Un réseau clandestin pour contourner les restrictions
Les services de renseignement suisses tirent la sonnette d’alarme : la Russie s’efforce d’acheter des machines-outils de précision d’origine suisse en contournant les sanctions. Pour y parvenir, elle utilise des entreprises basées dans des pays tiers tels que la Turquie, la Serbie, l’Inde ou encore la Chine.
Ces machines, essentielles à la fabrication de composants de haute précision, peuvent servir à des fins militaires. Face à cette situation, les autorités suisses renforcent le contrôle des exportations, notamment vers les pays identifiés comme à risque. Pourtant, la demande continue d’exploser, suggérant que Moscou affine ses stratégies pour obtenir ces équipements critiques.
Un boom des exportations vers les pays intermédiaires
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la Suisse enregistre une augmentation marquée de ses exportations de biens à double usage vers certains pays depuis le début du conflit en Ukraine. En Serbie, les importations de ces équipements ont triplé en un an, avec une majorité de machines-outils d’occasion destinées à la transformation des métaux.
L’Inde suit une tendance similaire, avec une hausse des importations de 65%, tandis que les Émirats arabes unis, bien que non classés à haut risque par la Suisse, enregistrent une augmentation exponentielle des achats de biens à double usage. Ces chiffres renforcent les soupçons d’un acheminement indirect de ces matériels vers la Russie.
Un renforcement du contrôle des exportations
Face à ces pratiques, la Suisse a durci ses règles d’exportation. Depuis mi-2023, chaque envoi de machines-outils vers des destinations sensibles est soumis à une vérification approfondie. Jusqu’alors, certains pays bénéficiaient d’autorisations générales facilitant ces transactions.
La Turquie est un cas emblématique : identifiée comme un maillon-clé du contournement des sanctions, elle fait désormais l’objet de restrictions renforcées. Cependant, la Russie adapte rapidement ses stratégies, exploitant d’autres circuits pour obtenir l’équipement nécessaire à son industrie militaire.
Un risque stratégique pour l’Occident
Chaque machine-outil suisse ou occidentale détournée vers la Russie pourrait contribuer à la fabrication d’armes de haute précision. Ces armes ne menacent pas seulement l’Ukraine mais potentiellement aussi des pays de l’OTAN.
Alors que les sanctions cherchent à affaiblir les capacités militaires russes, les tentatives de contournement illustrent la complexité du contrôle du commerce international. La vigilance des autorités reste essentielle pour limiter l’accès de Moscou à ces technologies stratégiques.