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Il s’agissait de décrire la problématique de ce continent, les acteurs sur la scène et d’échafauder des scénarii, notre groupe fut appelé « prophète », on aurait tout aussi bien pu dire « Cassandre » car ce fut le pire des scénarii pour l‘Europe et peut être pour le monde qui advint.
Peut-être doit-on commencer par brosser un tableau très schématique de l‘Arctique, que faut-il en retenir en priorité ?
D’abord qu’il s’agit essentiellement d’une mer autour d’un noyau de terre gelée, une mer qui constitue une espèce de méditerranée (au milieu des terres) entourée de 3 continents, l’Asie, l’Europe et l’Amérique
Il s’agit encore d’un continent aux richesses incalculables : 30 % des hydrocarbures mondiaux, minerais, pêche, grande probabilité de terres rares sans lesquelles on ne peut produire les matériels de haute technologie militaire qui feront la différence dans l’avenir et qui sont d’ores et déjà vitaux à cela s’ajoute un positionnement stratégique de premier ordre.
À cela il faut encore rajouter que ce continent est tiraillé par des querelles frontalières maritimes, terrestres et sous-marines qui s’aiguisent au lieu de s’atténuer.
Nous avions constaté que face aux deux géants du continent : Russie et États-Unis, aucun des pays européens de cette région ne pesait lourd : le Danemark et le cas particulier du Groenland, la Suède, la Finlande, l’Islande à l’époque pays candidat, la Norvège, non membre de l’UE, mais à la pointe du dispositif otanien ; ainsi il était évident que l’UE était la seule structure à même de peser dans la balance pour défendre les intérêts des pays européens de et dans l’Arctique et au-delà les intérêts de la planète en luttant contre le réchauffement climatique.
Nous avions élaboré 3 scénarii : une glace qui ne fondait plus ou très lentement, ce schéma permettait à l’UE d’accoucher d’une politique arctique autonome cohérente et convaincante avec de véritables moyens pour défendre, entre autres, une pêche durable et se forger un rôle d’arbitre entre les USA et la Russie.
Le deuxième scénario, celui d’une vitesse de fonte moyenne et sur lequel il serait trop long de s’étendre voyait la Russie et les USA renforcer leurs moyens militaires en prévision de l’avenir, l’Europe risquant d’être prise de court.
Le troisième scénario, le plus pessimiste et celui qui advint fut celui d’une fonte rapide.
Point n’est besoin de revenir sur cette réalité qui dépasse les prévisions les plus pessimistes, pour beaucoup de scientifiques, en 2023 l’Arctique deviendra une mer ouverte en tout cas en été.
Quid des conséquences ?
D’abord pour l’UE la nécessité de se raccrocher à l’OTAN c’est-à-dire aux USA, puisque l’UE ne dispose pas de moyens militaires crédibles et de se voir obligée d’adopter une position qui ne correspond pas forcément à ses intérêts notamment économiques et politiques en se positionnant systématiquement derrière les USA contre la Russie et la Chine.
La Chine mérite que l’on s’arrête quelques instants sur sa présence grandissante en Arctique ; il y a 12 ans lors de l’étude du pôle Bruxelles, la présence de la Chine était potentielle, mais restait théorique, la fonte accélérée a changé la donne, pour le géant asiatique maintenant équipé de brise-glaces modernes, la possibilité de faire passer ses porte-conteneurs par la route du nord représente un gain majeur de temps et de trajet appelé à rendre ses produits encore plus compétitifs. Ainsi pour la Chine le libre passage dans cette zone devient une question non négociable, la présence militaire croissante de la Chine en Arctique, ses revendications, les liens qu’elle noue, notamment au sein du Conseil de l’Arctique se présentant comme le défenseur de la liberté de navigation en fait un des acteurs majeurs de cette région.
Une des nombreuses questions qui se posent à présent pour la Chine est celle d’une alliance économique et militaire avec la Russie pour contrer l’OTAN et les USA, dans toutes les hypothèses, l’UE resterait au balcon de l’histoire à regarder passer les brise-glaces.
D’autant plus que la Chine sauvant l’Islande de la faillite en a fait « un porte-avions » chinois en l’encourageant à quitter son statut de pays candidat à l’UE, ce que l’Islande s’est empressée de faire.
Les USA ne sont pas en reste puisque le Groenland ayant quitté la CEE en 1985 après le référendum de 1982, il est en fait « indépendant » et entièrement sous contrôle militaire américain, son appartenance au Danemark étant théorique pour ne pas dire symbolique.
Le permafrost, principal obstacle aux forages s’amenuisant de plus en plus vite aussi bien les USA que la Russie se sont lancés dans de gigantesques projets d’exploitation de la région et renforcent leur présence militaire augmentant ainsi les risques d’incident.
Lors d’une conférence que l’auteur de l’article avait présentée il concluait que l’avenir verrait, grâce aux richesses de cette région la Russie redevenir une grande puissance aux côtés des USA, La Chine depuis s’est invitée sur la scène quant à l’UE…………
Capitaine de Frégate (H) Ortiz
Président des Officiers Français de Belgique
Peut-être doit-on commencer par brosser un tableau très schématique de l‘Arctique, que faut-il en retenir en priorité ?
D’abord qu’il s’agit essentiellement d’une mer autour d’un noyau de terre gelée, une mer qui constitue une espèce de méditerranée (au milieu des terres) entourée de 3 continents, l’Asie, l’Europe et l’Amérique
Il s’agit encore d’un continent aux richesses incalculables : 30 % des hydrocarbures mondiaux, minerais, pêche, grande probabilité de terres rares sans lesquelles on ne peut produire les matériels de haute technologie militaire qui feront la différence dans l’avenir et qui sont d’ores et déjà vitaux à cela s’ajoute un positionnement stratégique de premier ordre.
À cela il faut encore rajouter que ce continent est tiraillé par des querelles frontalières maritimes, terrestres et sous-marines qui s’aiguisent au lieu de s’atténuer.
Nous avions constaté que face aux deux géants du continent : Russie et États-Unis, aucun des pays européens de cette région ne pesait lourd : le Danemark et le cas particulier du Groenland, la Suède, la Finlande, l’Islande à l’époque pays candidat, la Norvège, non membre de l’UE, mais à la pointe du dispositif otanien ; ainsi il était évident que l’UE était la seule structure à même de peser dans la balance pour défendre les intérêts des pays européens de et dans l’Arctique et au-delà les intérêts de la planète en luttant contre le réchauffement climatique.
Nous avions élaboré 3 scénarii : une glace qui ne fondait plus ou très lentement, ce schéma permettait à l’UE d’accoucher d’une politique arctique autonome cohérente et convaincante avec de véritables moyens pour défendre, entre autres, une pêche durable et se forger un rôle d’arbitre entre les USA et la Russie.
Le deuxième scénario, celui d’une vitesse de fonte moyenne et sur lequel il serait trop long de s’étendre voyait la Russie et les USA renforcer leurs moyens militaires en prévision de l’avenir, l’Europe risquant d’être prise de court.
Le troisième scénario, le plus pessimiste et celui qui advint fut celui d’une fonte rapide.
Point n’est besoin de revenir sur cette réalité qui dépasse les prévisions les plus pessimistes, pour beaucoup de scientifiques, en 2023 l’Arctique deviendra une mer ouverte en tout cas en été.
Quid des conséquences ?
D’abord pour l’UE la nécessité de se raccrocher à l’OTAN c’est-à-dire aux USA, puisque l’UE ne dispose pas de moyens militaires crédibles et de se voir obligée d’adopter une position qui ne correspond pas forcément à ses intérêts notamment économiques et politiques en se positionnant systématiquement derrière les USA contre la Russie et la Chine.
La Chine mérite que l’on s’arrête quelques instants sur sa présence grandissante en Arctique ; il y a 12 ans lors de l’étude du pôle Bruxelles, la présence de la Chine était potentielle, mais restait théorique, la fonte accélérée a changé la donne, pour le géant asiatique maintenant équipé de brise-glaces modernes, la possibilité de faire passer ses porte-conteneurs par la route du nord représente un gain majeur de temps et de trajet appelé à rendre ses produits encore plus compétitifs. Ainsi pour la Chine le libre passage dans cette zone devient une question non négociable, la présence militaire croissante de la Chine en Arctique, ses revendications, les liens qu’elle noue, notamment au sein du Conseil de l’Arctique se présentant comme le défenseur de la liberté de navigation en fait un des acteurs majeurs de cette région.
Une des nombreuses questions qui se posent à présent pour la Chine est celle d’une alliance économique et militaire avec la Russie pour contrer l’OTAN et les USA, dans toutes les hypothèses, l’UE resterait au balcon de l’histoire à regarder passer les brise-glaces.
D’autant plus que la Chine sauvant l’Islande de la faillite en a fait « un porte-avions » chinois en l’encourageant à quitter son statut de pays candidat à l’UE, ce que l’Islande s’est empressée de faire.
Les USA ne sont pas en reste puisque le Groenland ayant quitté la CEE en 1985 après le référendum de 1982, il est en fait « indépendant » et entièrement sous contrôle militaire américain, son appartenance au Danemark étant théorique pour ne pas dire symbolique.
Le permafrost, principal obstacle aux forages s’amenuisant de plus en plus vite aussi bien les USA que la Russie se sont lancés dans de gigantesques projets d’exploitation de la région et renforcent leur présence militaire augmentant ainsi les risques d’incident.
Lors d’une conférence que l’auteur de l’article avait présentée il concluait que l’avenir verrait, grâce aux richesses de cette région la Russie redevenir une grande puissance aux côtés des USA, La Chine depuis s’est invitée sur la scène quant à l’UE…………
Capitaine de Frégate (H) Ortiz
Président des Officiers Français de Belgique