Qu’apportez-vous à vos lecteurs dans votre nouvel ouvrage "Au-delà des risques" ?
Dans ce nouvel opus intitulé « Au-delà des risques », j’ai souhaité rendre hommage à ces femmes et à ces hommes qui sont les acteurs de notre tranquillité, de notre sécurité. Ceux qui savent le caractère précieux de l’existence humaine, qui connaissent la valeur de l’engagement altruiste pouvant aller jusqu’au don de soi. C’est à la fois un hommage à leur engagement et une présentation du réel, mais il me tient à cœur de prévenir le lecteur d’une chose particulièrement importante. Nous, les acteurs de la sécurité, nous avons conscience de ce que le monde peut proposer de pire. Mais nous savons aussi ce qu’il propose de meilleur. Il n’est pas question dans cet ouvrage de dresser un noir portrait de notre société, mais bien de mettre en avant ce « petit truc en plus », ce supplément d’âme que l’on n’apprend pas à l’école ou dans les livres.
Qu’est-ce qui vous a marqué depuis la parution de « Dans la tête de ceux qui nous protègent » en 2018 ?
Lors de mes conférences dédiées à « ceux qui nous protègent », je suis souvent interpellé par des personnes indignées par une société dans laquelle il n’y aurait plus de respect, une violence exacerbée ou un mépris total des institutions et des acteurs régaliens protecteurs de la République. Un père de famille me confiait récemment vouloir tout faire pour décourager sa fille de s’engager dans la police ou la gendarmerie parce que plus personne ne respecte ces institutions. J’étais son contradicteur lui expliquant que la majorité des citoyens avaient au contraire un profond respect doublé de reconnaissance envers les forces de l’ordre. Bien sûr la violence existe, et je la développe dans ce prochain ouvrage, mais il n’existe pas de journal des bonnes nouvelles. Personne ne nous raconte qu’aujourd’hui un équipage de police a été salué par un enfant, qu’une femme, reconnaissante a apporté une boîte de chocolats à la brigade de gendarmerie de son village ou qu’un homme est venu, larmes aux yeux, dire, reconnaissant, aux pompiers que quelques jours plus tôt, ils lui ont sauvé la vie. C’est aussi ça la réalité.
Quel message porte votre prochain livre ?
J’aimerais rappeler que la France est certainement un des pays au monde où les services de soins et des secours sont les mieux équipés au monde. Où les sauveteurs et les soignants sont les plus à même de prodiguer des soins de très haute qualité. Qu’ils disposent de moyens extraordinaires en comparaison au reste du monde. Encore une fois, les problèmes existent et tout n’est pas parfait. Mais il est important d’avoir conscience de la qualité de nos systèmes de protection, soins, santé, sécurité et sûreté. Je pense par ailleurs que si nous ne souhaitons pas voir ce système se déliter, il faut avoir en tête que le rôle, le devoir de chaque citoyen est de se battre pour le préserver et l’améliorer sans cesse.
Partant de ce constat, j’ai voulu regarder du côté des soft-skills, les compétences non-techniques pour décrypter et comprendre ce qui fait la force de ceux qui nous protègent, les pompiers, les policiers, les gendarmes, les soignants ou les militaires.
Partant de ce constat, j’ai voulu regarder du côté des soft-skills, les compétences non-techniques pour décrypter et comprendre ce qui fait la force de ceux qui nous protègent, les pompiers, les policiers, les gendarmes, les soignants ou les militaires.
Que sont les soft-skills ?
Il n’existe pas de définition ou de traduction unique pour les soft-skills. Le dictionnaire d’Oxford les désigne comme des « attributs personnels qui permettent à quelqu’un d’interagir efficacement et harmonieusement avec d’autres personnes ». Par définition, les soft skills ou compétences non-techniques s’opposent aux hard skills, les compétences purement techniques et académiques. Je pense que tout le monde ne peut pas exercer nos professions, que cela nécessite un terrain individuel favorable. Une valeur innée qui ne s’apprend pas. L’altruisme est un socle qui porte bien d’autres compétences comme la gestion du stress, de la fatigue ou la capacité à décider dans l’incertitude par exemple. Cet ouvrage, sans être exhaustif dresse la liste de ces compétences et raconte des histoires et des expériences de terrain, revient sur l’affaire Beltrame, l’incendie de Notre-Dame, les feux de forêt de cet été et traite de sujet divers comme celui des récents refus d’obtempérer.
Vous êtes vous-même un opérationnel, quelle expérience vous a le plus marqué dernièrement ?
Notre dernière mission en faveur de l’Ukraine a été un marqueur fort. J’ai parcouru le monde et j’ai déjà été le témoin de la souffrance dans ses conditions les plus terribles. Au Népal, en Équateur ou en Haïti j’ai vu des camps de réfugiés où les hommes et les femmes souffraient de ce qu’avait provoqué des catastrophes naturelles. Avec mon ONG de pompiers humanitaires, lorsque nous sommes arrivés à la frontière ukrainienne pour apporter des tonnes d’aide médicale, le spectacle de la souffrance avait un autre visage, celui de la folie d’autres hommes. Ce ne sont pas des catastrophes naturelles qui ont provoqué ces regards tristes, ces pleures d’enfant et ça je ne l’accepte pas.
Lors de notre dernière mission à la frontière ukrainienne, nous sommes revenus avec des réfugiés ayant fait un voyage terriblement éprouvant. Je n’oublierai jamais le visage de ces enfants et de ces mères reconnaissantes de l’aide que nous venions de leur apporter. Cette guerre n’est pas encore terminée et je reviens de Turquie où un immense séisme a ravagé le pays. Là encore une expérience absolument terrible d’où je reviens avec l’admiration envers le peuple Turc dont la résilience, l’accueil et la fraternité resteront dans mon cœur pour l’éternité.
Lors de notre dernière mission à la frontière ukrainienne, nous sommes revenus avec des réfugiés ayant fait un voyage terriblement éprouvant. Je n’oublierai jamais le visage de ces enfants et de ces mères reconnaissantes de l’aide que nous venions de leur apporter. Cette guerre n’est pas encore terminée et je reviens de Turquie où un immense séisme a ravagé le pays. Là encore une expérience absolument terrible d’où je reviens avec l’admiration envers le peuple Turc dont la résilience, l’accueil et la fraternité resteront dans mon cœur pour l’éternité.