Face aux Russes dans le Donbass, les Ukrainiens forcés de céder du terrain



Publié par Jean-Baptiste Le Roux le 30 Octobre 2024

Face à l'avancée méthodique de l'armée russe, le sud du Donbass est le théâtre de lourdes pertes territoriales pour les Ukrainiens. Des positions clés tombent, des villages sont capturés, et la ligne de défense ukrainienne se fragilise. Dans une guerre d’usure où chaque kilomètre gagné ou perdu compte, l’Ukraine doit faire face à une pression russe qui s'intensifie.



Une progression russe inédite depuis 2022

Les Ukrainiens font face à la pression russe dans le sud du Donbass. Defense.gouv
Depuis la prise de Vouhledar début octobre, les forces russes ont avancé de près de 200 km² en seulement une semaine, un rythme rarement atteint depuis les premiers mois de l'invasion en 2022. À l'ouest et au nord de Vouhledar, désormais sous contrôle russe, la progression a été rapide, laissant peu de temps aux forces ukrainiennes pour stabiliser leurs lignes. Kourakhove, une autre place forte de la région, est désormais directement menacée.

Ces récentes avancées ne sont pas comparables en ampleur aux conquêtes initiales de février 2022, précise Le Figaro, mais elles marquent un tournant pour les Ukrainiens. Les troupes russes ont adopté une stratégie "processuelle", évitant de grands assauts pour privilégier des attaques séquentielles et méthodiques. Cette approche réduit les pertes humaines et permet de maintenir une pression constante sur les défenses ukrainiennes, qui peinent à endiguer cette dynamique offensive.

L'inquiétude grandit au sein des forces ukrainiennes

Du côté ukrainien, les voix s’élèvent face à la situation critique. Le général Dmytro Marchenko, qui avait défendu avec succès Mykolaïv en 2022, a exprimé ses craintes en parlant de "front effondré". Les lignes ukrainiennes dans le Donbass sont mises à rude épreuve, et le manque de renforts, de munitions, ainsi que la fatigue des soldats affaiblissent leur résistance. Les pénuries de matériel et de personnel deviennent un obstacle majeur pour l’Ukraine, tandis que la Russie semble déterminée à poursuivre une guerre d’usure.

Cette situation, où les Ukrainiens sont contraints de céder progressivement du terrain, s'observe non seulement dans le sud du Donbass, mais également plus au nord. Les récentes percées russes vers des positions comme Pokrovsk créent un saillant qui menace de déséquilibrer davantage les défenses ukrainiennes. Cette configuration expose de nouvelles zones stratégiques à l'artillerie et aux attaques russes.

Deux fronts convergents : la tenaille russe

Le sud du Donbass se retrouve ainsi pris dans une tenaille formée par les Russes. Depuis Vouhledar au sud et Avdiivka au centre du Donbass, les forces russes avancent de façon coordonnée. En direction de Kourakhove, les Russes tentent d'encercler la ville sans recourir à des manœuvres frontales coûteuses. Leur objectif est de restreindre les mouvements ukrainiens tout en minimisant les pertes russes, une stratégie inspirée des principes militaires d’enveloppement.

Sur ce terrain complexe, les Ukrainiens craignent un effondrement complet de leurs lignes défensives si cette tenaille se referme. Dans cette configuration, Kourakhove représente l’un des derniers verrous de la région, mais sa position est de plus en plus précaire. La rivière et le réservoir qui entourent la ville constituent certes des obstacles naturels, mais si les Russes prennent les hauteurs voisines, ils pourront cibler efficacement les forces ukrainiennes.

Une pression vers l’ouest : les enjeux au-delà du Donbass

L'enjeu de cette bataille ne se limite pas au Donbass. La prise de Kourakhove et des environs pourrait ouvrir un corridor stratégique vers l'oblast de Dnipro, situé à seulement 30 km de la ligne de front actuelle. Pour l'Ukraine, la bataille pour le Donbass pourrait ainsi s’étendre vers le Dniepr, nécessitant une nouvelle ligne de défense.

Les autorités ukrainiennes, conscientes de cette menace, appellent à renforcer les défenses dans la région de Dnipro, anticipant une possible avancée russe. Cette stratégie vise à éviter un scénario de retraite de ville en ville, une méthode jugée insoutenable à long terme. Maxime Jorine, commandant ukrainien, a ainsi exhorté à construire dès à présent des lignes de défense solides et à anticiper les mouvements russes.

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