Défense : la France est-elle en capacité d'affronter une grande puissance ?



Publié par Jean-Baptiste Le Roux le 14 Novembre 2024

L’armée française, habituée aux opérations extérieures, doit relever le défi d'une éventuelle guerre de haute intensité. Entre contraintes matérielles, stratégiques et économiques, peut-elle réellement affronter une grande puissance ?



Une armée multicapacitaire, mais à échelle réduite

En matière de défense, la France peut-elle rivaliser avec une grande puissance ? Wikipedia

L’armée française est souvent qualifiée d’"armée bonsaï" : une force multicapacitaire, mais limitée en volume. En 2024, les forces armées comptent environ 200.000 personnes, avec une armée de Terre composée de 77.000 soldats dans sa force opérationnelle. Côté équipements, on recense 222 chars Leclerc, mais seulement deux tiers sont pleinement opérationnels. L’armée de l’Air, avec ses 197 avions de chasse, doit composer avec une flotte vieillissante, tandis que la Marine nationale dispose d’un porte-avions unique et de quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins.

Ces chiffres traduisent une réalité complexe : la capacité à maintenir des moyens modernes tout en s’adaptant aux nouveaux besoins stratégiques. Malgré l’introduction de véhicules modernes comme les Griffon et Jaguar, ces efforts restent souvent insuffisants face à des adversaires potentiels bien plus dotés. Par ailleurs, la priorité donnée à la dissuasion nucléaire, qui absorbe près de 15% du budget militaire, réduit les moyens disponibles pour des forces conventionnelles.


Des opérations extérieures à la guerre de haute intensité

Depuis des décennies, la France s’est spécialisée dans les opérations extérieures, comme au Sahel ou au Moyen-Orient. Ces engagements ont permis de développer une expertise en logistique et en coordination, mais ces compétences ne préparent pas directement à un conflit de haute intensité. Ces guerres asymétriques ont laissé des faiblesses dans des domaines cruciaux comme la lutte contre les drones ou la guerre électronique.

Le manque de ressources suffisantes pour renouveler le matériel et l’usure des équipements en Opex posent également problème. À cela s’ajoute la réduction de la population recrutable, compliquant la transition vers une armée davantage orientée vers la préparation de conflits conventionnels en Europe de l’Est. Si la France conserve un statut envié grâce à son arsenal nucléaire, cette force n’est pas suffisante pour dissuader ou affronter seule une grande puissance.


Un leadership européen sous contraintes

En Europe, l’armée française demeure parmi les plus performantes, mais des pays comme la Pologne investissent massivement pour rivaliser. La France est souvent contrainte de disperser ses moyens entre plusieurs théâtres d’opérations : Europe, Afrique, Indo-Pacifique. Cette dispersion complique son ambition de leadership au sein de l’Union européenne.

Malgré ses atouts, la France reste dépendante de l’OTAN, notamment des États-Unis, pour compenser ses carences. Une Europe stratégiquement autonome n’est encore qu’un projet. L’évolution des alliances et la montée des tensions internationales exigeront une réponse à la hauteur de ces défis. Qui plus est au lendemain de l'élection de Donald Trump.
 


Dans la même rubrique :