"La faillite des généraux"



Publié par La Rédaction le 27 Septembre 2013

Ci-après la réponse, en forme de lettre ouverte, d'un officier se présentant comme jeune Lieutenant Saint-Cyrien fraichement sorti d'école, à la tribune du Général Bentégeat "Métier des armes : une porte se ferme". Ce texte posé et réfléchi présente le mérite de soulever plusieurs questions d'importance sur la place de notre armée dans la société. Il interroge notamment avec une certaine pertinence les rapports entre la haute hiérarchie militaire, le pouvoir politique et le corps de troupe, sur fond d'incompréhension des contraintes et impératifs des nouveaux modes de communication.. Le lecteur jugera peut-être que "les choses sont plus compliquées que cela", mais le présent texte prend au moins le risque assumé de lancer le débat. Et quoi qu'on puisse en penser, un officier qui prend des risques mérite d'abord d'être écouté.




"La faillite des généraux
En 2007, le Lieutenant-colonel Paul Wingling, de l’US Army, écrivait dans la revue officielle de l’armée américaine un article intitulé « la faillite des généraux ». Cet article remarquable prouve tout d’abord l’énorme liberté d’expression de l’armée américaine, où chacun est le bienvenu pour débattre et faire avancer les choses sans craindre, si l’esprit est respecté, de quelconques répercutions sur sa carrière. Si le titre de cet article fait référence à des problèmes parfois spécifiques à l’armée américaine, il est néanmoins tout à fait approprié à la situation dont vous faites état.

La pensée dans l’armée Française est, je le déplore, un arbre à beaucoup de branches mais bien peu de fruits. Que l’on s’écarte trop de la norme, et l’on est condamné, comme Galula, à s’exiler pour faire progresser ceux qui le veulent vraiment avant de se faire redécouvrir 60 ans après par ses compatriotes (qui, au lieu d’avoir l’humilité de se taire, viennent même s’en vanter). Sorti il y a peu de Saint-Cyr, j’y ai été, comme tous mes camarades, déçu, et même choqué par la pauvreté de l’enseignement académique qui y est dispensé. Des cours disparates sur des matières sans unité réelle, on ne tire que très peu d’apport culturel (sauf pour la filière RIS qui vient de disparaître…), et la capacité de réflexion des jeunes officiers s’en trouve d’autant plus diminuée. Si bien qu’il existe un véritable fossé de connaissances (dont les frontières s’écartent au rythme croissant des fautes d’orthographes sur chaque diaporama Power Point, outil si réducteur de la pensée…), entre officiers subalternes et officiers supérieurs. J’entends souvent les colonels fraichement diplômés, ou les généraux plus anciens dire : « à l’Ecole de Guerre, je me suis refait une culture ». Il est malheureux de constater que de cette culture on ne tire que bien peu d’ouverture d’esprit, et je déplore chaque jour que nos chefs n’aient pas saisi (ou l’aient feint) l’évolution de la société du pays qu’ils servent."

[l'intégralité de l'article est accessible via le PDF en pièce jointe ou dans les commentaires du lien suivant : http://www.saint-cyr.org/fr/metier-des-armes-une-porte-se-ferme,article-405.html]

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