Hégémonie et affrontements hégémoniques à l’âge des révisionnismes (2/3)



Publié par Irnerio Seminatore le 12 Novembre 2024

Entre Rome et Washington, l'Empire persiste. À travers des figures de pensée comme Edward Luttwak, Robert Kagan ou Viktor Orban, cet article explore comment l’histoire des empires et leurs stratégies de domination, d'influence, et d’usure résonne dans la géopolitique contemporaine. Des analogies entre Rome et les États-Unis jusqu'aux défis posés par l'illibéralisme et le retour des États-nations, l'auteur pose une question brûlante : quelles leçons tirer de l’histoire des empires pour comprendre et peut-être prévenir les conflits de demain ?



Edward Luttwak, la Guerre froide et la stratégie indirecte. Empire romain, Empire américain, mêmes enjeux ?

Edward Luttwak, à la sortie de la défaite politique et morale du Vietnam a eu l’originalité de mener une réflexion absolument non prosaïque sur la réussite stratégique de Rome, qui pourrait avoir encore valeur d’exemple pour la stratégie contemporaine de l’Amérique. En partant de la question clé : « Comment une combinaison de force militaire (trente légions, soit deux cent mille hommes), de diplomatie (un réseau d’alliances et de clients) et d’infrastructures fixes (Limes, aujourd’hui bases militaires dans le monde) a pu endurer si longtemps, contre tant d’ennemis et avec si peu d’hommes, un empire étendu allant de Britannia à l’Euphrate ? » Luttwak a proposé une réflexion historique fondée sur une conception stratégique évolutive et donc, sur la distinction de trois systèmes : le système des États clients (période julio-claudienne), le système des frontières fixes et de défense dissuasive (des flaviens aux sévères) et, après la grande crise du IIIe siècle, due à l’accentuation de la pression barbare, la défense élastique avancée ou en profondeur. À quel système ressemblerait davantage la stratégie actuelle de l’Empire, si les analogies historiques avaient une valeur de pertinence et d’exemple ? Assez probablement à la transition entre le deuxième et le troisième système, celui d’une défense élastique et d’une stratégie indirecte, qui consiste à « conserver la force et n’utiliser la puissance militaire, qu’indirectement, en tant qu’instrument de lutte politique » (corruption des gouvernements clients et des élites asservies). Dans quelle mesure le passé de l’Empire de Rome se rapproche-t-il de l’Empire de l’Amérique d’aujourd’hui, et l’Europe, comme ensemble d’États clients, de l’asservissement et du vasselage ?

Robert Kagan, La stratégie du « pivot » et le partenariat transpacifique (PTT)

À la suite de l’Euro- Maïdan-2014, Robert Kagan s’interroge sur la stratégie américaine dans l’instabilité du système international actuel, due à l’intersection de deux grandes tendances, l’une qui représente le déclin de la puissance américaine, l’autre l’activisme de deux puissances révisionnistes classiques et montantes, la Russie et la Chine. Il rappelle que l’ordre et la stabilité peuvent s’effondrer soudainement dans la violence et que la stabilité est inhérente à un ordre unipolaire dominant. Cependant le système ne dépend pas uniquement de la puissance d’un pôle, mais de la cohérence et de l’unité d’une coalition et de ses alliés, car les puissances en pleine ascension ont besoin d’insécurité et s’alimentent de la crise de confiance et d’autorité du pouvoir dominant et de la crainte d’engagements dans la défense de ses intérêts à l’échelle mondiale. Or la remise en question de l’ordre réduit la sphère des responsabilités et pousse à la tentation de composer avec les puissances antagonistes et rivales. L’accusation d’un leadership faible adressée à Obama prend, dans le plaidoyer de Kagan, la forme d’une dénonciation de sa stratégie du « pivot », qui a dégarni sans vraie nécessité le Moyen-Orient et laissé tomber le Partenariat transpacifique qui n’aurait guère banni la vraie menace des systèmes autocratiques de pouvoir, le défi continu porté par l’ordre démocratique à la légitimité de leur règne. Le regroupement bimultipolaire des pays d’Orient et d’Occident, du Nord et du Sud, témoigne désormais, d’après Kagan, de l’impossibilité de maintenir la position dominante qui a été celle de l’Amérique depuis 1945 et vient du constat que les puissances révisionnistes sont à l’offensive et la troisième guerre mondiale est aux portes. Le retour aux sphères d’influence consacrerait un retour à Metternich et à la crainte du système de la Sainte-Alliance pour la contagion du libéralisme. Sans un barrage déterminé contre le révisionnisme, la politique de l’Amérique dans le Pacifique signifierait, pour les États-Unis un retranchement derrière les îles hawaïennes et pour la Chine la domination du Pacifique et de l’Asie orientale et méridionale ; à l’ouest, pour la Russie, une influence prépondérante dans les pays baltes, dans les Balkans, en Europe centrale et orientale, et naturellement, en Asie centrale. La régénération demandée par Kagan, néoconservateur affiché, visant à donner un avantage aux États-Unis conjugue le réalisme d’une stratégie de l’équilibre, en son versant hard, à la conception militante d’une confiance, en soi douteuse, sur la légitimité universelle du libéralisme et du pouvoir démocratique.

Viktor Orban, l’illibéralisme et la pérennité de l’Etat-Nation

C’est sur l’illibéralisme, que butent les conceptions de Viktor Orban, le dernier parangon des dirigeants souverainistes du continent. Le dépassement de l’Etat-Nation, sur lequel est bâtie la philosophie politique de l’Union, est pour Orban, l’essence même de la conception progressiste, libérale, internationaliste et globaliste de l’espace. Cette conception conduirait à la faiblesse, à l’irrationalité et à la désintégration de l’Occident. Dans un discours prononcé en 2019, Viktor Orban présente l’illibéralisme comme une démocratie reposant sur l’État-Nation et les valeurs chrétiennes, et lui affilie Robert Schuman et Winston Churchill. Il évoque la notion de « liberté chrétienne » comme un substitut à l’illibéralisme et dont le sens serait plus large et intégrateur.
Or notre époque bien loin d’être celle de la victoire définitive de la « démocratie » est de plus en plus marquée par une crise de la représentation « démocratique » et par l’émergence de démocraties « illibérales » ou démocratures. Autrement dit, des régimes caractérisés par des pouvoirs forts, par un populisme qui mêle nationalisme et religion et par une conception de la souveraineté, dont la projection déterminante est d’ordre diplomatique et militaire, car la diplomatie et l’appareil militaires constituent les outils décisifs de l’appareil d’État et en définitive de la paix et de la guerre. Il s’agit là, par paradoxe, d’une inversion du récit selon lequel l’Union européenne, bâtie sur l’utopie kantienne est porteuse de réconciliations en Europe et dans le monde, quand, tout au contraire, elle est impuissante et désarmée face à la guerre.

Primat de la Souveraineté ou primat de la subordination hégémonique ?

Des figures comme Trump, Poutine, Orban, Xi Jinping, Erdoğan, Bolsonaro, sont sorties de la « part d’ombre » du néo-libéralisme, en s’opposant au primat libéral de la discussion et du compromis et ont forcés les adversaires à se soumettre au primat de la souveraineté, qui met un terme à toutes les discussions et subordonne les litiges et les conflits à des décisions irrévocables. Dans le souci de mettre un terme à la guerre par procuration et à l’affrontement hégémonique qui oppose, par personne interposée, les États-Unis à la Russie en Ukraine, Orban a entrepris une exploration d’intentions auprès de Poutine, Trump et Xi Jinping, estimant que l’UE, dont il assure la présidence tournante, doit avoir une fonction de paix sur la scène internationale. Se dressant ainsi contre la politique de subordination des pays européens vis-à-vis des États-Unis, Orban a ulcéré l’Union, qui lui a reproché de ne pas avoir eu de mandat à ce sujet et d’avoir joué à la provocation, totalement contre-productive et l’a menacé de raccourcir l’exercice de la présidence hongroise tournante.

La Guerre froide a t – elle été une guerre limitée ?

Vis-à-vis de la guerre et dans la recherche d’un compromis, à la longue inévitable, Orban a -t-il été sur la même ligne de Raymond Aron quant à ce sujet, dans les années 1947-1991, jugeant que : « La guerre froide est une guerre limitée, limitation qui porte non sur les enjeux, mais sur les moyens employés par les belligérants. (n. d.r. – dissuasifs et virtuellement apocalyptiques) ». Un aspect important de l’approche critique de Victor Orban est l’aspect multilatéralisme et anti-polariste des démocraties et de la première d’entre elles, les États unis, globalement dominants et auxquels est asservie l’Europe. En effet Washington s’oppose à toute forme de souverainisme européen et veut éviter que de nouveaux blocs se créent dans chaque continent au sein de la tendance multipolaire émergente. Elle veut empêcher en particulier que la Russie et l’Union européenne se développent comme deux pôles indépendants et virtuellement convergents dans un monde multipolaire, qui affaibliraient la “Démocratie impériale”. Pour empêcher l’Allemagne et avec elle l’UE de devenir le partenaire de la Russie, les États-Unis encouragent toutes sortes de politique, y compris des actes, tels que le sabotage du gazoduc Nord Steam. Frappée au cœur de sa souveraineté l’Allemagne peut-elle avoir une politique étrangère et de sécurité indépendante ? Sans le rétablissement de la souveraineté allemande, la souveraineté française et européenne ne serait que limitée. Le nœud entre légitimité politique et système international apparut en son évidence en 1942 en pleine guerre, à Raymond Aron, qui réfléchissait à la configuration géopolitique du continent après le conflit. Il en conclut, quant aux régimes politiques que l’Europe libérale, ne pouvait être fondée que dans le cadre politique des nations et, en définitive, de l’atlantisme. Cependant il était conscient que le temps de l’équilibre européen était révolu et qu’il fallait désormais concevoir, pour préserver la liberté retrouvée, un équilibre planétaire dans lequel, pour faire contrepoids aux empires continentaux, l’engagement des puissances océaniques était nécessaire, en premier lieu celui de la Grande-Bretagne et, avec elle, celui des États-Unis. La restauration de la démocratie libérale était à l’époque à ce prix ! La restauration de la souveraineté européenne est en 2024, aux jeux d’Orban au prix du patriotisme européen, de l’anti-interventionnisme extérieur et de l’État Nation, bref, de la puissance européenne rehaussée dans la scène internationale et fondée sur le refus de la nouvelle guerre en gestation

Raymond Aron, Hans Delbrück, Polybe « La menace de nouveaux Césars » (1942), la bataille d’anéantissement et la « paix de capitulation »

Il y a cent ans, en réponse au désarroi de la Première Guerre mondiale Oswald Spengler avait défini le triomphe de nouveaux Césars, toujours d’actualité, comme « la perspective dans laquelle le règne du sang mettrait fin au règne de l’argent » et dans la transition entre ces deux situations historiques s’imposeraient, par l’anarchie, de grands aventuriers qui méprisent les hommes et peuvent fonder de grands empires. La chance de ses nouveaux conquérants serait suspendue à la décision des armes. En 2024 comme hier en 1942, la conscience d’une nouvelle civilisation et d’une nouvelle hégémonie constitue une perspective plausible pour une telle émergence. Dans l’article de 1942, Raymond Aron essaie d’anticiper les conditions de l’Europe à l’issue du deuxième conflit et, par une rétrospective hasardeuse, il analyse la transformation du but de guerre d’Hannibal, après la défaite romaine de Cannes (216 a. J.C). Pour ce faire Aron remet en cause l’interprétation de Clausewitz, sous-jacente à la doctrine hitlérienne des conquêtes territoriales, et s’appuie sur la pensée de Hans Delbrück. Interprète de l’Histoire de Polybe, en particulier de l’exemple de la Deuxième Guerre punique. La réflexion d’Aron porte sur le rapport entre guerre et politique, stratégie d’anéantissement et capitulation de l’adversaire, consécutive à l’effondrement militaire.
 

Poutine (Hannibal) face à l’OTAN et à l’Occident collectif ? Sur la stratégie d’usure et la paix de compromis.

La question clé des analystes historiques a été de savoir pourquoi Hannibal, qui avait défait les légions romaines à Cannes, archétype classique de la guerre d’anéantissement, n’avait pas porté le siège sur Rome et avait temporisé à Capoue. La réponse ne pouvait être que politique et simultanément stratégique. La longue hésitation de Capoue aurait dû induire, dans les calculs d’Hannibal, la défection des cités italiques contre l’emprise de Rome, dont la force reposait sur les alliances.
Delbrück insiste sur le fait qu’Hannibal était pleinement conscient du rapport de forces, et que la grandeur d’Hannibal résidait dans sa capacité à comprendre que ses propres ressources étaient limitées et qu’il ne pouvait pas espérer une victoire d’anéantissement. Delbruck renversa alors la formule clausewitzienne bien connue
« La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens », en lui donnant la signification inverse, dense de conséquences, à savoir « la politique doit être, dès le temps de paix, commandée par les exigences de la guerre ».
Aron, converti au magistère de Clausewitz après le conflit et à partir d’une lecture approfondie du stratège prussien, remarquera que :
« Hannibal savait très bien ce qu’il faisait lorsqu’après la victoire du lac Trasimène, et de nouveau après Cannes, il décida de ne pas marcher sur Rome. Dès le départ il avait en tête un autre moyen pour vaincre l’ennemi. Incapable d’écraser totalement les Romains, de les anéantir en tant que grande puissance, il conçut la guerre afin de les fatiguer et de les user, jusqu’à ce qu’ils acceptassent de conclure une paix de compromis. Dès ce renversement conceptuel : “La stratégie devient politique, et la politique stratégie. “ »
Allant au-delà des risques interprétatifs des analogies historiques, la grande question d’aujourd’hui est la suivante : « La stratégie d’usure » d’Hannibal, comme paradigme archétypique d’une stratégie gagnante, peut-elle inspirer en son pur principe, la stratégie de Poutine, avec l’opération militaire spéciale en Ukraine ? Et la paix de compromis proposée par Moscou en mars 2O22 serait-elle justifiée par l’état des forces russes et par une « limite » stratégique, d’ordre politique ?
Puisqu’une paix de capitulation n’est possible que suite à un choc décisif et à une victoire militaire écrasante, comme celle recherchée en 40–42 par l’armée allemande, à partir d’une conception de la « guerre totale » de Ludendorf, la paix de compromis résulterait d’une guerre qui ne se donne pas pour but la destruction immédiate de l’adversaire, comme c’est le cas de l’opération spéciale russe d’aujourd’hui.
La conception du centre de gravité du conflit mondial de demain et les calculs sur la stratégie d’usure et sur le niveau des forces de la part de Poutine, prennent-elles en considération le déplacement de l’équilibre européen vers l’équilibre planétaire et mondial ? 
Aron s’est à l’époque appuyé sur la pensée de Hans Delbrück, car en l’été 42, un effondrement de l’Union soviétique était encore redouté. Au contraire, la situation en novembre était plus rassurante : les Japonais avaient été arrêtés dans le Pacifique, les Anglo-Américains débarquaient en Afrique du Nord, et sur le front de l’Est commençait la bataille de Stalingrad. Aron avança l’hypothèse que l’œuvre de Clausewitz pouvait être interprétée non plus dans le sens de l’anéantissement, mais dans la perspective de la guerre d’usure, la politique pouvant alors reprendre tous ses droits. La perspective de Poutine d’aujourd’hui ressemble -t-elle à celle d’Hannibal dans la longue résistance de Capoue ?
Par ailleurs, avec la Seconde Guerre mondiale, une nouvelle révolution spatiale était en cours, dont le résultat reconnaissable était le grand espace continental, immédiatement remarquée par Carl Schmitt.
Pour Schmitt, une paix authentique devait protéger le grand espace eurasien du risque de guerre, faute de quoi on ne pourrait pas parler d’une paix réelle
Au fil de cette interprétation, la recherche d’une paix de compromis en Ukraine dépendrait de l’intervention indirecte des puissances extérieures dans le cadre trop étroit du continent, car la résolution de la crise européenne dépend de l’équilibre des forces dans le monde. C’est la clé du raisonnement de de Gaulle en 1940, selon lequel la défaite de la France n’était qu’un épisode de la guerre mondiale aux portes. Aujourd’hui nous sommes en face d’une « révolution systémique » et pas seulement d’une « révolution des espaces ». En effet si la « révolution spatiale » rend caduque la vieille répartition des terres en États-Nations comme en Europe, elle conduit à la réorganisation de celles-ci sous forme d’empires, comme cela avait été conçu par le nazisme et par l’Union soviétique, la révolution systémique est une révolution hégémonique et donc l’émergence d’une autre conception du monde, civilisationnelle, spirituelle et cosmique. Le nazisme et le communisme soviétique auraient dû se réaliser dans le cadre de l’univers occidental, réformé, surmonté ou réinterprété. La « révolution systémique », dont Poutine doit se redouter, concerne l’aboutissement d’un empire universel décentré et d’un souverainisme idéologique totalisant, qui ne pourrait se réaliser sous le contrôle de la Russie, mais dans le cadre d’un univers spirituel sinisant. Ainsi Poutine, comme Hannibal à Capoue, a dû changer le but de guerre initial, conçu comme guerre d’anéantissement en le transformant en guerre d’usure et visant une paix de compromis.

Strausz-Hupé et les grandes révolutions systémiques

L’approfondissement du concept de révolution systémique a été au cœur des préoccupations de Robert Strausz-Hupé à la fin du deuxième conflit mondial et son originalité en a fait un classique dans l’étude des grands cycles de transition pluriséculaires. L’histoire du monde civilisé serait scandée par quatre grandes conjonctures de changement, embrassant l’univers global des relations du monde occidental.
Il s’agirait de « révolutions » concernant les grandes aires de civilisation connues, ayant eu lieu par vagues ou par conflits en chaîne, lorsque la structure des rapports d’une unité systémique, prise comme type d’organisation, n’aurait plus été en mesure de fournir des réponses adéquates aux besoins et aux défis émergents.
L’humanité aurait connu, en somme, quatre grands modèles de mutation dans le cadre du monde de l’ouest. Cependant la grande révolution du système international en cours pourrait se réaliser hors du cadre occidental, dans l’espace planétaire tout entier et sans exclusions.
Voici, en survol, les éléments caractérisant des quatre révolutions de l’humanité
− L’antique ou impériale, commencée avec la guerre du Péloponnèse et achevée, après quatre siècles, avec un seul empire universel. Toute une aire de civilisation, la Méditerranée, qui constituait l’univers entier des anciens, en fut secouée jusqu’à ses fondements. Le système des États n’était plus le même à la fin de l’époque considérée, car on passa du système fragmenté des cités grecques à l’Empire unifié de Rome ;
− La révolution féodale, issue de la désagrégation et de l’effondrement de l’ancienne unité, à partir du Ve siècle de l’ère vulgaire et comportant une multiplicité pulvérisée de formes politiques, sous le couvert fictif de la double unité de l’Église et du Saint Empire romain germanique ;
− La moderne, depuis l’aube de la Renaissance, où le système féodal cède à la nouvelle configuration de pouvoir, le système des États-nations, s’affirmant définitivement en 1648 avec la « Paix de Westphalie » ;
− La « révolution systémique de l’âge planétaire », débutée au XXe siècle, accélérée après la Deuxième Guerre mondiale, avec le processus de décolonisation aujourd’hui réouvert et poursuivi après l’implosion de la bipolarité et les ajustements successifs pour la définition d’un système multipolaire
Le rapport « espace – ressources – démographie » allait subir, depuis la fin de l’ordre bipolaire, une modification radicale, suivi par des « ruptures » dans la hiérarchie et l’importance des mutations technologiques, scientifiques et spatiales. Ainsi, des divergences nouvelles, des dissymétries anciennes et des antagonismes stratégiques et politiques se manifestent aujourd’hui entre les zones grises du globe, dont les issues peuvent être inscrites dans les grandes analogies historiques et dans les modèles de transition connus.


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