissance raccordée sur le semestre provient de gros projets, d’une puissance supérieure à 250 kW. » (6) Ainsi, si au total, la production d’électricité photovoltaïque a augmenté, cette progression semble davantage due à quelques projets majeurs plutôt qu’à la multiplication espérée des projets : les installations chez les particuliers sont manifestement en chute libre.
Cette progression devrait donc continuer du fait de ces installations majeures de plus en plus puissantes et performantes. Cependant, la part de l’énergie solaire reste toujours faible dans la consommation électrique nationale, ce qui pose la question de l'avenir de la filière en France…
Quel développement possible pour cette filière ?
Dès lors, a-t-on trouvé un modèle de développement équilibré pour rentabiliser l’exploitation de cette énergie ? Rien ne semble certain, compte tenu de l’abaissement du nombre de projets à venir qui peut, dans une certaine mesure, expliquer disparition d’une entreprise comme Elifrance Energy. Si l’impératif de passer à un modèle de consommation énergétique moins coûteux semble s’être ancré dans l’imaginaire collectif, la part de l’énergie photovoltaïque est encore marginale, ne représentant que 1.3 % de la consommation électrique globale en France. (3) Une part donc relativement infime…
A quoi tient donc ce paradoxe ? On peut y voir la conséquence d’un décalage entre les mots et les actes. L’enjeu du photovoltaïque en France relève d’un défi technique sur les rendements. Le but n'est pas tant de faire des économies d’énergie, puisque celle-ci est inépuisable dans ce cas précis, mais à d'améliorer le rendement de conversion pour réduire l’espace nécessaire aux installations. Or tant que les installations ne peuvent pas se multiplier en ville, là où résidera bientôt la très grande majorité de la population mondiale, le secteur n'atteindra pas le seuil critique de production au-delà duquel le prix des équipements commence à devenir intéressant pour des particuliers. Le prix des installations reste en effet élevé et il faut aujourd'hui compter plusieurs années avant qu’une installation ne soit réellement rentable, surtout depuis 2011 et le moratoire sur le prix de rachat par EDF, et l'arrêt de plusieurs dispositifs d'incitation fiscale.
Le photovoltaïque ne cependant pas condamné, compte tenu de la place centrale qu'il occupe dans notre futur mix énergétique. Mais ses détracteurs soutiennent que son niveau d’exploitation dépendant du degré d’ensoleillement d’un site, il semble ainsi logique que l’énergie solaire devienne plus rapidement rentable dans des pays à fort taux d’ensoleillement. La répartition très disparate du parc photovoltaïque en France en témoigne déjà. 92,6% des installations sont en effet réparties dans quatre régions, toutes au Sud du territoire : le Sud Ouest, l’Auvergne-Centre-Limousin, l’Ouest de la France et la région méditerranéenne. (3) Cet argument n’est cependant pas explicatif du retard français à passer au photovoltaïque si l’on regarde le succès de l’Allemagne en la matière.
Si le passage à l’énergie solaire représente donc un investissement, cela reste cependant un investissement à encourager. Le solaire est appelé à devenir de plus en plus compétitif sur le marché énergétique mondial. Si il semble en passe de devenir une « Success story » aux Etats Unis (4), le photovoltaïque semble également trouver des marchés à fort potentiel de croissance dans les régions d’Asie et du Moyen-Orient. C’est ce qu’a su percevoir Engie, anciennement GDF-Suez, qui rachetait il y a peu Solaire Direct, devenant ainsi numéro un de l’énergie solaire en France. Engie voit en effet le photovoltaïque comme porteur à l’étranger et ce rachat à 95% du capital de Solaire Direct lui permet de regonfler son portefeuille avec une quinzaine de projets essentiellement en Asie, Moyen Orient et Amérique Latine.
L’avenir du photovoltaïque français est il dès lors à l’étranger ? Cette filière énergétique a-t-elle de véritables possibilités de croissance au sein de l’Hexagone ?
Quel avenir pour le photovoltaïque en France ?
Bien que cette filière soit coûteuse et ne possède pour l’instant qu’une rentabilité à long terme, il est nécessaire d’encourager sa croissance. Afin de pallier à ce problème de rentabilité à court terme, des innovations se développent comme la production par Megacell de panneaux solaires bifaces à haut rendement par exemple. (5) Capables de capter la lumière directe comme réfléchie, ces nouveaux panneaux peuvent être vus comme une aubaine pour ré-ancrer l’idée que le photovoltaïque peut être rentable à court comme à long terme. On a en effet en France des entreprises performantes, fortes de produits innovants qui souffrent pourtant aujourd’hui. Au regard de la situation d’Elifrance, on ne peut nier que cette industrie n’est surement pas soutenue comme elle le devrait…
La loi pour la transition énergétique institutionnalise par conséquent cette volonté gouvernementale de se tourner vers les énergies renouvelables. Si dans certains pays le photovoltaïque n’a plus besoin de subventions, quel rôle jouent réellement les institutions publiques françaises dans le développement de cette filière ? Les actes gouvernementaux pour soutenir ce secteur suivent ils ses discours pro-transition énergétique ?
Un plus grand effort institutionnel apparaît en effet nécessaire au soutien de cette filière qui semble s’essouffler en France quand elle devrait, au contraire, être aidée si l’on compte construire un modèle énergétique nous permettant de mieux consommer…
http://www.batiactu.com/edito/-41997.php http://www.actu-environnement.com/ae/news/eolien-photovoltaique-13twh-premier-semestre-25157.php4 http://www.quelleenergie.fr/magazine/energie-eolienne/tableau-bord-photovoltaque-eolien-2015-39070/ http://www.lechodusolaire.fr/vers-77-gw-dinstallations-pv-aux-etats-unis-en-2015/ http://www.lechodusolaire.fr/megacell-lance-la-production-de-cellules-solaires-biface-de-haut-rendement/ http://lenergeek.com/2015/09/01/eolien-solaire-la-production-delectricite-renouvelable-progresse/
Depuis le réveil des consciences dù au réchauffement climatique, la nécessité d’intégrer massivement le solaire dans le mix énergétique est devenue une idée partagée par les grandes puissances. C’est dans cette optique qu’était promulguée le 18 août dernier la loi de « transition énergétique pour la croissance verte » qui fixe les grands objectifs du nouveau modèle énergétique français.
Derrière ce volontarisme politique, l’actualité en matière d’ « économie verte » a cependant été marquée par l’annonce du redressement judiciaire de la société Elifrance Energy en Juillet dernier. (1) Les employés de cette entreprise productrice de panneaux solaires lançaient alors un appel désespéré pour demander de l’aide au gouvernement afin d’éviter la liquidation judiciaire. Peine perdue, l'entreprise a été liquidée en septembre.
Comment expliquer ces difficultés rencontrées par l’entreprise Elifrance Energy et ce paradoxe français ? Le Tableau de bord de l’énergie éolienne et photovoltaïque publié par le Commissariat Général au Développement Durable estime pourtant que la production de l’énergie solaire est en progression depuis le début de l’année 2015. (3) La production auraient ainsi respectivement augmenté de 10% pour l’éolien et de 17% pour le photovoltaïque. (2) Cependant, si d’un côté l’énergie solaire a connu une progression significative au cours du premier semestre 2015, le secteur voit néanmoins le nombre de projets diminuer. Selon les statistiques du Ministère de l’Ecologie le nombre d’installations raccordées aurait baissé de 44% si l’on compare à la même période de l’an passé. Les experts ayant mené l’étude explique que « plus de 60% de la puissance raccordée sur le semestre provient de gros projets, d’une puissance supérieure à 250 kW. » (6) Ainsi, si au total, la production d’électricité photovoltaïque a augmenté, cette progression semble davantage due à quelques projets majeurs plutôt qu’à la multiplication espérée des projets : les installations chez les particuliers sont manifestement en chute libre.
Cette progression devrait donc continuer du fait de ces installations majeures de plus en plus puissantes et performantes. Cependant, la part de l’énergie solaire reste toujours faible dans la consommation électrique nationale, ce qui pose la question de l'avenir de la filière en France…
Quel développement possible pour cette filière ?
Dès lors, a-t-on trouvé un modèle de développement équilibré pour rentabiliser l’exploitation de cette énergie ? Rien ne semble certain, compte tenu de l’abaissement du nombre de projets à venir qui peut, dans une certaine mesure, expliquer disparition d’une entreprise comme Elifrance Energy. Si l’impératif de passer à un modèle de consommation énergétique moins coûteux semble s’être ancré dans l’imaginaire collectif, la part de l’énergie photovoltaïque est encore marginale, ne représentant que 1.3 % de la consommation électrique globale en France. (3) Une part donc relativement infime…
A quoi tient donc ce paradoxe ? On peut y voir la conséquence d’un décalage entre les mots et les actes. L’enjeu du photovoltaïque en France relève d’un défi technique sur les rendements. Le but n'est pas tant de faire des économies d’énergie, puisque celle-ci est inépuisable dans ce cas précis, mais à d'améliorer le rendement de conversion pour réduire l’espace nécessaire aux installations. Or tant que les installations ne peuvent pas se multiplier en ville, là où résidera bientôt la très grande majorité de la population mondiale, le secteur n'atteindra pas le seuil critique de production au-delà duquel le prix des équipements commence à devenir intéressant pour des particuliers. Le prix des installations reste en effet élevé et il faut aujourd'hui compter plusieurs années avant qu’une installation ne soit réellement rentable, surtout depuis 2011 et le moratoire sur le prix de rachat par EDF, et l'arrêt de plusieurs dispositifs d'incitation fiscale.
Le photovoltaïque ne cependant pas condamné, compte tenu de la place centrale qu'il occupe dans notre futur mix énergétique. Mais ses détracteurs soutiennent que son niveau d’exploitation dépendant du degré d’ensoleillement d’un site, il semble ainsi logique que l’énergie solaire devienne plus rapidement rentable dans des pays à fort taux d’ensoleillement. La répartition très disparate du parc photovoltaïque en France en témoigne déjà. 92,6% des installations sont en effet réparties dans quatre régions, toutes au Sud du territoire : le Sud Ouest, l’Auvergne-Centre-Limousin, l’Ouest de la France et la région méditerranéenne. (3) Cet argument n’est cependant pas explicatif du retard français à passer au photovoltaïque si l’on regarde le succès de l’Allemagne en la matière.
Si le passage à l’énergie solaire représente donc un investissement, cela reste cependant un investissement à encourager. Le solaire est appelé à devenir de plus en plus compétitif sur le marché énergétique mondial. Si il semble en passe de devenir une « Success story » aux Etats Unis (4), le photovoltaïque semble également trouver des marchés à fort potentiel de croissance dans les régions d’Asie et du Moyen-Orient. C’est ce qu’a su percevoir Engie, anciennement GDF-Suez, qui rachetait il y a peu Solaire Direct, devenant ainsi numéro un de l’énergie solaire en France. Engie voit en effet le photovoltaïque comme porteur à l’étranger et ce rachat à 95% du capital de Solaire Direct lui permet de regonfler son portefeuille avec une quinzaine de projets essentiellement en Asie, Moyen Orient et Amérique Latine.
L’avenir du photovoltaïque français est il dès lors à l’étranger ? Cette filière énergétique a-t-elle de véritables possibilités de croissance au sein de l’Hexagone ?
Quel avenir pour le photovoltaïque en France ?
Bien que cette filière soit coûteuse et ne possède pour l’instant qu’une rentabilité à long terme, il est nécessaire d’encourager sa croissance. Afin de pallier à ce problème de rentabilité à court terme, des innovations se développent comme la production par Megacell de panneaux solaires bifaces à haut rendement par exemple. (5) Capables de capter la lumière directe comme réfléchie, ces nouveaux panneaux peuvent être vus comme une aubaine pour ré-ancrer l’idée que le photovoltaïque peut être rentable à court comme à long terme. On a en effet en France des entreprises performantes, fortes de produits innovants qui souffrent pourtant aujourd’hui. Au regard de la situation d’Elifrance, on ne peut nier que cette industrie n’est surement pas soutenue comme elle le devrait…
La loi pour la transition énergétique institutionnalise par conséquent cette volonté gouvernementale de se tourner vers les énergies renouvelables. Si dans certains pays le photovoltaïque n’a plus besoin de subventions, quel rôle jouent réellement les institutions publiques françaises dans le développement de cette filière ? Les actes gouvernementaux pour soutenir ce secteur suivent ils ses discours pro-transition énergétique ?
Un plus grand effort institutionnel apparaît en effet nécessaire au soutien de cette filière qui semble s’essouffler en France quand elle devrait, au contraire, être aidée si l’on compte construire un modèle énergétique nous permettant de mieux consommer…
http://www.batiactu.com/edito/-41997.php http://www.actu-environnement.com/ae/news/eolien-photovoltaique-13twh-premier-semestre-25157.php4 http://www.quelleenergie.fr/magazine/energie-eolienne/tableau-bord-photovoltaque-eolien-2015-39070/ http://www.lechodusolaire.fr/vers-77-gw-dinstallations-pv-aux-etats-unis-en-2015/ http://www.lechodusolaire.fr/megacell-lance-la-production-de-cellules-solaires-biface-de-haut-rendement/ http://lenergeek.com/2015/09/01/eolien-solaire-la-production-delectricite-renouvelable-progresse/