Une brève embellie...
Sans l'intervention de la BCE et du FMI fin 2010, nul ne sait réellement comment se porteraient aujourd'hui l'économie irlandaise... et celle de l'Union européenne dans sa globalité. Aux yeux de nombreux observateurs, le sauvetage de l'Irlande constitue en effet l'acte fondateur de la relance de la machine économique de la verte Erin. Plusieurs économistes attribuent le retour à la croissance en 2011 et 2012 aux 85 milliards d'euros d'aides alloués aux banques et établissements financiers du pays. Du haut de ses 1 % et 0,2 % de hausse du PIB ces deux dernières années, l'Irlande ferait presque figure d'exception dans la partie ouest de la zone euro. Les programmes de réduction du déficit budgétaire commencent par ailleurs à porter leurs fruits.
D'abord, le pays retrouve toute la confiance des investisseurs sur les marchés obligataires. Les obligations d'État émises avec une rémunération de 4 % ont bénéficié d'un taux de souscription de plus de 82 %. Grâce à ces opérations, l'État irlandais repose sur un matelas financier lui permettant de financer toutes ses activités jusqu'en 2015. Autrement dit, le pays semble plus que jamais prêt à s'affranchir de l'assistance financière européenne. L'Irlande fait également partie des rares pays européens pour lesquels l'agence Standard and Poor's a retiré dernièrement sa surveillance négative. Ces signaux positifs demeurent toutefois insuffisants pour confirmer une reprise économique à long terme.
… et des motifs d'inquiétude
Aux côtés des indices de stabilisation de l'économie irlandaise se dressent d'autres signaux peu encourageants. L'office des statistiques du pays a revu à la baisse les taux de croissance du PIB durant le 3e trimestre et 4e trimestre 2012. Contre toute attente, l'institut annonce une expansion négative respectivement de 1 % et de 0,2 % durant ces périodes. L'Irlande retombe ainsi techniquement en récession, du fait des deux trimestres consécutifs de contraction. Sans oublier la baisse de 0,3 % du PIB constatée entre janvier et mars 2013.
Outre la stagnation du PIB, le tigre celtique fait encore face à un taux de chômage avoisinant 13,6 % en juin. Le niveau de chômage a nettement reculé depuis deux ans, mais reste néanmoins à un niveau supérieur à la moyenne européenne. Viennent ensuite la poursuite du recul de la demande intérieure et le niveau d'endettement encore élevé du pays. La dette publique irlandaise atteint 125,1 % du PIB au second trimestre 2013, contre 117,4 % entre janvier et mars. Le FMI affirme qu'une dette publique reste supportable si elle ne dépasse pas 120 % du PIB national. L'Irlande ayant de nouveau franchi ce palier, l'avenir de son économie et de ses finances parait incertain. Ses dirigeants craignent surtout de voir leur plan de sortie de l'assistance européenne compromis en raison de cette nouvelle dégradation économique.
De longues négociations en perspective
Érigée au rang de modèle de flexibilité et de rétablissement budgétaire en Europe, l'Irlande veut se désengager du plan d'aide financière de l'Union européenne au 31 décembre 2013. Conscients des risques d'une telle décision, les dirigeants irlandais ont engagé depuis 2012 de longues négociations avec leurs partenaires européens sur le sujet. Si les deux camps s'accordent sur plusieurs points, des blocages persistent. L'Irlande souhaite dès le départ transférer une partie des 85 milliards d'euros du dispositif de sauvetage à l'Union européenne, via le mécanisme de stabilité européenne. La proposition irlandaise porte sur un maximum de 28 milliards d'euros de dettes. Cette proposition est loin de plaire à l'Allemagne d'Angela Merkel et à la BCE.
Selon eux, un tel transfert s'avère impossible, le mandat du Mécanisme européen de stabilité n'étant pas rétroactif. L'argument paraît valable, si l'on considère l'année de constitution du MES – en 2012 – et la date du sauvetage des banques irlandaises, en 2010. Seulement, le renflouement de l'Irlande est en grande partie l'œuvre des deux ancêtres du MES, le Fonds européen de Stabilité financière ou FESF et le Mécanisme européen de stabilité financière. Sur la base du principe de continuité, le MES peut techniquement récupérer les 28 milliards d'euros de dettes que l'Irlande ne peut pas rembourser.
Les représentants de l'île verte arguent également que l'Eurogroupe avait déjà donné un semblant d'accord le 29 juin 2012. Les argentiers de la zone euro ont alors promis d'examiner la situation du secteur financier irlandais, au sortir d'un débat sur le démantèlement des barrières entre l'État souverain et les banques. Le sauvetage de l'Irlande était par ailleurs réalisé sous la pression de l'Union européenne, craignant une propagation de la faillite bancaire sur l'ensemble de la zone euro. Autrement dit, les Irlandais ont été contraints de payer de leur propre argent pour stopper la crise européenne. Leur demande d'adosser les 28 milliards d'euros de dettes au MES paraît somme toute logique. Même le FMI et l'Union européenne légitiment cette sollicitation. Aux Irlandais maintenant de convaincre la BCE et Berlin avant le 31 décembre.
Sans l'intervention de la BCE et du FMI fin 2010, nul ne sait réellement comment se porteraient aujourd'hui l'économie irlandaise... et celle de l'Union européenne dans sa globalité. Aux yeux de nombreux observateurs, le sauvetage de l'Irlande constitue en effet l'acte fondateur de la relance de la machine économique de la verte Erin. Plusieurs économistes attribuent le retour à la croissance en 2011 et 2012 aux 85 milliards d'euros d'aides alloués aux banques et établissements financiers du pays. Du haut de ses 1 % et 0,2 % de hausse du PIB ces deux dernières années, l'Irlande ferait presque figure d'exception dans la partie ouest de la zone euro. Les programmes de réduction du déficit budgétaire commencent par ailleurs à porter leurs fruits.
D'abord, le pays retrouve toute la confiance des investisseurs sur les marchés obligataires. Les obligations d'État émises avec une rémunération de 4 % ont bénéficié d'un taux de souscription de plus de 82 %. Grâce à ces opérations, l'État irlandais repose sur un matelas financier lui permettant de financer toutes ses activités jusqu'en 2015. Autrement dit, le pays semble plus que jamais prêt à s'affranchir de l'assistance financière européenne. L'Irlande fait également partie des rares pays européens pour lesquels l'agence Standard and Poor's a retiré dernièrement sa surveillance négative. Ces signaux positifs demeurent toutefois insuffisants pour confirmer une reprise économique à long terme.
… et des motifs d'inquiétude
Aux côtés des indices de stabilisation de l'économie irlandaise se dressent d'autres signaux peu encourageants. L'office des statistiques du pays a revu à la baisse les taux de croissance du PIB durant le 3e trimestre et 4e trimestre 2012. Contre toute attente, l'institut annonce une expansion négative respectivement de 1 % et de 0,2 % durant ces périodes. L'Irlande retombe ainsi techniquement en récession, du fait des deux trimestres consécutifs de contraction. Sans oublier la baisse de 0,3 % du PIB constatée entre janvier et mars 2013.
Outre la stagnation du PIB, le tigre celtique fait encore face à un taux de chômage avoisinant 13,6 % en juin. Le niveau de chômage a nettement reculé depuis deux ans, mais reste néanmoins à un niveau supérieur à la moyenne européenne. Viennent ensuite la poursuite du recul de la demande intérieure et le niveau d'endettement encore élevé du pays. La dette publique irlandaise atteint 125,1 % du PIB au second trimestre 2013, contre 117,4 % entre janvier et mars. Le FMI affirme qu'une dette publique reste supportable si elle ne dépasse pas 120 % du PIB national. L'Irlande ayant de nouveau franchi ce palier, l'avenir de son économie et de ses finances parait incertain. Ses dirigeants craignent surtout de voir leur plan de sortie de l'assistance européenne compromis en raison de cette nouvelle dégradation économique.
De longues négociations en perspective
Érigée au rang de modèle de flexibilité et de rétablissement budgétaire en Europe, l'Irlande veut se désengager du plan d'aide financière de l'Union européenne au 31 décembre 2013. Conscients des risques d'une telle décision, les dirigeants irlandais ont engagé depuis 2012 de longues négociations avec leurs partenaires européens sur le sujet. Si les deux camps s'accordent sur plusieurs points, des blocages persistent. L'Irlande souhaite dès le départ transférer une partie des 85 milliards d'euros du dispositif de sauvetage à l'Union européenne, via le mécanisme de stabilité européenne. La proposition irlandaise porte sur un maximum de 28 milliards d'euros de dettes. Cette proposition est loin de plaire à l'Allemagne d'Angela Merkel et à la BCE.
Selon eux, un tel transfert s'avère impossible, le mandat du Mécanisme européen de stabilité n'étant pas rétroactif. L'argument paraît valable, si l'on considère l'année de constitution du MES – en 2012 – et la date du sauvetage des banques irlandaises, en 2010. Seulement, le renflouement de l'Irlande est en grande partie l'œuvre des deux ancêtres du MES, le Fonds européen de Stabilité financière ou FESF et le Mécanisme européen de stabilité financière. Sur la base du principe de continuité, le MES peut techniquement récupérer les 28 milliards d'euros de dettes que l'Irlande ne peut pas rembourser.
Les représentants de l'île verte arguent également que l'Eurogroupe avait déjà donné un semblant d'accord le 29 juin 2012. Les argentiers de la zone euro ont alors promis d'examiner la situation du secteur financier irlandais, au sortir d'un débat sur le démantèlement des barrières entre l'État souverain et les banques. Le sauvetage de l'Irlande était par ailleurs réalisé sous la pression de l'Union européenne, craignant une propagation de la faillite bancaire sur l'ensemble de la zone euro. Autrement dit, les Irlandais ont été contraints de payer de leur propre argent pour stopper la crise européenne. Leur demande d'adosser les 28 milliards d'euros de dettes au MES paraît somme toute logique. Même le FMI et l'Union européenne légitiment cette sollicitation. Aux Irlandais maintenant de convaincre la BCE et Berlin avant le 31 décembre.