Argentine, le conflit entre Cristina Kirchner et Alberto Fernandez



Publié par Lauria Zenou le 14 Mai 2021

Récemment, le gouvernement argentin a été marqué par des tensions entre le Président Alberto Fernandez et sa vice-présidente Cristina Kirchner. L’alliance entre ces deux figures politiques argentines est liée à l’aura de l’ancienne Présidente dans le pays. De fait, le kirchnérisme au pouvoir (2003-2010) est lui-même issu du péronisme de gauche. Dans son essai, Guérillas en Amérique latine (1959-1989), Thomas Péan revient sur le rôle du péronisme et l’émergence du péronisme révolutionnaire ou Tendencia.



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Les années 2000 et 2010 ont été marquées par le rôle joué par le kirchnerisme et ses principaux représentants, Nestor et Cristina. Leur politique gouvernementale s’apparente à la social-démocratie et au socialisme réformiste démontrant ainsi la complexité des péronismes. Il fait face ces dernières années, aux opposants traditionnels et actuels du péronisme notamment Mauricio Macri, ancien Président. Le péronisme, lié évidemment à la figure de Juan Domingo Perón émerge dans les années 1940 en Argentine et constitue un projet politique singulier. Il représente une alternative au syndicalisme et au communisme tout en se caractérisant par le rôle prépondérant de l’État dans l’économie et la société.

Le péronisme apparaît avec la prise de pouvoir du Groupe d’Officiers Unis (GOU) puis l’émergence de la figure de Juan Perón. Entre 1943 et 1955, le gouvernement péroniste met en place une politique en faveur des classes moyennes et populaires qui dame le pion au syndicalisme et au communisme classiques. Le péronisme apparaît alors comme un projet développementiste, social et national qui vise à modifier l’Argentine et à en faire une puissance de premier ordre. Le Parti Judicialiste (PJ), associé à l’idée de justice sociale, devient le parti du péronisme. Ce mouvement se singularise par l’association de figures, d’idées et de mouvements qui dépassent la gauche et la droite. D’ailleurs ses ennemis sont tout autant l’UCR, les milieux communistes ou conservateurs.

En 1955, un coup d’État met fin au premier péronisme et instaure un régime militaire qui veille à combattre l’influence péroniste dans la société et la politique argentines. Le nouveau régime interdit le PJ et Juan Domingo Perón part en exil d’où il poursuit son combat contre la junte militaire. En effet, plusieurs mouvements révolutionnaires péronistes se constituent à cette époque afin de lutter pour le retour de Juan Perón au pouvoir. Ces guérillas émergent dans un contexte régional marqué par la Révolution cubaine de 1959 et le développement d’organisations révolutionnaires. Les mouvements péronistes se distinguent néanmoins par l’attachement porté à cette figure politique et leur projet qui emprunte à plusieurs idéologies.

Entre 1955 et 1973, le péronisme d’opposition et le péronisme révolutionnaire (Tendencia) se développent donc contre les autorités en place afin de préparer le retour au pouvoir de leur chef politique. Contre la Révolution Libératrice (1955-1958) puis contre la Révolution argentine (1966-1973), ces organisations multiplient les actions armées. En juin 1973, Juan Perón retourne en Argentine où il est finalement réélu la même année. Sous sa Présidence (1973-1974) puis sous celle d’Isabel Perón (1974-1976), les différences tendances du péronisme s’affrontent. Les Montoneros, révolutionnaires, sont combattus par la Triple A, un escadron de la mort lié aux milieux péronistes d’extrême-droite. La Présidente Isabel Perón prend d’ailleurs des mesures contre les guérillas révolutionnaires comme l’Opération Indépendance.

Entre 1976 et 1983, un nouveau régime militaire s’établit en Argentine. Le Processus de Réorganisation Nationale combat à la fois le péronisme, les mouvements démocratiques et les guérillas révolutionnaires. Le retour à la démocratie en 1983 permet au PJ de participer nouvellement au jeu politique national.

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