La stratégie d’influence chinoise dans le monde universitaire français



Publié par Amaury Renaudie le 28 Juillet 2023

La Chine mène depuis plusieurs années des opérations d’influence au sein du monde universitaire français répondant à divers objectif. Ces stratagèmes qui s’avèrent parfois être de véritables ingérences remettent en question la souveraineté française.
Les tactiques mises en place par la Chine répondent à un triple objectif : contrôler l’image de la Chine et ce qu’il se dit de son histoire au sein des universités françaises, contrôler les étudiants chinois qui pourraient exprimer des opinions divergentes avec le parti dirigeant et influencer directement la recherche française.



Une tentative de museler la liberté d’expression dans les universités françaises

Le gouvernement chinois essaie de contrôler ce qu’il se dit au sein du monde universitaire français afin que le discours porté par les professeurs soient en accord avec les idées et la vision du Parti communiste chinois.

Pour atteindre cet objectif, Pékin n’hésite pas à exercer de fortes pressions sur les établissements, par exemple Inalco a décidé de maintenir une conférence du Dalaï-Lama malgré des lettres de l’ambassade chinoise et des menaces implicites d’arrêt de certaines bourses. Sciences-Po a cependant décidé d’annuler la venue du Dalaï-Lama sous la pression de Pékin.

De même Antoine Bondaz, chercheur s’est vu insulté par l’ambassadeur de Chine en France car il avait dénoncé les pressions exercées par la Chine sur des sénateurs devant se rendre à Taïwan.

Pékin n’hésite donc pas à menacer, insulter mais aussi à exercer des représailles financières sur les établissements ou les chercheurs qui oseraient critiquer la Chine, ou recevoir des opposants au gouvernement.

La dépendance financière vis-à-vis de la Chine et de ses ressortissants est encore plus forte pour les grandes écoles qui font payer des frais de scolarité plus importants aux étudiants étrangers. Les Chinois représentant une part importante de ceux-ci, le risque d’ingérence est d’autant plus fort. Beaucoup d’universités françaises ont aujourd’hui un partenariat avec la Chine et souhaite le converser, ce que Pékin sait très bien utiliser comme levier pour exercer son influence.

De plus, la Chine joue aussi sur la carte des visas auprès des chercheurs et enseignants en faisant planer la menace de ne pas en délivrer si jamais ceux-ci venaient à critiquer Pékin. Ainsi, certains enseignants se sentent obligés de « mettre les formes » lorsqu’ils évoquent certains thèmes comme le Tibet ou encore le Xinjiang. Cela est surtout problématique pour les spécialistes de la Chine dont le travail requiert de se rendre dans leur pays d’étude.

Par l’intermédiaire de ces entreprises, la Chine lance aussi des batailles judiciaires contre certains chercheurs universitaires français comme ce fut le cas de la part de Huawei contre Valérie Niquet. L’entreprise l’a attaqué pour diffamation car elle a dit que Huawei était contrôlé par l’Etat chinois. Certains parlent d’instrumentalisation de l’Etat de droit pour mener un harcèlement judiciaire. Ce sont là des ingérences directes visant à museler la liberté d’expression et d’opinion.
 

Loin de la Chine mais jamais loin des yeux et oreilles du Parti

Le gouvernement chinois ne se contente pas d’influencer les professeurs, mais aussi les étudiants venant de Chine ou ayant de la famille en Chine. Si faire ses études à l’étranger devrait permettre aux jeunes Chinois de développer un regard extérieur sur leur propre pays, le gouvernement s’assure que cela ne soit pas le cas sans que le monde universitaire français n’essaie d’endiguer ce phénomène.

Les étudiants chinois sont les étudiants étrangers les plus nombreux en France avec environ 47 500 étudiants. Pour contrôler tout ce monde, Pékin recrute des agents au sein de ces étudiants afin qu’ils surveillent leurs camarades et reportent tout propos ou opinion contraire à la doctrine du Parti. Ces dénonciations pourraient mener à des visites de la police chinoise à des proches encore en Chine, levier très efficace pour assurer une auto-censure des étudiants qui voudraient se risquer à critiquer l’Etat.

Par son principal relais d’influence dans le monde académique, le Front Uni, Pékin conseille fortement aux étudiants de rejoindre les bonnes associations et de réaliser des stages intéressant pour le développement du pays. Ainsi, même loin de la mère patrie, les étudiants chinois sont surveillés, contrôlés et guidés par le Parti piétinant allègrement sur la liberté d’expression des étudiants défendue par les universités françaises.
 

Une ingérence subtile dans le domaine de la recherche

Cette ingérence se retrouve dans la recherche mais de façon plus visible dans celle dédiée aux sciences humaines et sociales. En effet, de plus en plus la reconnaissance à l’international des travaux des chercheurs dépend de leur publication dans un certain nombre de revues ainsi que des invitations reçues à divers colloques à travers le monde.

Pékin joue de ses deux éléments (le gouvernement peut aussi décider de ne pas délivrer le visa nécessaire pour se rendre à un colloque) pour influencer le travail des chercheurs et leur publication afin d’imposer une vision plus positive du modèle chinois comme sur la thématique des Ouïghours.

La Chine profite également du sous-investissement chronique dans la recherche universitaire ce qui rend les chercheurs plus à même d’accepter des fonds chinois et par là-même de se rendre dépendant d’une puissance étrangère à laquelle ils sont redevables.

Par l’intermédiaire de ces entreprises, la Chine lance aussi des batailles judiciaires contre certains chercheurs universitaires français comme ce fut le cas de la part de Huawei contre Valérie Niquet. Certains parlent d’instrumentalisation de l’Etat de droit pour mener un harcèlement judiciaire.
 

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