Une affiche réalisée par l'opposition syrienne dans le cadre d'une campagne de communication sur Facebook
La Syrie a besoin d'une réelle liberté d'expression
Joint par téléphone, Paolo Dall'Oglio, un jésuite italien reclus dans un monastère à 90 km de Damas, relate les problèmes actuels de la Syrie en matière de liberté d'expression. Ayant créé une communauté monastique en 1992 dans le monastère, Paolo Dall'Oglio explique à l'AFP que chrétiens et musulmans s'y retrouvent pour dialoguer et prier pour une réconciliation entre Syriens. Témoin des difficultés d'unité, il explique que le problème majeur en Syrie demeure les mensonges du gouvernement et l'absence d'une réelle liberté d'expression. À l'heure actuelle, chacun à son niveau croit ce qu'il veut croire et se persuade de son analyse en lisant les événements énoncés de façon partisane. Paolo Dall'Oglio exprime ainsi qu'il est primordial que le secrétaire général de l'ONU exige la liberté d'expression de la presse et de l'opinion publique. Cela permettra selon lui de garantir un dialogue constructif et diplomatique, d'éviter de sombrer dans une guerre civile et d'en arriver à des situations telles qu'en Irak ou en Lybie. Paolo Dall'Oglio prend l'exemple de l'incarcération de la psychanalyste Rafah Nached pour montrer que les dérives du gouvernement tendent à bâillonner la parole des représentants de la pensée et de la culture, ce qui va à contre sens d'une démocratie. Ainsi, le contrôle des communications a donné lieu à la création d'un mouvement révolutionnaire qui se déroule essentiellement sur la toile.
Internet et les révolutionnaires
Avec une répression qui coupe les Syriens d'une information libre de parole, Internet est devenu une puissante arme pour les adversaires du régime baasiste. Malgré le black out des autorités, Omar Idlibi à l'origine du mouvement révolutionnaire sur Internet, a réussi à tenir les Syriens en contact les uns avec les autres et avec le monde extérieur. Après un court séjour en prison pour avoir manifesté contre la corruption des tribunaux et la loi d'urgence, Omar Idlibi plus déterminé que jamais commence avec ses partisans à réclamer la chute du régime. Ses actions aboutiront à la création d'une véritable organisation dont il est le co-fondateur. Appelé LCC (Comités de coordination locaux de la révolution syrienne) cette organisation anime la contestation et informe les médias étrangers via Internet. Cette capacité à diffuser de l'information fait d'Omar Idlibi l'homme à abattre pour le gouvernement syrien. Réfugié à Beyrouth, ce dernier est contraint de changer de résidence aussi souvent qu'un prisonnier en cavale, mais il est fier de voir son mouvement grossir de jour en jour. En effet, beaucoup de civils se joignent à son organisation ainsi que des journalistes qui avec la caméra de leur téléphone portable, prennent tous les risques pour montrer au monde la réalité du conflit. Il reste cependant encore beaucoup de chemin à faire pour retrouver un dialogue démocratique.